samedi 19 juillet 2014

كيف نشفى من حب تونس, محمود درويش Le poème qui a fait pleurer Darwich


Comment guérir de notre amour pour la Tunisie
Comment guérir de notre amour pour la Tunisie qui irrigue nos âmes
Nous avons trouvé en Tunisie la familiarité, l'affection et le bon secours que nous n'avons trouvés nulle part ailleurs
C'est pourquoi nous en sortons comme nous ne sommes sortis de nulle part ailleurs
Nous sautons de son giron vers la trace de nos premiers pas
Dans l'arrière-cour de la patrie
Après que nous y avons vu la révélation
- Sur les êtres, sur les arbres, et sur les pierres -
Les images de nos âmes voletant telles des abeilles ouvrières sur les fleurs de la clôture lointaine
Pour ces adieux : Nous t'aimons, Tunisie, beaucoup plus que nous ne
pensions
Dans le triste silence des adieux, nous laissons une transparence aiguisée
Et nous distillons une densité si concentrée  au point d'être les ténèbres qui s'abattent sur les amoureux
Comme ils sont beaux ces secrets tapis derrière la porte entrebâillée, derrière ta porte
Qui est l'espace idoine pour le maniement savant du poète des éléments interactifs du poème
Devons-nous donc te dire Merci ?
Je n'ai jamais entendu des amoureux se dire "merci"...
Je n'ai jamais entendu des amoureux se dire "merci" mais merci d'être ce que tu es
Prends-bien garde à toi, Tunisie
Demain, nous nous rencontrerons sur une terre soeur : la Palestine
Avons-nous oublié quelque chose derrière nous ?
Oui, nous avons oublié nos coeurs qui se retournent  et nous avons laissé en toi la meilleure part de nous-mêmes
Nous avons laissé en toi nos martyrs que nous te recommandons
Prends-en bien soin.
Traduction ـJalel El Gharbi



1 commentaire:

Jawhar a dit…

Cette traduction est extraordinaire. Elle a su, en traduisant les mots, traduire l’ineffable niché au cœur des mots ; mais je pense qu’elle nous apporte plus, elle ne suggère pas mais traduit d’une manière singulière l’intensité de l’émotion partagée entre les deux poètes. Ce poème est dans cette traduction à son comble. On ne lira, me semble-t-il, jamais une traduction aussi accomplie.