jeudi 30 juillet 2015

Mohamed al-Sghair Ouled Ahmed, poète... par Giulio-Enrico Pisani

Giulio-Enrico Pisani
Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek
Luxembourg, 29 juillet 2015

Mohamed al-Sghair Ouled Ahmed,

poète et... « mauvais garçon »

C’est grâce à un brin de poème trouvé il y a à peine quelques jours sur le Net, que j’ai pu découvrir cet exceptionnel poète tunisien, dont les mots, le rythme et la versification tout à la fois percutante et rustique m’ont littéralement fasciné.  Je ne pense pas m’aventurer bien loin en affirmant qu’il me rappelle certains écrits de ces mauvais garçons de la poésie, de cette poésie qui vomit les pouvoirs établis, poésie de Villon à Brassens en passant par Verlaine et Rimbaud.  Autant par son absence de fioritures que par son rythme martelé, parfois lancinant, un peu «à la Pink Floyd dans The Wall», cet extrait est magistralement rendu dans sa traduction par mon ami Jalel El Gharbi, qui l’a inscrit dans son blog et dédicacé «À Sghair Ouled Ahmed avec mes voeux les plus affectueux!»[1], sous-entendu «de guérison».  En effet, Sghair Ouled Ahmed[2] est très malade et souffre depuis longtemps d’un cancer,[3] sombre tunnel de souffrance dont il semble parfois vouloir, comme il l’écrit en toutes lettres, voir le bout:

« Je dis adieu à ce qui fut et à ce qui ne sera plus / Je dis adieu à ce qui est bas et à ce qui est altier / Je dis adieu aux causes et aux effets  / Je dis adieu  à la voie et aux méthodes / Je dis adieu aux cervidés et aux larves / Je dis adieu aux embryons, aux individus et aux collectivités / Je dis adieu  aux pays et aux patries / Je dis adieu aux religions / (...) / Je dis adieu à ma plume et à mon horloge / Je dis adieu à mes livres et à mes cahiers / Je dis adieu aux péchés véniels et aux péchés mortels / Je dis adieu à mes cigarettes / Je dis adieu aux menottes et aux chaînes / Je dis adieu aux fantassins et aux frontières / (...) / Je dis adieu au mouchoir qui fait adieu / Je dis adieu aux mouchoirs qui font adieu / Je dis adieu aux larmes qui me font leurs adieux / Je dis adieu aux adieux

Né en 1955 à Sidi Bouzid, Sghaier Ouled Ahmed travaille d’abord comme animateur culturel, puis connaît le chômage de 1987 à 1991.  Dans les années quatre-vingt-dix, à Paris, il rêve de créer une maison de la poésie en Tunisie et ne cesse de travailler à la réalisation de ce projet.  Peu porté sur le clinquant et la quincaillerie, il refuse en 1992 une décoration nationale d’art et de culture.  Mais en 1993, il verra sa constante détermination récompensée par l’inauguration à Tunis de la Maison de la poésie.  Le 17 janvier 2013 il participe à l’Université de La Manouba (qui affrontait alors depuis sept semaines les bandes des nervis salafistes de Nahdha), à une soirée poétique dans le cadre du colloque « Commémorer la Révolution Tunisienne ».  Je ratai malheureusement cet évènement, car trop focalisé sur les agressions salafistes que subissait à l’époque le campus et que je rapportai dans ces colonnes[4].

Marquée par les années noires de la Tunisie (dictature de Ben Ali et ensuite poussée islamiste de Nahdha), sa poésie dit le désenchantement et les peines, tout comme l’esprit de liberté et de révolte de toute une génération.  Selon Jalel El Gharbi, Sghaier Ouled Ahmed «... est un poète aux écrits subversifs, qui pour s'opposer à la corruption et à l'intégrisme a chanté l'amour du pays.  Il s'inscrit dans la continuité de cette jeune poésie née dans les années 1970 qui a vu la naissance d'une génération affranchie des règles de versification, de la morale pudibonde, de la pensée théologique et qui est assoiffée de libertéLe cancer dont il est atteint aujourd’hui réjouit bien entendu ses ennemis intégristes, mais sa popularité est désormais telle que même les dirigeants du parti islamiste Nahdha se sont rendus à son chevet, (ainsi que divers ministres envoyés par le président de la république, Beji Caid Essebsi,) tout comme d’autres officiels...».  Ces pouvoirs pour lesquels il manifeste une franche aversion et qu’il n’épargne guère dans ses vers, le courtiseraient-ils?  Et voilà qui me fait penser à cet article entrevu sur Canal Académie[5] et dont l’intitulé lui irait comme un gant: «Aimé Césaire: le poète courtisé qui n’aimait pas les courtisans»!  «Bizarre, comme c'est bizarre», commenterait sans doute Louis Jouvet. 

Un hommage plus populaire lui a été cependant rendu ce 24 juillet lors d’une soirée poétique intituléee «J'aime le pays» dans le cadre du Festival international de Gafsa (21.7–12.8.2015), sur la scène du Théâtre Antique.  Quant à moi, j’ai franchement beaucoup de mal à comprendre, amis lecteurs, comment j’ai pu couvrir quatre années durant la révolution tunisienne, semaine par semaine depuis décembre 2010 jusqu’aux premières élections vraiment démocratiques fin 2014 et passer à côté d’un tel flamboiement politico-poétique.  Cela s’explique peut-être en partie par la langue de sa poésie: il écrit exclusivement en arabe.  Ses traductions françaises étant très rares, mes chances de découvrir ses écrits, ainsi que leur auteur, étaient tellement minces, que je ne sais même plus par quel hasard j’ai pu tomber dessus.  Dès lors, bien sûr, petit à petit, j’ai trouvé d’autres poèmes, les uns traduits par Tahar Bekri[6], d’autres par Ahmed Amri et encore d’autres par Jalel El Gharbi, qui me conseilla également quant à la filiation littéraire de ce poète.

Dans un premier temps, j’avais en effet cru pouvoir lui trouver une certaine parenté avec Abou el Kacem Chebbi[7], le grand poète national tunisien, dont il me semblait reconnaître chez lui le souffle révolutionnaire et cet esprit nationaliste[8] qui s’oppose de nos jours à l’internationalisme islamiste.  Mais Jalel El Gharbi, mon meilleur conseiller en la matière, est plus nuancé et me fit aussitôt observer que «Chebbi avait réussi ce tour (de force) d'être tout à la fois un classique et en rupture avec la tradition.  On peut dire que Ouled Ahmed, qui s'inscrit dans la continuité de ce mouvement littéraire de gauche des années 1970 appelé «l'Avant-garde littéraire» est en rupture avec la tradition tout en en reprenant les motifs, le lexique, parfois dans une entreprise satirique.  Mais Chebbi reste sublime, quand Ouled Ahmed demeure un mauvais garçon révolté et tant aimé par la jeunesse révoltée.  Ce qu'on pourrait hasarder comme rapprochement, c'est que Chebbi était poétiquement révolutionnaire là où Ouled Ahmed est poète et révolutionnaire».

Voici donc un extrait du poème qui l'a rendu célèbre en Tunisie et dont Jalel El Gharbi nous traduit une première rafale de vers fort significatifs: «Nous aimons ce pays comme personne; nous y faisons pèlerinage / Avec les exilés / Matin / Et soir / Même dimanche / Et si on nous tuait / Comme on l’a déjà fait / Si on nous exilait / Comme on l’a déjà fait / Si on nous bannissait / Au diable vauvert / Nous reviendrions en conquérants / Vers ce pays / Par Dieu qui / Fit le ciel / Sans colonnes / S’il y avait sur terre / Un lieu de pèlerinage / Autre que celui / Du Hedjaz / Je me serais orienté / Vers ce pays / La nuit je dors avec en tête / La faim des orphelins / L’orphelinage des affamés / Et la frustration de celle / Qui éleva des hommes / Sans chevaux / ........»

Puis il y a cet autre poème, brillamment traduit par Tahar Bekri, où l’on trouve, au-delà de la verve patriotique d’Ouled Ahmed, l’esprit de la rue et le pessimisme fataliste d’un Villon dans sa «Ballade des pendus».  Il s’intitule «Je n’ai pas de problème» et en voici quelques vers: «Je n’ai pas de problème / Tout chat que je vois seul errant / Je l’embrasse (...) // Jamais / Je n’ai de problème / Après dix bouteilles vertes / Dont je ferai les bases de ma cité parfaite / Et nommerai mon commensal à sa tête / Puis ma poésie dictera sa loi / Je ramènerai les soldats à leur devoir sentimental / Et m’en irai / À mon verre oublié // Je n’ai pas de problème // Quand je serai mort / Seuls auront marché derrière moi ma plume / Mes chaussures / Et le rêve des bourreaux / ..........»
Et encore un pour la route, amis lecteurs?  Quelques strophes où le poète renvoie, à l’instar des Villon, Rutebeuf et Al Maghout, religion et pouvoirs finement dos à dos?  Et pourquoi pas quelques extraits de «Mon Dieu, aidez-moi contre eux» traduit par Ahmed Amri sur son très beau blog de poésie[9]?  Voilà: «Mon Dieu, / les billets classe Élus / du jour dernier / ont été tous vendus / je n'ai trouvé / ni l'argent ni le temps/ ni l'excuse qualifiante / pour en acheter un / Daignez déchirer / Seigneur / leurs faux bons de Trésor // Votre Dit est la raison / Seigneur / les rois comme les présidents / incarnation de la nocivité  / quand ils investissent une cité / y sèment la corruption / Alors détruisez les palais des rois / pour que les affaires des cités / au plus tôt soient réparées // Seigneur / faites qu'au lieu des dattes / des vers, des mille-pattes / poussent en régimes / sur les dattiers! // nous sommes allés tous / maintes fois aux élections / et pas une fois les urnes / n'ont retenu notre sélection // .........» 





[1] http://jalelelgharbipoesie.blogspot.com/2015/07/a-sghair-ouled-ahmed-avec-mes-voeux-les.html
[2] Son prénom est Mohamed al-Sghair (Mohamed le jeune). On ajoute cette précision, car son père ou son frère aîné devaient aussi s'appeler Mohamed. Ouled Ahmed est le nom de famille (type de nom rare en Tunisie, il se réfère au nom d'un grand-père, patriarche d'une tribu (ouled = enfants d’) Ahmed. En Tunisie on l'appelle couramment Sghair Ouled Ahmed, on omet Mohamed (Jalel El Gharbi)
[3] Il est soigné depuis avril à l’hôpital militaire de Tunis.

[4] Sur cet affrontement, lire mon article «Tunisie : L’heure de vérité (2) La lutte reprend», mis en ligne sub www.zlv.lu/spip/spip.php?article6496 

[5] http://www.canalacademie.com/ida6768-Aime-Cesaire-le-poete-courtise-qui-n-aimait-pas-les-courtisans.html
[6] Sur le poète Tahar Bekri, lire mes articles sub www.zlv.lu/spip/spip.php?article5372 et www.zlv.lu/spip/spip.php?article2937
[7] Chebbi (1909 - 1934) peut être considéré comme l’un des premiers poètes modernes de Tunisie. Fortement influencé par le romantisme européen du XVIIIe et XIXe siècles, celui qu’on a pu surnommer le Voltaire arabe, se penche sur des thèmes comme la liberté, l’amour et la résistance, notamment dans son fameux Ela Toghat Al Alaam qui s’adresse «aux tyrans du monde» et qu’il écrit en plein protectorat français sur la Tunisie.
[8] Nationalisme ô combien légitime en Tunisie!  Car s’il a pris pour nous en Europe un goût délétère souvent associé aux guerres impérialistes du passé et aux chauvinismes d’extrême droite présents, il a représenté dans ce pays, à l’indépendance si jeune, la libération du colonialisme français au temps de Chebbi puis de Bourguiba et qui représente actuellement plutôt la lutte contre l’internationale islamiste.
[9] On pourra lire le poème en entier sub http://amriahmed.blogspot.com/2010/10/mon-dieu-aidez-moi-contre-eux-poeme-de.html

mardi 28 juillet 2015

Poèmes saphiques de Daniel Aranjo (suite et fin)



BERCEUSE SAPHIQUE TRIPLE


vœux d’heureuse traversée


I.         [strophe α]

Presse, amie, dans ton sommeil bienheureux d’enfant, le globe pâle de ton sein contre mon sein bruni
et dors, encore dors, puisque c’est moi qui veille et que

ah las ! et dire que dans trois jours tu partiras, à l’aurore, pour profiter de la brise obscure de terre
vers ton archipel obscur, en faisant brève relâche autour d’un phare et de sa belle eau à Chio -
mais Sapphô sur ses mules diffuses t’aura longuement accompagnée de la main, depuis notre infini rivage,
courant soudain pieds nus vers toi à travers le grain contraire, et lançant cette prière à l’outre oblongue du Notos :

" Or vous donc, vents rhodiens d’après-demain, donnez belle poupe à mon amie qui dort ci présentement entre mes bras,
puisque périr en mer, c’est y perdre d’un coup et corps, et âme, et sépulture, et que le ventre fin à cordelette et coquillage veineux (divulguant partout notre passion) de cette vierge
que je suis la seule à avoir jusqu’ici au monde après sa mère infiniment bercée doit rester intact et pur et im-

mortel à jamais pour moi (et pour l’honneur saint de notre Aphrodite à toutes deux, qu’aucun dieu jamais n’enterrera) ! "


II.        [antistrophe α’]

[En sorte que] cette belle eau où tu vas boire à Chio, hors salins dorés et noire violette, on la montrera, et y boira encore dans vingt siècles
en souvenir de ce subrécargue de ses cousins à qui Sapphô aura confié ton heureuse et presque rapide traversée. […]


III.      [strophe β]

(Ah, mais quand tiendras-tu, enfant, ce poëme sous tes longs yeux clairs et ton fichu turquoise
à dos d’ânesse, entre tes roses profondes de Rhodes, à mi-pente vers la campagnarde kasbah de Lindos où tu vis ?)

D’abord, le recopier ; puis attendre jusqu’à la fin tenace de l’hiver tueur d’oiseaux et à la pacifiante reprise de la navigation entre nos îles,
prompte comme la pensée, pour enfin t’y en expédier la strophe triple et l’ambassade ;

et te dire aussi - d’abord - surtout - ceci :
sois-moi jusque là-bas fidèle (je t’offrirai à ton retour un laineux tapis d’Asie, et la nacre vineuse d’une conque) ; que je sois bien ta dernière et ton dernier ; sinon je meurs. " […]


SONS


les raisonnements silencieux que je me fais
(le langage qui naquit, jadis, autour d’un feu obscur),
et me refais soudain
(naissance obscure du langage, jadis, sous l’étoupe de l’origine, autour d’un feu luisant, bien avant l’éternité obscure de Saturne),
tes jeunes seins (ferme raisin vert muscat), les bords de ton âme belle (oui, tu es mieux formée que Mnasidika mais ne lui répète pas),
le jeune poids de tant de choses que je n’aurai pas tenu

et l’hiver mytilénien qui vient.


SON, PARFUM


Musique, son, parfum tout est plus lent et long la nuit, comme une torche maintenue au pôle tout un hiver six mois durant sur
                                               tes seins
                                               tes fesses
                                               ton cirque
                                               obscur à
                                               demi velu
paisible comme l’or et le brasillement de baisers de mes lèvres sur l’égratignure d’une filiale peau que ce simple contact anesthésie.


CRI


Ah laisse, encore, amie,

ah laisse encore moi
de loin

represser
de la paume tiède de ma main

ton sang tiède, sang pâle, sang noir - tiède chair
et ta drapante et éclatante nudité

barrée d’un bref triangle, noir,

ah et encore de loin
moi

y regoûter
l’alcool atroce de tes cuisses, le sel brun de leur pli

où, seule, moi je sais

et, sein contre sein, une fois dans les bras l’une de l’autre brisées,
encore soupeser l’astre électrique et noir de tes cheveux

en aspirant

ton âme
ton souffle
ta langue

jusqu’au sa-ang

sous la fresque enneigée de notre ultime soir

et cet amour, amie,
telle une salamandre, se nourrir du feu de néant de notre absence !!


SUPPLIQUE


Et puis, maintenant, étends-toi, longuement, sur le ventre
que

je puisse plaquer mes seins contre la griffure tiède de tes côtes
en te serrant jusqu’au supplice contre le bois dur et froid du lit,

fêter ta nuque (oh non, toi tu ne la verras jamais)
à petits coups de langue à la racine même du cheveu

et de leur raie, même (cruelle, écartée, ouverte, nue !)
et puis perdre enfin sans fin tête et patrie

dans les cheveux tièdes et infinis de ton infinie tête
            chaude, et close.

lundi 27 juillet 2015

Poèmes saphiques de Daniel Aranjo 2, illustration de Janine Laval

OEuvre de Janine Laval




MYTILÈNE

Or - de l’œil de ta cendre, amie,
on fera, au mieux, un col de cruche ;

de toute ta poudre,
une pincée de poudre sur la poudre de toute la terre ;

de tes seins vierges de momie
(dans la chaude hospitalité de mes bras),

point même, sous la pince des fouilleurs,
le lut d’un joint de sarcophage.

L’histoire n’est plus notre avenue.
Nulle figure à genoux ne bleuit l’angle de notre papyrus.

Non. Mais nous fûmes ici, et serons toujours d’ici.
Et d’autres lisseront les déchirures d’étoffe de nos vers,

y cherchant à jamais tes serments
et vierges seins, purs, de tiède déesse.

*

(Sinon
le reflet

de ce qui fut un ciel de Mytilène
élargi, aminci par tes longs yeux fins, noirs.)


ÉPITHALAME D’AUTOMNE


septembre voyageur... octobre des villas... l'espérance et la nue...
et sur ta peau tiède, froide, chaude mes tièdes lèvres (lisses)...

*
(et cette treille vineuse de marbre qui ne cache
pas d’autre hanche que nous)

(ici rien que nous, et nous deux, et nous)

*
- parfum, danse, musique, parfum hors du temps
à quoi l’hermétisme précieux de ta profession qui te fait plus vieille
(j’y songe soudain) que tes sœurs
prestigieusement te condamne en te retranchant de leur âge

*
(ris en silence
danse danse ton silen-
ce)

*
(danse,
danse en solo,
offre ta solitude,
penche ta tête sur ton
épaule
abstraite et fluide statue,
que je me sente ta propre image
et plus belle et plus
nue)

*
tant j’aime
ces seins, mûrs, de brune grave
quand tu danses et y fais tenir à l’arrêt
ce sabre courbe
aussi sûrement que tu le fais
sur ta tête
immobile et figée, et lointaine et absente sous son foulard rituel
quand tout le reste, profane, de ton corps
autour d’elle pivote et ondule jusqu’au bout pâle de tes doigts avec largesse
souplement

tel cet arbrisseau indique dont on ne sent la gomme et la nuance, en voyage, que de très loin
ou tel encore ce parfum frais que l’on discerne avec retard après ton rapide passage