Vincent Van Gogh, branches d'amandiers en fleurs
Pour décrire les fleurs des
amandiers
Ni l’encyclopédie des fleurs
Ni le dictionnaire ne me sont d’aucun
secours
La parole va me ravir dans les rets de la rhétorique
La parole va me ravir dans les rets de la rhétorique
Or la rhétorique écorche le sens
et en flatte la blessure
Comme un masculin dictant au
féminin ses sentiments
Comment donc les fleurs de l’amandier
peuvent-elles resplendir dans ma langue
Moi qui en suis l’écho ?
Alors qu’elles sont la
transparence d’un rire aquatique ayant poussé
Sur les tiges de la pudeur de la
rosée
Et qu’elles ont la légèreté d’une
phrase blanche et musicale
Elles qui sont
faibles comme l’éclair d’une pensée
Qui se penche sur nos mains
Et que nous écrivons en vain
Elles qui sont denses comme un vers que ne peuvent transcrire
Les lettres
Pour décrire les fleurs des
amandiers il me faut des visites vers
L’inconscient pour m’orienter
vers les conjonctions
Accrochées aux murs. Comment
s’appelle-t-elle
Cette chose dans la poétique du
rien
Il me faut transpercer
l’attraction et la parole
Pour éprouver la légèreté des
mots devenant
Ombre qui murmure. Alors je deviens elle et elle
moi-même
Transparents et blancs
Les mots ne sont ni patrie ni
exil
Mais la prédilection de la
blancheur pour la description des fleurs d’amandiers
Ni neige ni coton car il n’est
pas dans le dédain des couleurs et des mots
Si l’auteur réussissait à écrire
une strophe
Décrivant les fleurs d’amandiers,
le brouillard se retirerait
Des collines et tout un peuple
crierait
C’est cela
Ces paroles sont notre hymne
national
Traduction Jalel El Gharbi