vendredi 27 janvier 2017

Ganymède de retour à Carthage

La police a réussi à récupérer la statue de Ganymède volée  au musée de Carthage en 2013. Bravo !
Il s'agit d'une statuette de marbre. Cette pièce unique représente Ganymède et Zeus déguisé en aigle avec, à leurs pieds, une chèvre et un chien.

dimanche 22 janvier 2017

Legs (Legacy) Christian Garaud


Legacy

In a large brown envelope
my mother left me daily life’s
relics of the German occupation:

a piece of bread hard as a rock,
grey ration coupons for shoes,
a Marshall Petain blue banknote,
two newspapers, one touting
Axis’ victories, the other
the liberation of Paris,

but there will be no show and tell:
how could my children understand
how hard life was in Poitiers
seventy five years ago
when they witness every day
the destruction of Aleppo?

*

Legs

dans une grande enveloppe brune
ma mère m’a laissé des reliques
souvenirs de la vie quotidienne
pendant l’occupation allemande:

un morceau de pain dur comme du roc,
un gris coupon de rationnement
pour une paire de chaussures,
un billet de banque à l’effigie
du Maréchal Pétain, un journal
vantant les victoire de l’Axe,
un autre la libération de Paris.

Comment intéresser mes enfants
à la vie quotidienne à Poitiers
il y a soixante-dix ans
quand ils sont témoins tous les jours
de l’anéantissement d’Alep?

jeudi 19 janvier 2017

La première maîtresse de Giulio-Enrico Pisani


Atelier 2 : tableau de Hilly Kessler
LA PREMIÈRE MAITRESSE
Splendide et fière créature aux sept lustres passés,
l'enfant auquel tu ouvris les joies de l'amour
en une étreinte empreinte d'un lustre patiné,
ne t'offrit que l'ombre du plaisir d'un jour.
A peine pubère, mais déjà assez rusé
pour feindre l'amour comme tu feignais l'orgasme,
que, moutard imberbe il ne pouvait te donner,
sans honte il but la lymphe de tes anciens fantasmes.
Sa chair lisse d'éphèbe fut un pauvre merci;
peu étoffée par une force toute d'apparences,
au goût quasi lesbien te laissant inassouvie,
son velouté fut seul agréable à tes sens.
Mais alors, fermant le médiocre épisode
par un baiser rempli d'une tendresse nouvelle,
du stupre veule tu sus faire naître une ode
à l'amour de l'homme pour la femme éternelle.
En effet, par l'oeuvre de son dépucelage,
le gosse devenu homme, sans même le savoir,
la tête enfoncée au creux de ton corsage
t'amena à consoler son pauvre désespoir.
Dépit de môme, floué dans son attente
de ce qu'il croyait devoir être fabuleux,
chagrin consolé par ta douceur patiente
d'amante devenue mère d'un amant encore morveux !
En séchant ses larmes d'enfant trop vite grandi
de tes mots d'amour tendrement érogènes
l'éternel miracle derechef tu accomplis
rendant au petit chose triste une puissance souveraine.
Ses mains, de fouineuses, devinrent caressantes
et ses baisers affamés se firent voluptueux;
sa hargne se mua en passion chantante
et sa ruée grotesque en glissement sinueux.
Vingt ans, trente ans s'écouleront ou davantage.
Amant, père ou aïeul, lui se souviendra toujours
d'avoir quitté l'enfance grâce à une femme volage
et avoir été fait homme par son trop-plein d'amour.
* * *
Extrait d’ AMOUR, HUMOUR, FANTASMES & (R)APPELS / REFLEXIONS ET CONTES POETIQUES © 1999 + 2002 Giulio-Enrico Pisani

lundi 16 janvier 2017

Colette, Saveur de la tunisienne.


« J’écris ces lignes au mois de février. C’est le moment où dans les années paisibles nous savourions les tunisiennes, élite des orangeraies. Ovale, un peu vultueuse autour du point de suspension, la tunisienne emplit la bouche d’un suc sans fadeur, d’une acidité adoucie, largement sucrée. Intacte, son écorce exhale un parfum qui rappelle celui de la fleur d’oranger. De décembre à février, c’est la brève saison de nous gorger de tunisiennes.
Comme font les crus très typés qui de bouteille à bouteille marquent une différence, une tunisienne n’est pas tout à fait identique en saveur à une autre tunisienne, et la nuance encourage à ouvrir encore une orange, et encore une, encore une qui sera peut-être la meilleure de toutes… » (Colette, Flore et Pomone)

jeudi 5 janvier 2017

Scherzo : Daniel Aranjo

 








Miss Aranjo - fille du poète - oeuvre de Janine Laval. 2012 

Sherzo (1)
Le vieux Chasseur Abstrait, une rom blonde
entre ses bras, du nom de Constanza, valse
dans des guêtres de cuir de marque Danubius.

Puis soudain : « La Mer Noire n’est pas noire
(geint-il) : c’est nous qui avons le spleen,
puisque Ovide y eut le sien. »

Or sous les yeux noirs de sa gitane blonde
- et un ciel bleui de gel atténué de spleen -
sans avoir lu Ovide la mer redevint noire.

Daniel Aranjo
 (1)Scherzo, mot italien désignant une composition musicale. Le mot signifie entre autres "boutade"