samedi 9 juillet 2016

Pour décrire les fleurs des amandiers Mahmoud Darwich



Vincent Van Gogh, branches d'amandiers en fleurs
Pour décrire les fleurs des amandiers
Ni l’encyclopédie des fleurs
Ni le dictionnaire ne me sont d’aucun secours
La parole va me ravir dans  les rets de la rhétorique
Or la rhétorique écorche le sens et en flatte la blessure
Comme un masculin dictant au féminin ses sentiments
Comment donc les fleurs de l’amandier peuvent-elles resplendir dans ma langue
Moi qui en suis l’écho ?
Alors qu’elles sont la transparence d’un rire aquatique ayant poussé
Sur les tiges de la pudeur de la rosée
Et qu’elles ont la légèreté d’une phrase blanche et musicale
Elles qui sont faibles comme l’éclair d’une pensée
Qui se penche sur nos mains
Et que nous écrivons en vain
Elles qui sont denses comme  un vers que ne peuvent transcrire
Les lettres
Pour décrire les fleurs des amandiers il me faut des visites vers
L’inconscient pour m’orienter vers les conjonctions
Accrochées aux murs. Comment s’appelle-t-elle
Cette chose dans la poétique du rien
Il me faut transpercer l’attraction et la parole
Pour éprouver la légèreté des mots devenant
Ombre  qui murmure. Alors je deviens elle et elle moi-même
Transparents et blancs
Les mots ne sont ni patrie ni exil
Mais la prédilection de la blancheur pour la description des fleurs d’amandiers
Ni neige ni coton car il n’est pas dans le dédain des couleurs et des mots
Si l’auteur réussissait à écrire une strophe
Décrivant les fleurs d’amandiers, le brouillard se retirerait
Des collines et tout un peuple crierait
C’est cela
Ces paroles sont notre hymne national
Traduction Jalel El Gharbi