Être où l’on est
actif sans s’agiter sans y
penser
détaché du besoin de devenir
exister pour se sentir vivre à
tout instant
prêt à mourir pour continuer à
vivre.
Sentir l’herbe au ras des pieds
dans nos forêts d’enfant
du sable dans nos orteils
traversant nos déserts
égaler le fleuve qui court rêveur
de l’océan
esprit de l’air un éclair constant
à longueur du temps.
Roucoule de la colombe sur la
branche de l’olivier
huée de la mouette jusqu’où elle
doit aller
demeurant le soupir d’un désir
dans l’acuité du cri
écho qui arrive et repart sans
savoir où il va
rayonnante est l’évocation qui se
répercute à l’infini
éloignement délicat de soi pour se
rejoindre plus tard
arbitre de son destin et
consentant sans y être forcé
comprendre sans questionner et
accepter sans effort
être où l’on est et où l’on a été
depuis toujours peut-être
serein ancré et solide au sommet
de la montagne altière.
Lâcher prise étant sûr que tôt ou
tard on possédera
sans tenir à quoi qu’on fasse pour
changer quoi que soit
s’étirer vers le haut humer à
pleins poumons l’air
du commencement à la fin rien ne
s’arrête de bouger
l’équilibre instable est source
d’une appétence
la clameur est la flamme d’une
vérité
absolue
briguer son honneur dès lors qu’on
risque de le perdre.
Toute place est étroite dans un
lit abandonné
la douleur de la solitude n’est
que passagère
fantasque est la fantaisie d’un
rêveur au réveil
arriver éveillé à l’aube d’un
lendemain
regagner une dernière fois la
forêt où tout est élevé
rentrer dans la cité comme pour un
dernier jugement
chercher l’allure d’une
verticalité nécessaire.
Dans le silence d’une prière les
désirs se sont logés
s’acheminer droit pour arriver où
nos pas nous l’autorisent
vivre en toute liberté deviendra
un jour réalité
conscient de ce que l’on est sans
violences exigées
le don de la modestie est la plus
grande richesse
tout être est un arbre enraciné
fixé par ses racines
se tenant droit sans retenir
seulement pour le plaisir
la fragilité pressentie est une
apparence exquise
une force universelle nous pousse
à poursuivre
loyaux à nos aïeux nous serons
leur reflet
être ce qu’on doit être jusqu’à la
fin de nos jours
léger mais résolu sans cesser de
le mériter
demeurer immuable au gré des
vents et marées
finir de bon cœur pour se rendre
où l’on doit aller
rien ne sert de se féliciter pour
se sentir bien ou mal.
Le souffle se tient régulier entre
la terre et le ciel
l’âme s’instille au long de la
colonne vertébrale.
Eduardo GALHOS-
14.02.2012
1 commentaire:
Si je devais choisir dans ce poème aux cinquante sentences une seule, je choisirais la cinquante et unième : "l’unité indivisible". Mais dans un autre sens, tous les vers sont magnifiques. Je médite cependant le cinquième vers (" prêt à mourir pour continuer à vivre ") que je considère comme le noyau de ce beau poème et qui me fait rappeler avec bonheur le mot (le vers)combien redoutable mais déterminant de Goethe "Meurs et deviens !" qui me fait, à son tour, songer à Hafez qui ébranla par son divan le poète de Weimar. Mais faut-il être uniquement sage -pour rester dans l’émerveillement de Goethe- pour comprendre :" Comme on fait au faucon, j’ai cousu mes yeux au monde entier, /si bien que mes yeux sont ouverts sur Ton beau visage" ?
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