dimanche 19 avril 2009

Editorial du Passe-Muraille par Jean-Louis Kuffer


Léon-François Comerre : La Belle liseuse


Le temps de la vraie lecture

Jean-Louis Kuffer

Editorial du Passe-Muraille, No 77, avril 2009.


Le sentiment dominant de l’époque est à l’égarement et au désarroi sous l’effet de ce qu’Amin Maalouf appelle Le dérèglement du monde dans son bel essai où il se demande avec lucidité «si notre espèce n’a pas atteinte, en quelque sorte, son seuil d’incompétence morale, si elle va encore de l’avant, si elle ne vient pas d’entamer un mouvement de régression qui menace de remettre en cause ce que tant de générations successives s’étaient employées à bâtir».Cette interrogation portée sur la «compétence morale» de notre espèce pourrait sembler simpliste, mais la lecture attentive de cet essai limpide et grave d’un écrivain assumant le double héritage de la culture occidentale et de son homologue arabo-musulman, porte au contraire à examiner les nuances de la complexité et à dépasser les anathèmes et les exclusions réciproques ; demain, nous aimerions parler d’un tel ouvrage avec le professeur et écrivain tunisien Jalel El Gharbi, que nous accueillons dans cette livraison avec reconnaissance. Parce que c’est un vrai lecteur, un vrai passeur aussi, qui prend le temps de lire avec attention et respect.Une fois de plus, Le Passe-Muraille tente d’assumer la vocation première qu’annonçait son titre en 1992. À la fuite en avant d’un monde énervé, à l’obsession du succès et au panurgisme, à l’emballement passager d’un «coup» éditorial à l’autre, nous continuons d’opposer, selon le goût librement affirmé de chacun, notre attachement à la littér
ature qui est à la fois une et infiniment diverse, moins préservée du monde qu’attentive à celui-ci, poreuse autant qu’il se peut sans se diluer dans le n’importe quoi.Le Passe-Muraille se refuse aux replis et aux rejets identitaires qui ne pallieront aucun dérèglement. Aujourd’hui sur papier, demain sur un site ou des blogs, nous nous efforcerons d’en assurer la survie avec nos lecteurs. (jlk)
La nouvelle livraison du Passe-Muraille, No77, d'avril 2009, vient de paraître. Commandes: Passemuraille.admin@gmail.com


Le Passe-Muraille sera présent au prochain Salon du Livre et de la presse de Genève, à Palexpo, du 22 au 26 avril. Rue Kafka 38.


Retrouvez l’écrivain suisse Jean-Louis Kuffer sur http://carnetsdejlk.hautetfort.com/

6 commentaires:

christiane a dit…

Je suis heureuse, Jalel, de cette reconnaissance de vos lecteurs dont le grand Jean-Louis Kuffer dans sa revue. Je voulais vous dire au-revoir , à vous et à tous les amis que j'ai rencontrés, ici. Voilà, je m'étais dit un an... Je reprends mon voyage d'invisibilité, j'ai des choses à faire... Merci pour tout et écrivez, cher Jalel, écrivez.
Amitiés à tous,
christiane

giulio a dit…

Justement en train d'écrire un article sur l'oeuvre d'Amin Maalouf, je pouvais mieux accueillir cet éditorial. Super Jean-Louis! Bravo Jalel!

Quel cataclisme en perspective.
Christiane, un an de silence!? Elle s'était dit: un an. Mais elle voulait... à l'imparfait donc. Une lueur d'espoir? Peut-être ne veut-elle déjà plus, qui sait? Vamos a ver!
Philosophe, je le suis, chère Christiane, mais vraiment un peu triste cette fois.

gmc a dit…

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L'incompétence morale
Est un vrai bonheur
Pour les forçats évadés
Du bagne dégradant
Des lois et règlements
Basés sur le profit

Les vieux enchaînés
Par des pupilles volontaires
Voit de la régression
Comme ils virent le progrès
De leur incompétence notoire
En matière de fixations et vertige

Ils se la pètent
Comme d'autre se la joue
Flûte ou pipeau
On s'en balance
Au doux pays charmant
Des yeux de la contredanse

giulio a dit…

Happy to read you again gmc.
Tu te fais moins fréquent
et, à défaut de ton ton décapant
somme toute bon-enfant,
nous risquons de finir
par nous prendre au sérieux
comme la bonne d'enfant
pleurant sur son
Barbara Cartland.

gmc a dit…

merci giulio pour ton oeil aiguisé, donc

" voient de la régression"

ciao

Philip Seelen a dit…

Du blog au journal. Du journal au blog. Le Passe-Muraille a pris la mer pour croiser au large des rives de l'Occidental et a fini par accoster dans la crique du Passeur Maître et Poète.

Amitié vraie, prémisse aux futures rencontres pour de vrais. Chaleureusement. Philip.