jeudi 29 septembre 2016

Violences, racismes et religions en Amérique, Cornel West, une pensée rebelle Mahamadou Lamine Sagna, Essai, éditions Karan, 2016. Par Nicole Barrière


Mahamadou Lamine Sagna


A propos des Etats Unis d’Amérique, que savons-nous ? Que savons-nous de l’histoire et de la pensée des noirs américains ? 
Esclavage, guerre de sécession, violences du Ku Klux Klan, Black Panther, Malcom X.
Nous avons cette imagerie populaire et simple, mais que savons-nous réellement de la pensée de résistance qui s’est construite depuis l’esclavage dans les champs de coton et ensuite dans les villes et banlieues déshéritées?
En consacrant un essai au philosophe noir américain, Cornel West, Lamine Sagna nous restitue, d’une part le parcours atypique d’un intellectuel noir américain, ayant accompli tout un parcours d’intégration puisqu’il est professeur dans de prestigieuses universités comme Princeton ou Harvard, philosophe et spécialiste des religions, professeur de religion et d'histoire sur les Noirs américains à l'Université de Princeton, et en même temps il est un intellectuel engagé aux côtés des peuples opprimés, qu’ils soient noirs, ou amérindiens ou encore les femmes.
Le travail d’analyse de l’œuvre de Cornel West par Lamine Sagna, est minutieux, fouillé, documenté, et nous le tend ainsi que le souligne Stéphane Douailler « prends et lis »
La pensée rebelle que narre L Sagna s’articule autour d’un personnage étonnant Cornel West, qu’il qualifie de « romantique et conceptuel »
Après nous avoir donné un aperçu de sa biographie et des orientations de son travail de recherche, L Sagna entre dans le vif de la pensée de Cornel West, en développant des points de vue passionnants et éclairants sur la politique et la religion (Christianisme constantinien et christianisme prophétique) en nous montrant comment Cornel West s’émancipe lucidement de l’instrumentalisation des religions tout en conservant les valeurs chrétiennes, comment il met à jour des idées fondamentales pour comprendre l’Amérique d’aujourd’hui mais aussi de ce qu’elle diffuse au niveau mondial : un militarisme agressif, l’autoritarisme, le fondamentalisme économique et le nihilisme. 
A partir de cet état des lieux sans concession, Lamine Sagna déploie ensuite la pensée philosophique de Cornel West (de la révolte à la pensée rebelle) au travers de la pensée du blues. Cette analyse est à la fois puissante intellectuellement, artistiquement et se fonde sur la vie pour nous donner de magnifiques leçons d’art afro-américain.
Cette pensée à contre temps et à contre-courant de Cornel West ne se cantonne pas à une étude conceptuelle et figée, mais s’ancre dans le vivant des situations et des luttes dans lesquelles le philosophe rebelle s’engage.
Cet engagement est le moment où Lamine Sagna analyse les idéologies et les mécanismes d’aliénation et l’implication dans les conflits et mouvements de libération dans lesquels agit Cornel West inlassablement.
L’originalité de cette pensée philosophique, à partir de la pensée du blues et surtout à la posture qu’elle permet d’adopter et de vivre : face à toutes les souffrances, humiliations vécues par les noirs et les peuples opprimés depuis l’esclavage, c’est qu’elle y répond par le tragi-comique, comme un pied de nez à tous les autoritarismes, aux fondamentalismes et la violence. 
La lecture de ce livre donne une telle joie et une telle agilité qu’elle nous insuffle le rythme et la tension pour résister, ce qui est remarquable c’est que la pensée du blues et l’engagement de Cornel West, parle à tous, dans la globalisation à l’œuvre, c’est une pensée de l’espoir, la pensée de la vie, contre tous les stratégies mortifères du capitalisme mondialisé. 
Que l’on soit noir, amérindien, femme, exclus de tous bords, il nous donne des outils de réflexion, de posture et d’action, il adopte d’une certaine manière par sa pensée rebelle, ce courant intellectuel anarchiste et scientifique de Feyerabend (« contre la méthode »), pour nous donner des clefs pour être des citoyens du monde libres et vivants, et restitue à l’art sa vocation de transformation des esprits. 
Le personnage du philosophe Cornel West, griot afro-américain qui connait parfaitement les philosophies , capte outre les idées et les situations, la connaissance et l’action, il sait aussi distinguer les idéologies de la mort de celles de la vie, et Lamine Sagna a su capter toute la vigueur de ce personnage comme un frère et un ancêtre capable d’aller puiser aux origines des mythologies africaines et d’opérer dans la complexité des situations globalisées, les ressources magnifiques qui sont à l’œuvre dans une autre façon d’appréhender le chaos du monde, dans le blues, le rap, le hip hop et la poésie. 
Ce livre « Violences, racismes et religions en Amérique, Cornel West, une pensée rebelle » est un outil de pensée pour tous, et notamment les artistes. 
A lire à relire, livre de chevet au même titre que les mouvements d’avant-garde du siècle précédent, sa puissance s’ancre dans la souffrance de siècles d’esclavage pour ouvrir sur la vérité de la joie et de l’amour comme antidotes.

Nicole Barrière.

25/09/2016

mercredi 14 septembre 2016

Leurs yeux se rencontrèrent

  En 2004, Folio publiait dans sa petite collection 2 un petit volume intitulé "Leurs yeux se rencontrèrent..." Les plus belles premières rencontres, un florilège qui "emprunte" son titre à l'essai de Jean Rousset. On peut y lire des textes de Dumas, Giono, Higgins, Benigni, Proust, Aragon, Cohen, Japrisot, Baudelaire, Nabokov,Matheson, Duras, Schlink, Baricco, De Lorris, Shakespeare, Racine, Stendhal, Flaubert, Hemingway, Labro, Rufin et Sollers suivent 3 pages en pointillés laissées pour la contribution du lecteur sous le titre "Et vous?"

   J'ai pris l'habitude de noter sur ces pages la phrase du titre chaque fois que je la trouvais dans mes lectures. La phrase "Leurs yeux se rencontrèrent", je l'ai lue chez : Guy de Maupassant (Fort comme la mort), Fromentin (Dominique), Anatole France (Le Crime de Sylvestre Bonnard), Zola (Nana), V. Alexakis (La Langue maternelle), Marivaux (La Vie de Marianne 3 occurrences) J Aicard (Maurin des Maures), S Zweig (La Confusion des sentiments), Colette (Claudine en ménage). Mais cette phrase, je l'ai surtout trouvée chez Roger Martin du Gard dans Les Thibaut . (Ah ces volumes superbement illustrés par Jacques Thévenet !) J'ai relevé 20 occurrences dans les 5 volumes de l'oeuvre. Aujourd'hui, j'arrête de relever cette phrase : je viens de la trouver chez Schopenhauer qui dit tous les enjeux que cachent de telles rencontres.
Désormais, je cherche une autre expression avec "pan de mur"  + divers adjectifs de couleur.

mardi 6 septembre 2016

Sfax, capitale de la culture arabe 2016. Sfax capital of arab culture 2016


Voici une traduction du dialogue échangé entre le vieil homme et le petit garçon :
Le vieux : - Viens, l'ami, laissons tomber
Le jeune : - Ils sont vite passés ces 1200 ans ?
Le vieux : - comme un songe.
Le jeune :  Personne ne s'en est aperçu ?
Le vieux : Personne d'autre que nous deux. Mais ce soir, tout le monde le saura.
Haut-parleur : - Aujourd'hui 23 juillet, terre et mer se rencontrent au Bab Diwan.
Aujourd'hui, 23 juillet Orient et Occident se retrouvent au Bab Diwan.
Le Vieux, par haut-parleur : Aujourd'hui, 23 juillet, le monde entier est notre hôte (à l'enfant ) Allons, l'ami. Je m'arrête ici.