mardi 27 janvier 2015

Paul Mauriat - We Shall Dance

Fondation Jean Kobs. Colloque Jean Kobs, lecteur et traducteur.



Jean Kobs, lecteur et traducteur
 Colloque organisé par la Fondation Jean Kobs
 le 28 mars 2015 10h – 17h30 (repas à midi) au Centre Vayamundo Ol Fosse d’Out, n°1 B-6660 Houffalize Belgique








 Né le 12 avril 1912 à Hayange de parents belges émigrés, Jean Kobs fait ses études grécolatines au Petit Séminaire de Bastogne (1923-1932) avant d’étudier la théologie et la philosophie au Grand Séminaire de Namur (1932-1936). Après son ordination à la prêtrise en 1936, il est vicaire à Barvaux-sur-Ourthe (1937-1942) et devient curé à Dinez-Houffalize (1942-1958), puis à Dave-sur-Meuse (1958-1977). À sa disparition le 29 août 1981, il nous lègue une oeuvre poétique monumentale (plus de 1600 poèmes), tant par la quantité que par la finesse du style et la profondeur de la méditation. Étant donné la très grande érudition de Jean Kobs, le colloque de cette année mettra l’accent sur quelques sources d’inspiration, mais aussi sur des traductions-adaptations inédites, découvertes dans les archives de la Fondation.

 Intervenants :
Michel PIRSON : Ouverture du colloque
Paul MATHIEU : « Jean Kobs : d’Ukraine au Luxembourg »
Laurent FELS : « Archives inédites : traductions-adaptations de Hölderlin, Rilke, Shakespeare, Keats, Yeats, Lermontov… »
Daniel ARANJO : « Jean Kobs adaptateur de Leopardi »
Jacques LE GALL : « Jean Kobs et Francis Jammes. Premières notes »
 Jean-François SENÉ : « Présence de Paul Verlaine dans Le Kobzar de l’Exil » 

Merci de confirmer votre participation au repas de midi : schoofsa@hotmail.be

jeudi 22 janvier 2015

Une leçon du Kama-Sutra Mahmoud Darwich




Une leçon du Kama-Sutra


Avec ton verre serti de lapis-lazuli
Attends-la
À la fontaine autour de l’après-midi et des fleurs de Cologne
Attends-la
Avec la patience d’un cheval dressé pour les descentes
Attends-la
Avec la noble et l’admirable courtoisie d’un prince
Attends-la
Avec sept coussins fourrés de nuages légers
Attends-la
Avec le feu de l’encens féminin  remplissant l’espace
Attends-la
Avec l’odeur mâle du santal autour des dos des chevaux
Attends-la
Ne sois pas pressé et si elle tarde à venir
Attends-la
Si elle vient avant l’heure
Attends-la
Et n’effarouche pas l’oiseau sur ses tresses
Attends
Qu’elle repose comme un jardin au faîte de ses atours
Attends
Qu’elle respire cet air étranger à son cœur
Attends
Qu’elle soulève sa jupe nuage après nuage
Attends-la
Conduis-la vers un balcon pour qu’elle voie la lune noyée dans le lait
Attends-la
Offre-lui de l’eau avant la bière
Et n’aspire pas vers les deux perdrix jumelles dormant sur sa poitrine
Attends-la
Et touche lui la main doucement quand
Elle posera son verre sur le marbre
Comme si tu lui essuyais la rosée
Attends-la
Parle-lui comme un naï
À la corde d’un luth tremblant dans ce lieu
Comme si vous étiez témoins de ce que votre lendemain vous prépare
Attends-la
Et bague après bague, lustre-lui sa nuit
Attends-la
Jusqu’à ce que la nuit te dise :
Il n’y a plus que vous deux au monde
Prends-la alors avec douceur vers ta mort désirée
Et Attends-la.
Traduction Jalel El Gharbi

dimanche 18 janvier 2015

Le dernier poème de Mahmoud Darwich




Le joueur de dés. 


Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
Moi qui ne suis pas un galet que les eaux ont tellement poli
Qu'il est devenu une figure
Ni un roseau que les vents ont tellement percé
Qu'il est devenu une flûte…
Je suis le joueur de dés
Tantôt je gagne, tantôt je perds
Je suis comme vous
Ou un peu moins
Je suis né à côté du puits
Et des trois arbres solitaires comme des nonnes
Je suis né sans cérémonial ni sage-femme
Et l’on a choisi mon nom par hasard
J’ai appartenu à une famille
Par hasard
J’en ai hérité les traits, les qualités
Et les maladies :
Premièrement, une malformation au niveau des artères
Et l’hypertension
Deuxièmement, la timidité à m’adresser à père, à mère
Et à la grand-mère-arbre
Troisièmement, l’espoir de soigner la grippe
Avec un verre de camomille bien chaud
Quatrièmement, une paresse à parler du faon et de l’alouette
Cinquièmement, une lassitude les nuits d’hiver
Sixièmement, un flagrant échec à chanter
Je n’ai aucun mérite dans ce que je fus
C’est un hasard que je sois 
Garçon
Par hasard, j’ai vu le croissant, pâle comme un citron
Harcelant les jeunes filles qui veillent
Je n’ai fait aucun effort
Pour trouver
Une tache de vin à l’endroit le plus intime de mon corps
J’aurais pu ne pas être
Mon père aurait pu ne pas avoir
Épousé ma mère par hasard
J’aurais pu être comme ma sœur
Qui  cria  puis  mourut
Sans s'être aperçue
D’avoir vu le jour pour une heure de temps
Et  de pas avoir connu notre mère
Ou alors être comme
Les œufs d’un pigeon qui se sont cassés
Avant de sortir de leur calcaire
C’est un hasard que je sois
Le survivant de l’accident du bus
J’étais alors en retard pour la navette scolaire
Parce que j’avais oublié l’existence et ses conditions
Lorsque le soir je lisais une histoire d’amour
J’y incarnais le rôle de l’auteur
Et celui de l’amant-victime
J’étais alors le martyr de l’amour dans le roman
Et le survivant de l’accident de circulation.
Je n’ai pas de mérite dans la plaisanterie avec la mer
Mais j’étais un garçon écervelé
Amateur de vagabondage dans l’attraction d’une eau
Qui m’appelait :
Viens auprès de moi
Je n’ai aucun mérite à avoir été sauvé de la mer
Un albatros humain m’avait secouru
Ayant vu la mer qui me poursuivait et paralysait mes bras
J’aurais pu ne pas être follement
Épris du poème mural
Si la porte d’entrée orientée plein nord
Ne donnait pas sur la mer
Si la patrouille militaire n’avait pas vu le feu du village
Cuisant le pain de la nuit
Si quinze martyrs
Avaient reconstruit les barricades
Si cet espace agricole n’avait pas été brisé
Peut-être serais-je devenu olivier
Ou professeur de géographie
Ou spécialiste du royaume des fourmis
Ou gardien de l’écho
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
À la porte de l’église
Moi qui ne suis que le coup de dés
Du prédateur et de la  proie
J’ai gagné davantage d’éveil
Non pas pour être heureux d’un clair de lune
Mais pour être témoin du massacre
J’ai survécu par hasard : j’étais plus petit qu’un objectif militaire
Et plus grand qu’une abeille butinant entre les fleurs de la clôture
Et j’ai eu très peur pour mes frères et pour mon père
Et j’ai eu peur pour ce temps tout en verre
Et j’ai eu peur pour mon chat, pour mon lapin
Et pour une lune charmante au-dessus du grand minaret
J’ai eu peur pour les raisins de la treille
Qui pendent comme les mamelles de notre chienne
La peur me porta et je l’ai portée
Pieds nus, ayant oublié les souvenirs de ce que je voulais
Du lendemain – il n’y a pas de temps pour le lendemain-
Je marche/ Je trotte/ Je cours/ Je monte/Je descends/ Je crie/ J’aboie/Je hurle/
J’appelle /Je braille/ Je me hâte/ Je tombe/ Je m’allège/ Je sèche/ Je vole/ Je vois/ Je ne vois pas/Je trébuche/ Je jaunis/ Je verdis/Je bleuis/Je me mutine/ Je larmoie/J’ai soif/ Je me fatigue/ Je m’épuise/Je tombe/Je me relève/ je cours/J’oublie/Je vois/Je ne vois pas/Je me souviens/J’entends/Je vois/ Je délire/ J’hallucine/ Je murmure/ Je crie/ Je ne peux pas/ Je gémis/Je deviens fou/Je me perds/ Je m’amoindris/ Et je me multiplie/Je tombe/ Je m’élève/ Et je descends/ Je saigne/et je m’évanouis.
Par chance, les loups avaient disparus de l’endroit
Par hasard ou alors par crainte des soldats
Je n’ai pas joué de rôle dans ma vie
Autre que celui
De lui avoir dit : encore
Lorsqu’elle m’a appris ses psalmodies
D’avoir allumé ses lampes
Et d’avoir essayé de les régler
J’aurais pu ne pas être une hirondelle
Si le vent l’avait voulu
Ce vent qui est la chance du voyageur…
J’ai pris la direction du Nord, de l’Est, de l’Ouest
Quant au Sud, il était trop loin, trop ardu pour moi
Parce que le Sud est mon pays
Alors je suis devenu métaphore d’une hirondelle pour voler au-dessus de mes débris
Printemps comme automne…
Je baptise mes plumes avec la nuée d’un lac
Et je fais un long ave
Au Nazaréen qui ne meurt pas
Parce qu’il porte le souffle de Dieu
Ce Dieu qui est la chance du prophète…
Et j’ai la chance d’être  voisin de la divinité…

Par malchance, la croix
Est l’éternelle échelle vers notre lendemain !
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire
Qui suis-je ?
L’inspiration aurait pu ne pas être de mon côté
Cette inspiration qui est la chance des solitaires
« Le poème est un coup de dés »
Sur un carré[1] d’obscurité
Qui peut rayonner ou ne pas rayonner
La parole tombe alors
Comme plumes sur le sable/
Je n’ai pas de rôle dans le poème
Autre que de m’incliner à son rythme :
Le mouvement des sensations s’accordant l’une l’autre
Une intuition révélant un sens
Une syncope dans l’écho des mots
Une image de moi-même qui est passée
À son alter ego
L’assurance que j’ai à l’égard de moi-même
Et ma nostalgie pour la source/
Je n’ai pas de rôle dans le poème
Sauf lorsque l’inspiration tarit
Cette inspiration qui est la chance du savoir-faire lorsqu’il innove
 J’aurais pu ne pas aimer la jeune fille qui
M’a demandé : « quelle heure est-il ? »
Si je n’avais pas été sur le chemin du cinéma…
Elle aurait pu ne pas être  la métisse
Qu’elle est, ou être une pensée sombre et hermétique…
C’est ainsi que naissent les mots. J’entraîne mon cœur
À aimer afin qu’il puisse contenir la rose et l’épine…
Mes mots sont mystiques et mes désirs sensoriels
Et je ne suis pas celui que je suis maintenant sauf lorsque
Mes deux « moi » se rencontrent :
Mon moi féminin et moi-même
O amour ! qu’es-tu ? Comme tu es toi-même
Sans être toi-même ! O amour ! Souffle sur nous
En tempêtes orageuses afin que nous  parvenions
À cette incarnation du céleste dans le charnel à quoi tu nous destines
Et infiltre-toi dans un versant débordant des deux côtés
Car – que tu te manifestes ou que tu te dissimules-
Tu n’as pas de forme
Et nous t'aimons lorsque nous aimons par hasard
Tu es la chance des pauvres gens/
Par malchance, j’ai échappé maintes fois
À la mort par amour
Par chance, je suis encore assez frêle
Pour mener l’expérience !
L’amoureux expérimenté se dit à part soi :
C’est l’amour  qui est notre mensonge vrai
Et l’amoureuse qui l’entend
De répondre : c’est l’amour, il va et vient
Comme l’éclair et la foudre
À la vie, je dis : patience, attends-moi
Jusqu’à ce que la lie sèche dans ma coupe.
Il y a dans le jardin des roses répandues et l’air
Ne peut
Échapper à la rose/
Attends-moi afin que les rossignols ne me fuient pas
Car je risquerais alors de faire une fausse note/
Sur la place, l’orchestre accorde ses instruments
Pour l’hymne de l’adieu.  Patience ! Tiens-moi par la taille
Afin que l’hymne ne soit pas trop long ce qui romprait le rythme entre des stances
Qui sont paires alors que la clausule est impaire :
Vive la vie !
Doucement, étreins-moi afin que le vent ne m’éparpille pas/
Même au-dessus du vent, je ne peux me détacher
De l’alphabet
Si je n’étais pas debout sur une montagne
Ce minaret de l’aigle m’aurait fait plaisir : aucune lumière plus haut !
Mais une gloire comme celle qui est couronnée d’un or bleu infini
Est difficile à visiter : le solitaire y demeure solitaire
Et ne peut descendre  à pied
Car l’aigle ne marche pas
Ni l’homme ne vole
O cime semblable au précipice
O toi isolement élevé de la montagne !
Je n’ai aucun rôle dans ce que je fus
Ni dans ce que je serai ….
C’est la chance. Et la chance n’a pas de nom
On pourrait l’appeler forgeron de nos destinées
Facteur du ciel
Menuisier du berceau pour nouveau-né et du cercueil pour le regretté
On pourrait l’appeler domestique des dieux dans une mythologie
Où nous leur aurions écrit les textes
Avant de nous cacher derrière l’Olympe…
Les marchands de poteries affamés les ont crus
Et nous avons été démentis par les seigneurs de l’or à la panse bien pleine
Par malchance pour l’auteur, c’est la fiction
Qui est réaliste sur les scènes du théâtre/
Derrière les coulisses, les choses sont différentes
La question n’est pas : quand ?
Mais plutôt : pourquoi ? comment ? et qui ?
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
J’aurais pu ne pas exister,
La caravane aurait pu tomber
Dans une embuscade et la famille aurait perdu
Un garçon,
Celui là même qui écrit maintenant ce poème
Lettre après lettre, saignement après saignement
Sur ce canapé
Avec du sang de couleur noire, qui n’est ni l’encre du corbeau
Ni sa voix
Mais plutôt un concentré de toute la nuit
Goutte à goutte, avec la main chanceuse et géniale
La poésie aurait pu gagner davantage si
Quelqu'un d'autre que lui avait été la huppe
Au-dessus du cratère du précipice
Peut-être a-t-il dit : si j’étais un autre
Je serais devenu moi-même une autre fois
C’est ainsi que je ruse : Narcisse n’était pas beau
Comme il l’avait cru. Mais ceux qui l’ont fabriqué
L’ont piégé dans son miroir. Et il contempla longuement
L’air distillé dans l’eau…
S’il avait pu voir quelqu’un d’autre
Il aurait aimé une jeune fille qui le scrutait du regard,
Oubliant les rennes trottant entre tulipes et coquelicots…
S’il était été un peu plus intelligent
Il aurait brisé son miroir
Et il aurait vu à quel point il était lui-même les autres…
S’il avait été libre, il ne serait pas devenu un mythe…
Le mirage est le livre du voyageur dans le désert.
Sans livre, sans mirage, il n’aurait pas continué la marche
À la recherche de l’eau. Il se dit : ceci est un nuage
Et il prend d’une main l’aiguière de ses espoirs et de l’autre
Il se tient la hanche. Il bat des pas sur le sable
Pour concentrer les nuages dans un trou.
Mais le mirage l’appelle,
Le tente, le dupe puis le hisse : lis
Si tu le peux. Écris si
Tu le peux. Il lit : « eau », « eau »,
« Eau ».
Et il écrit une ligne sur le sable : n’eût été le mirage
Je ne serais pas en vie jusqu’à maintenant/
Par chance pour le voyageur, l’espoir
Est le frère jumeau du désespoir, ou alors sa poésie improvisée
Lorsque le ciel semble gris
Et que j’aperçois une rose qui soudain a fait saillie
À travers les lézardes d’un mur.
Je ne dis pas alors : le ciel est gris
Mais je scrute longuement la rose
Et lui dis : ah quelle journée !
Et à deux de mes amis je dis au seuil de
La nuit
S’il faut rêver, que notre rêve soit
Comme nous…et qu’il soit simple
Par exemple : que nous trois
Nous dînerons ensemble dans deux jours
Pour fêter la prophétie de notre rêve
Et qu’il ne manque personne de nous trois
Depuis deux jours,
Fêtons donc la sonate de la lune
Et la tolérance d’une mort qui nous ayant vus heureux ensemble
A fermé les yeux !
Je ne dis pas que  loin, là-bas, la vie est possible

Ni que l'espace est imaginaire.
Je dis plutôt que la vie ici est possible 
Que la terre est devenue sainte par hasard
Non pas parce que ses lacs, ses collines et ses arbres
Sont une copie du paradis de l’au-delà
Mais parce qu’un prophète a marché par ici,
Qu’il a prié sur un rocher à l’avoir fait pleurer
Et que la colline est tombée en pâmoison,
Par crainte de Dieu
Et c’est par hasard que la pente du champ est devenue dans cette ville
Un musée des vétilles…
Parce que des milliers de soldats sont morts là-bas
Des deux côtés, pour défendre deux chefs qui
Disaient : allons. Et attendaient le butin dans
Deux tentes en soie, des deux côtés…
Les soldats sont morts plusieurs fois sans  savoir
Jusqu’à maintenant qui a remporté la guerre !
C’est par hasard que quelques chroniqueurs ont vécu et ils ont dit :
Si les autres avaient vaincu leurs autres
L’histoire humaine aurait eu d’autres intitulés
O terre tout en verdure. Pomme. « Je t’aime ainsi verte»
Tu ondoies dans la lumière et dans l’eau. Verte. Ta nuit
Est verte. Ton aube est verte. Sème-moi en toute douceur…
Avec la douceur d’une main maternelle, dans une poignée d’air.
Je suis une de tes semences vertes…/
Ce poème là n’a pas un seul auteur
Il aurait pu ne pas être lyrique…
Qui suis-je pour vous dire
Ce que je suis en train de vous dire ?
J’aurais pu ne pas être ici…
Mon avion aurait pu s’écraser
Un matin,
Mais j’ai la chance d’être un lève-tard
Et j’ai donc raté l’avion
J’aurais pu ne pas connaître Damas, le Caire
Le Louvre et les villes enchanteresses
Si je marchais plus lentement,
Le fusil aurait pu supprimer mon ombre
Du cèdre qui veille
Si je marchais plus rapidement
 J’aurais pu recevoir un éclat d’obus
Et devenir une idée passagère
J’aurais pu, si j’abusais du rêve,
Perdre la mémoire.
Par chance, je dors seul
Et je peux donc être à l’écoute de mon corps
Et croire au talent que j’ai pour découvrir la douleur
J’appelle le médecin, avant de mourir de dix minutes,
Dix minutes suffisent pour que je vive par hasard
Et que je déçoive le néant
Qui suis-je pour décevoir le néant ?
Qui suis-je ? Qui suis-je ?
Traduction de Jalel El Gharbi (initialement publié sur www.babelmed.net)