JULES
SUPERVIELLE
Oloron-Sainte-Marie où repose Jules Supervielle.
Reste une pierre, à
Oloron-Sainte-Croix,
reste une ombre
et ce cristal aigu et lavé
des monts, par delà les forges d’Abel, pour des jours de grande éclaircie,
et l’Hôtel du Grand Mogol à sous-bois thermal,
et la chambre d’épicerie
où ils moururent, que l’on apercevra de loin, instable printemps, arbustes en
fleurs, à flanc de gave, depuis la rive adverse (branchages, bief en ruine,
paix proche de confluent).
Un artiste silencieux,
pensant à sa calme Seconde Symphonie,
erre encore au pied des zelliges Belle Époque du Mogol ou sur les sentes et les
rampes d’un Parc Pommé, souple endroit à lumières et lueurs d’aube, à crépuscule
clair, avec pour monument son haut Lit Surréel à roues, comblé de terre, de plantes
et gazon frais, tant cet univers compte aussi de tables prises de lévitation et
de boulevards métaphysiques.
Et puis la Gare, à
scierie fossile, à citernes de scierie fossile, à rail fossile et mangé
d’acacias quand on regarde vers Canfranc et d’inaccessibles Espagnes, là-haut -
la Gare, son quai abandonné à vieilles plinthes de granite dont on n’avait pas
su voir toute la vieille époque gîtant là, au bout de notre pied…
Que verra-t-on des
monstres érodés, du vieux bois médiéval de la basilique, avec sa bonne porte à
pèlerinage ?
Quant à la tombe
naturelle de Julio, elle était, ce neigeux printemps 96, peuplée de boutons
d’or et de pissenlits, stars de cinéma.
Et puis des Vaches
d’armorial, paissant sous le béret basque d’un vieillard proverbial, à l’ombre
lente, et que l’on finit par trouver.
Ou ces dalles de
Sainte-Croix même où le vieux nom de Supervielle,
sous le pas du fidèle, s’érode au fil oublieux de quelques siècles à éclairage
rasant (tel un film, dans une ombre pieuse et rustique de cathédrale).
Et la nécropole en
pente où une haute Élégie rouilleuse pleure des pleurs de fer (statue de quoi ?
et quelle Vierge immense ?),
tandis qu’une lumière
tendre, à nos pieds, tasse dans la douceur le pays de Sainte-Marie, sur la
plaine : et c’est déjà un proche quartier lointain, sous le jour d’une
cape, et un autre monde sans fable.
Daniel ARANJO
11 juin 2013
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