samedi 25 août 2012

En lisant le Décaméron

"Faites que je puisse me vanter, dans l'autre monde, d'avoir été aimé dans celui-ci de la plus belle femme qui soit sortie des mains de la nature."

4 commentaires:

giulio a dit…

Pas très mystique! Plus anthropomorphique que ça, l'âme se solidifie.

Je ne me souviens de rien de semblable, Jalel. Pauvre mémoire!

Selon Google books ce doit être dans la nouvelle VII ; je tacherai de la relire... en italien, bien sûr.

Djawhar a dit…

Oui, Giulio,c'est dans la nouvelle VII mais de la deuxième journée, c'est-à-dire dans la quatorzième nouvelle.Bonne journée.

giulio a dit…

Merci chère Djawhar ! Tu m'as épargné une recherche fort laborieuse. Ayant fait l'économie de celle-ci, j'ai pu examiner de plus près l'apparemment (mais seulement apparemment) traduction libre de Christian Bec, dont j’admire par ailleurs la profonde connaissance de la culture italienne, ce qui m’amène constater que, étonnamment, une traduction plus littérale rend dans ce cas mieux l’esprit du texte original.

Quant à la phrase citée par toi, cher Jalel, je ne me serais pas arrogé le droit de la qualifier de matérialiste et trop humaine (l’envie), si elle avait été précédée de la première partie « Et toi, très chère femme, je prie de ne pas m’oublier après ma mort, afin… » et dont la suite devient un galant compliment pour l’épouse que le mourant s’apprête à quitter, ainsi qu’un geste de noblesse – là il faut remonter d’ encore une phrase dans le texte (la dernière du paragraphe précédent, lui-même essentiel pour la compréhension / réhabilitation de la fameuse phrase), ce qui donne :

« Et sur le point de mourir il (Osbech) les appela tous deux (sa femme et le marchand chypriote, son meilleur ami, à qui il laisse ses biens et sa femme) en disant :
Et toi, très chère femme, je prie de ne pas m’oublier après ma mort, afin que dans l’au-delà je puisse me vanter d’avoir été aimé ici-bas de la plus belle femme qui fût jamais formée par la nature. »

Et voici le texte original (italien ancien) de la phrase en question précédée de tout le paragraphe précédent :

« ... Ma sentendo costoro Osbech essere vinto e morto, e Basano ogni cosa venir pigliando, insieme per partito presero di quivi non aspettarlo; ma, presa grandissima parte delle più care cose che quivi eran d’Osbech, insieme nascosamente se n’andarono a Rodi; e quivi non guari di tempo dimorarono, che Antioco infermò a morte. Col quale tornando per ventura un mercatante cipriano, da lui molto amato e sommamente suo amico, sentendosi egli verso la fine venire, pensò di volere e le sue cose e la sua cara donna lasciare a lui. E già alla morte vicino, amenduni gli chiamò, così dicendo:
E te, carissima donna, priego che dopo la mia morte me non dimentichi, acciò che io di là vantar mi possa, che io di qua amato sia dalla più bella donna che mai formata fosse dalla natura... ».

La suite (moins essentielle pour l’entendement de ce qui précède) étant : « Se di queste due cose voi mi darete intera speranza, senza niun dubbio n’andrò consolato. »

Jalel El Gharbi a dit…

Chers amis,
Cette phrase, que j'extirpe de son contexte, m'a longuement interpellé. J'y ai lu un de ces ingénus et tout aussi pathétiques hommages à la beauté qui donnent sens à la vie.
Cette phrase illustre ce passage où Boccace dit que son livre, bien qu'en prose, lui a été inspiré par les muses (il n'établit pas de distinguo très net entre muses et femmes)