vendredi 29 août 2014

ابن حمديس الصقلي Ibn Hamdis, poète sicilien

Ibn Hamdis (Vers 1055-1133), ce poète sicilien exprime avec déchirement sa Sicile natale d'où il fut expulsé en 1078 sous l'impulsion de Roger Ier de Sicile. Il trouva refuge en Andalousie auprès du roi poète Ibn Abad, puis en Algérie et enfin à Sfax, ville qu'il affectionne particulièrement. Voici une traduction d'un de ses poèmes :
Souvenir douloureux
L'affliction attisant le souvenir,
J'ai songé à la Sicile.
Déserte est désormais la demeure où l'on pouvait vivre jeune
Elle qui était peuplée de gracieuses personnes.
Si on m'a fait sortir du paradis,
 Je puis au moins en relater les faits.
N'eût été le goût salé des larmes
J'aurais pris mes pleurs pour ses rivières.
A vingt ans j'ai ri d'une passion
Et j'ai pleuré d'avoir perdu son faix à soixante.
Qu'aucun péché ne vous paraisse grand
Le Ciel est encore là pour l'absoudre.
Traduction Jalel El Gharbi
ذكرت صقلية و الأسى   يهيج للنفس تذكارها
ومنزلة للتصابي خلت    و كان بنو الظرف عمارها
فان كنت أخرجت من جنة  فاني أحدث أخبارها
ولولا ملوحة ماء البكاء     حسبت دموعي أنهارها
ضحكت ابن عشرين من صبوة    بكيت ابن ستيين أوزارها 
فلا تعظمن لديك الذنوب    فما زال ربك غفارها 

samedi 23 août 2014

Le romantisme néerlandais par Giulio-Enrico Pisani

Voyage romantique au Marché-aux-Poissons

Zeitung vum d'Lëtzebuerger Vollek 

 OEuvre de Petrus Van Schendel

L’année passée, nos musées avaient su faire la part belle au romantisme neerlandais avec le paysagiste Barend Cornelis Koekkoek au MNHA (1) et flamand avec ce génial héritier du Caravage que fut Petrus van Schendel à la Villa Vauban (2). Eh bien, le millésime 2014 n’aura pas été en reste. Et c’est encore notre bon vieux Musée National d’Histoire et d’Art (3), dernière étape en date du voyage de la collection Rademakers (4), qui élargit aujourd’hui encore davantage notre vue sur cette fenêtre si particulière du romantisme, en nous entrainant à notre tour dans un voyage exceptionnel à travers l’une des plus riches périodes artistiques du Plat-pays. Après les amateurs des Gemeentemuseum La Haie, M-Museum Louvain, Koekkoek-Haus Kleef, Kurhaus Kleef, Hermitage Saint-Pétersbourg, Galerie Tretyakov Moscou, Galerie nationale Prague et Sinebrychoffs kons­tmuseum Helsinki, c’est à notre tour d’en être gâtés.
À nous donc de savoir en profiter, car nous nous n’aurons pas souvent l’occasion d’admirer un aussi riche et brillant florilège de peintures romantiques des Flandres et Pays-Bas. Les paysages estivaux et hivernaux, les marines, les vedute urbaines, les natures mortes, les vues nocturnes, les portraits et les scènes de la vie quotidienne enchantent les visiteurs aussi bien grâce à leur incroyable profondeur, vivacité et intimité, que par la force de leur rayonnement intérieur, en fait beauté pure. Me rendre au Fëschmaart (Marché aux poissons) et parcourir au MNHA les salles du quatrième étage, m’aura rarement procuré autant de plaisir et un tel éventail de découvertes. Et je n’aurai certainement pas été le seul. Aucun éblouissement au départ pourtant, aucun coup de foudre! C’est plutôt pas à pas que, une fois pénétré dans le premier espace d’expo, on se sent imperceptiblement entraîné dans un univers tout à la fois proche et passé, féerique et matérialiste, magique et terre-à-terre. Même le visiteur pressé au départ, finira par tomber sous son charme et ralentira le pas. Peut-être tendra-t-il à y oublier l’impatience, les secondes qui fuient, saura-t-il être l’amateur qui prend son temps et qui, le temps de son parcours, pourrait bien en être touché au plus profond de lui-même, en devenir partie prenante et, en deux mots, s’y sentir bien.


OEuvre de Cornelis Koekkoek
Après m’être longuement documenté sur cette prestigieuse collection et l’avoir visitée à deux reprises, il me faut féliciter les curateurs du MNHA d’avoir su la présenter plus intelligemment que maints autres musées, c’est-à-dire de manière concise et, surtout, sans prétendre orienter ou conditionner le regard du visiteur. Celui-ci reste libre d’aborder et de ressentir à sa manière et sans préconçu cette fabuleuse revue du naguère vécu à travers la perception tout à la fois idéalisée et profondément charnelle des artistes. Dans le dépliant de l’exposition et sur le site du MNHA on se contente en effet de nous plonger dans le bain du temps. Indispensable? Non. Utile, certainement! Je cite: «Le Romantisme était un mouvement européen du XIXe siècle s’exprimant non seulement à travers les arts visuels, la littérature et la musique mais également à travers la science et la philosophie. En réaction à la Révolution industrielle et en révolte contre les normes politiques et sociales des Lumières, il s’est opposé à la prépondérance de la raison (5) (...) Des émotions intenses telles que l’appréhension, l’horreur, la terreur et la crainte étaient considérées comme d’authentiques sources d’inspiration menant à de nouvelles catégories esthétiques telles que le sublime et le pittoresque. Pour la première fois, l’inconscient était reconnu comme ressort principal du comportement humain...»
Reconnu par ces artistes, sans doute, mais non par bonne part de leurs contemporains. Le plus étonnant, c’est que, encore de nos jours, la luminosité éblouissante de cette peinture semble confondre certains esprits superficiels. Dans certaines présentations de presse on qualifie cette peinture de réactionnaire, conservatrice, nostalgique, auprès de l’agitation du XIXe siècle, qui la vit fleurir en pleine ère industrielle. Est-ce le regard de certains critiques trop accoutumés à ne voir en l’art que reflet d’une époque? Cela équivaudrait à vouloir enfermer l’art – naturellement libre et souvent intemporel – dans un carcan bien étroit, dont il n’a que faire. Le peintre tend certes à s’inspirer de la vie, des choses et des coutumes du jour. Mais rien ne l’y oblige. Claude Monet pouvait bien chanter son époque de frénésie industrielle et de progrès technique avec sa Gare St.-Lazare; cela ne l’empêchait pas de s’abandonner tout entier au sempiternel et quasi-imperceptible vibrato des nymphéas.
D’autres commentaires sur la collection Rademakers, surtout provenant du milieu muséal français, peuvent paraître plus discutables encore. Voici – simple curiosité – un extrait de ce que nous pouvons lire à ce sujet sur le par-ailleurs très sérieux site http://www.boutiquesdemusees.fr «... le romantisme pictural se résume actuellement à quelques noms, comme William Turner, John Constable, Théodore Géricault ou Eugène Delacroix. La peinture romantique des Pays-Bas s’est peu à peu effacée de la mémoire collective...». Hmm... Ils eussent pu au moins préciser «mémoire collective française», car si la mémoire de maîtres comme Koekkoek et van Schendel s’était perdue, ce ne pût être que dans l’Hexagone... Tant s’en faut qu’on ne l’y ait jamais possédée. Le fait est, que parmi les peintres exposés, quasiment aucun ne démérite à coté des célébrités l’âge d’or de la peinture flamande et néerlandaise, comme les trois Breughel et les deux Teniers. (6)
Mais revenons au Fëschmaart. Outre Barend Cornelis Koekkoek, et Petrus van Schendel précédemment cités, les inoubliables paysages de l’un et les poignants clairs-obscurs de l’autre, nous découvrirons l’immense talent des Jacob Abels, Jules Victor Genisson, Chr. Kannemans, Petrus Kiers, Johan Klombeck, Pieter Kluyver, Pieter Lodewijk Kühnen, Fredrik Marinus Kruseman, Egidius Linnig, Basile de Loose, David de Noter, Andreas Schelfhout, Hubertus (Huib) van Hove, Bartholomeus Johannes van Hove (père de Huib), Eugène Joseph Verboeckhoven, ou Adriaan Wulffaert. (7) Courez donc vite vous rincer y l’oeil, y réchauffer le coeur et enrichir l’esprit amis lecteurs, de l’exceptionnel spectacle constitué par cette exposition qui offre une alternative chaleureuse à la trop fréquente froideur de l’art contemporain. Elle a déjà enchanté des millions de spectateurs à travers l’Europe et vous attend.
Giulio-Enrico Pisani
***
1) Présentation dans Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek www.zlv.lu/spip/spip.php?article9344
2) Présentation dans Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek www.zlv.lu/spip/spip.php?article9253
3) Musée national d’histoire et d’art, Marché-aux-Poissons, Luxembourg ville. Visites mardi à dimanche 10–18 h, mais jeudi 10–20 h (17-20 h gratuit), jusqu’au 14 septembre
4) Jef Rademakers (Roosendaal, 1949) est un régisseur, producteur, scénariste et critique de télévision néerlandais. Passionné d’art, il a rassemblé cette collection de plus d’une centaine de tableaux de peintres romantiques belges et néerlandais de la période 1806-1870
5) C’est-à-dire la raison (à l’époque quasiment une déesse) trop souvent réductrice, dont on pensait encore, Freud et Jung n’étant pas encore passés par là, qu’elle pourrait tout expliquer et tout résoudre.
6) Quoique déjà commencé au XVIe, notamment avec Breughel l’ancien, c’est surtout le XVIIe siècle qui est considéré comme étant l’âge d’or de la peinture néerlandaise et flamande.
7) Un beau livre sur l’expo, Un voyage romantique, est disponible au musée, ou peut être commandé sur le MNHA-shop en ligne: www.mnha-shop.lu/fr/home.html?page=2
 Dienstag 19. August 2014

vendredi 22 août 2014

Sur un Van Gogh 7





Le Semeur 1888

Il sème au vent des gestes  impairs
Il  se répète : en/se/men/ce/ment 
D’autres solitudes pousseront
Où fusera un autre soleil

lundi 11 août 2014

Devasted by Fadwa Al Qasem Palestinian poet



Devasted


Every day I sit on the floor, in a corner, and I look at this place where I have been living for the past 10 years.

I look at the walls I painted. 
I look at the family room and the mosaic of our lives.
Pictures. Bookshelves. Art. Toys. Glasses.
Here my son trembled in shyness because he was in love.
Here my son measured how tall he was. 
Here I hugged them both and we fell asleep.
In that chair we sat almost on top of each other. 
Laughing. 
Telling stories. 
Watching a silly movie. 
My husband whispers something in my ear, it's echo resonates and glues us together.

I sit in my corner and I imagine everything ...
Collapsing. 
Burning.
Photo albums. 
Letters. 
Books. 
Grandma's embroidery. 
Memories. 
Stories.
Jokes.
Tears.
Giggles.
All buried under the rubble.

I imagine searching frantically for my children
Hearing a scream or a cry or 'mama' 
I imagine my fingers bleeding but I can't dig them out.
I imagine my husband's body lifeless.
And I feel guilty to be grateful that this is not happening to me
And I am devastated that this is happening everyday now in Gaza

samedi 9 août 2014

Tunisie : Oui à la mémoire ! Non à la nostalgie ! par Giulio-Enrico Pisani

OEuvre de Abdelhamid Hanafi, artiste peintre

Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek

Jamais 3 sans 4


Dans mon article du 2 août, je présentais – souvenez-vous en – le dynamisme pondéré mais déterminé de la société civile tunisienne, parvenue à trouver la démocratie, grâce à son engagement dans le processus révolutionnaire de ce terrible printemps arabe, dont elle aura seule, à ce jour, su éviter les méfaits. Trois ans et demi durant, nous avons suivi ensemble cette formidable révolution, avons vibré avec elle et pu constater maintes fois qu’elle ne procéda pas sans mal. Outre l’action de ses quatre-, puis dix-, puis seize-mille associations et syndicats, UGTT en tête, il a fallu que les citoyens tunisiens descendent dans la rue chaque fois que le processus démocratique dérivait, risquait de glisser vers l’abîme de l’islamisme, la dictature ou la guerre à outrance, comme en Iraq, Libye, Égypte, Syrie... À trois reprises ils se sont fortement mobilisés. La première fois, en janvier 2011, ils renversent Ben Ali; la deuxième, en août 2012, ils obtiennent l’égalité (au lieu de la complémentarité) pour les femmes dans la nouvelle constitution; la troisième, fin 2013, ils forcent le gouvernement islamiste Nahdha à jeter l’éponge. S’en suivra, après de longues tergiversations et laborieuses négociations, le gouvernement technocratique (et largement apolitique) provisoire de Mehdi Jomaâ.
En fait, un gouvernement de civils pour les civils, et qui parvient pendant un trop bref moment à renvoyer les politiciens à leurs querelles et blocages dans les antichambres du pouvoir et dans l’enceinte d’une ANC décrédibilisée mais faisant encore office, jusqu’aux prochaines élections, de parlement. Contrairement aux reproches d’inaction lancés par les libéraux, d’ultralibéralisme par l’extrême gauche et de laïcité antireligieuse par la droite islamiste, Jomaâ et son équipe semblent piloter le navire autant que faire se peut avec adresse. Ils doivent en effet combattre et surmonter jour pour jour les chicanes dressées par l’ANC (1), les lourdeurs et l’inertie des administrations, les incompétences héritées de Nahdha, les traditionalismes tous azimuts, la permanence du salafisme dans bien des mosquées et leurs communautés, ainsi qu’une recrudescence du terrorisme frontalier. Et malgré tout cela ils tentent de relancer le tourisme, de remettre en marche l’économie, d’assurer la concorde nationale et de préparer ces élections présidentielles et législatives qui mettront fin à leur gouvernance après quelques mois à peine.
Le nouveau gouvernement a tout de même obtenu des rallonges de crédit du FMI sans obligation de restrictions sociales, amélioré la situation du tourisme par rapport à 2013 (2) et élargi la base électorale non-islamiste potentielle en levant l’ostracisme sur les anciens membres du RCD (3). Il a aussi renforcé la lutte contre l’extrémisme religieux, notamment en fermant mosquées et médias liés à l’islamisme radical, mis en route le processus électoral législatif et présidentiel pour l’automne 2014 et instauré à cette fin un climat d’apaisement (mais ouvert à la critique) indispensable à une démocratie constructive. Malheureusement, la nouvelle équipe n’est pas parvenue à faire repartir à la hausse l’investissement étranger et s’est permis l’impair (?) de limiter le grand emprunt national aux seuls Tunisiens. D’autre part, la situation économique n’est pas rose et, après que l’état ait vécu 3 ans durant sur la lancée des acquis (moins brillants qu’ils ne paraissaient) de l’époque Ben Ali, exige aussi bien des reformes structurelles qu’un accompagnement à long terme de ces dernières. En se référant surtout au point fait par le ministre de l’économie Hakim Ben Hammouda sur quatre mois de gouvernance (4), Khadija Taboubi explique fort bien dans le magazine African Manager du 10.6.2014 (5) les graves défis posés à la Tunisie. Un gouvernement désigné pour quelques mois seulement n’a tout simplement pas les moyens de changer quoi que ce soit de fondamental à la présente situation; tout au plus peut-il préparer le mieux possible le terrain à ses successeurs.
Cependant, de nombreux Tunisiens sont, est-il vrai, profondément désenchantés par ce qui leur semble être l’enlisement de leur révolution. Et, faute d’en considérer les péripéties avec suffisamment de distance, ils tendent à aller grossir les rangs des déçus, des impatients, des désabusés, des esprits chagrins à la critique facile. Ils sont nombreux à reprocher à leurs nouveaux gouvernants de ne pas avoir ramené en six mois la Tunisie à sa place d’économie la plus compétitive d’Afrique qu’elle occupait en 2007, donc avant que la crise financière mondiale et la mal-gouvernance islamiste la rejette parmi les cancres. Mais si l’on peut comprendre ceux d’entre eux qui ont pour excuse leurs graves difficultés au quotidien et leur impatience à les voir se résoudre, rien n’excuse l’acrimonie des politiciens, cadres et journalistes parfaitement au courant des enjeux et obstacles. C’est que la majorité de ce petit monde de donneurs de leçons n’a que critiqué, déblatéré et rien construit trois années et demie durant. On espère donc que, au moins en vue des prochaines élections, ces mauvaises langues se fendent enfin de propositions constructives, ou consentent à mettre une sourdine.
Cependant, le danger de ce permanent bruissement cacophonique, parfois honnêtement critique, mais trop souvent gratuitement dépréciateur, réside dans les multiples échos qu’il soulève dans une opinion publique qui n’a aucun besoin de faux Cassandres et de leur message délétère. Conséquence: de plus en plus de Tunisiens croient de moins en moins que leur pays pourra sortir de l’ornière et pensent ne plus avoir d’autre choix que désespérer, ou rêver à l’avènement d’un «homme providentiel», sorte de réincarnation de l’infiniment regretté Habib Bourguiba. Son prestige historique, le temps et la peur des épouvantails ben-alien et islamiste aidant, le grand homme de l’indépendance tunisienne se retrouve aujourd’hui lavé d’un autoritarisme qui n’eut rien de vraiment démocratique, et se retrouve, aux yeux de certains nostalgiques, quasi-sanctifié. Certes, il apporta beaucoup au pays, mais la personnalité de ce géant de l’indépendance fut à tel point exceptionnelle, que sa réédition paraît difficile, voire improbable dans le contexte actuel. Aussi voudrais-je mettre en garde mes amis tunisiens contre les faux espoirs que pourraient susciter ces rêveries nostalgiques et leur rappeler qu’une révolution qui ne parvient pas à réaliser ses objectifs a toutes les chances d’aboutir à une contre-révolution et à une dictature pire que la précédente.
Il se serait pourtant hautement souhaitable qu’une personnalité énergique, probe et charismatique se dégage de la foire d’empoigne politicarde, parvienne à émerger des urnes et puisse, fort d’un mandat sérieux de cinq ans, guider le pays vers le progrès et l’épanouissement social qu’il mérite. (6) Il est donc à mon avis indispensable que, si une telle personnalité tunisienne existe, elle se manifeste sans tarder et ait le courage d’accepter de payer de sa personne pour le bien du pays. Mehdi Jomaâ pourrait-il être cet homme, ce premier ministre bâtisseur? Mm, je n’en sais rien. Tout comme l’écrit Slaheddine Dchicha dans le magazine Leaders (7), j’ai des doutes à cause de son orientation néolibérale et son fondamentalisme du marché. Cela peut servir six mois, mais ne permet pas d’améliorer à terme le bien-être du peuple ni de lui rendre confiance en l’avenir. Ce sera de toute façon aux électeurs tunisiens d’en juger et à leurs élus d’en décider. Il y a sans doute bien d’autres personnes de grand talent et mérite, qui préfèrent pour l’heure couler des jours paisibles derrière un bureau de fonctionnaire, dans une direction syndicale ou dans le privé. La presse tunisienne ferait d’ailleurs bien d’élargir sa tâche de recensement de l’actu et de critique sociopolitique en contribuant à rechercher un tel leader et en éveillant des forces populaires, afin qu’elles descendent une fois de plus dans la rue pour manifester leur force et détermination pour la quatrième fois. Aussi, après avoir, comme je l’ai rappelé plus haut,
1°, renversé Zine el-Abidine Ben Ali,
2°, obtenu l’égalité de la femme avec l’homme,
3°, fait tomber le gouvernement islamiste, la société civile pourrait-elle,
4°, exiger que ses élus nomment premier ministre une personnalité de leur choix et non pas la personnification de quelque compromis politicien ou lobbyiste boiteux.
Giulio-Enrico Pisani
*** 1) L’ANC, Assemblée Nationale Constituante a été élue en octobre 2011 pour la durée d’un an, afin d’établir une nouvelle constitution. Illégitime dès novembre 2012, elle a auto-prolongé sa durée (donc sans élections) afin d’achever une constitution dont la rédaction s’éternisait. Enfin votée le 26 janvier 2014, celle-ci ne laisse à l’ANC qu’un rôle de parlement intérimaire à la légitimité tacitement convenue.
2) En tout cas jusqu’en mai. Mais il est difficile de savoir comment cela évoluera, car les infiltrations terroristes libyennes, quoique pour l’heure limitées au sud, n’en inquiètent pas moins les touristes.
3) Rassemblement constitutionnel démocratique, parti de Ben Ali, interdit depuis la révolution.
4) Le gouvernement de transition de Mehdli Jomaâ est en fonction depuis le 29 janvier 2014.
5) À lire sur www.africanmanager.com/167393.html
6) ... Renouvelables, si mérité. N.B. La durée maximale d’un gouvernement est de 5 ans car, selon l’article 22 de la constitution, le président de la république est élu pour cinq ans. Son élection coïncide avec celle de la Chambre des députés, pour un terme de cinq ans également.
7) www.leaders.com.tn/article/les-100-jours-qui-n-ont-pas-change-la-tunisie?id=14021
 Freitag 8. August 2014

lundi 4 août 2014

Sur un Van Gogh 5




Sorrow 1882, mine de plomb, lavis, en bas une citation de Michelet "Comment se fait-il qu'il y ait sur la terre une  femme seule, délaissée ?"


Il y a les vagues,  les crinières au vent,
les  escales, les airs, les muscats,  les images
les frégates et la douce polysémie
et  il y a l’incurable nommé tristesse