Ce texte est un extrait d’un article qui paraîtra dans "REGARDS SUR LA POÉSIE DU XXe SIÈCLE" un ouvrage dirigé par Laurent FELS aux Presses Universitaires de Namur. Un ouvrage dirigé par Laurent FELS. Plus de 600 pages où sont présentées des figures majeures de la poésie du XXe siècle :Paul Celan - Blaise Cendrars - René Char - André Du Bouchet - T.S. Eliot - Nâzim Hikmet - - Philippe Jaccottet - Francis Jammes - Pierre Jean Jouve - Henri Michaux - Marcel Migozzi - Gaston Miron - Bernard Noël - Jacques Prévert - Pierre Reverdy - Saint-John Perse - Jude Stéfan - Marcel Thiry…
Cendrars par Modigliani.
Blaise Cendrars : De la synecdoque
Jalel EL GHARBI
Soit cette phrase ouvrant la petite plaquette de Blaise Cendrars intitulée Profond aujourd’hui : « Je ne sais plus si je regarde un ciel étoilé à l’œil nu ou une goutte d’eau au microscope ». Cette phrase est à entendre comme pensant la parenté, celle de l’infiniment grand avec l’infiniment petit, celle de la proximité avec la distance et celle des diverses postures optiques. L’erreur est inscrite dans l’œil lui-même. On sait depuis Descartes ou – bien avant lui – depuis Al Ghazali, que nos sens nous induisent en erreur. Nous leurre encore ce qui prolonge ces sens, le microscope, par exemple. Il convient de remarquer combien Blaise Cendrars use de cet instrument. Tout se passe comme si un microscope invisible présidait à sa vision des choses. Par exemple cette comparaison : « Tu es comme un brin d’herbe grossi mille fois ». Précisons tout de suite que l’erreur n’est pas chose fautive dans la perspective de Cendrars qui, à maintes reprises, tente de la réhabiliter. Nous n’en voulons pour illustration que ce passage de Bourlinguer : « Sombre poésie de l’esprit, les mathématiques pures sont une mystique, une vérité qui n’est pas de ce monde, sinon sous forme spirituelle. Seule compte ici-bas l’erreur, c’est-à-dire le calcul intéressé, produit des mathématiques appliquées en vue de l’aménagement du monde idéal ». Et quelques pages plus loin, Cendrars revient sur ce même thème en faisant l’éloge de l’égarement inhérent au voyage et au livresque par : « ce qui induit le lecteur invétéré en erreur ». En prenant un raccourci, on peut dire qu’une des manifestations de la modernité serait cette confusion (erreur) possible entre le tout qu’est un « ciel étoilé » et la partie que constitue une « goutte d’eau au microscope ».
Mais dans ce développement, c’est rhétoriquement que nous voudrions entendre cette phrase de l’incipit de Profond aujourd’hui. À la relire, nous nous posons la question suivante : quelle est la figure de style qui dit le mieux ce battement proche/lointain et qui par là même suggère la proximité entre distance et proximité ?....
Laurent Fels, poète, chercheur et éditeur présente ainsi cet ouvrage collectif :
Jalel EL GHARBI
Soit cette phrase ouvrant la petite plaquette de Blaise Cendrars intitulée Profond aujourd’hui : « Je ne sais plus si je regarde un ciel étoilé à l’œil nu ou une goutte d’eau au microscope ». Cette phrase est à entendre comme pensant la parenté, celle de l’infiniment grand avec l’infiniment petit, celle de la proximité avec la distance et celle des diverses postures optiques. L’erreur est inscrite dans l’œil lui-même. On sait depuis Descartes ou – bien avant lui – depuis Al Ghazali, que nos sens nous induisent en erreur. Nous leurre encore ce qui prolonge ces sens, le microscope, par exemple. Il convient de remarquer combien Blaise Cendrars use de cet instrument. Tout se passe comme si un microscope invisible présidait à sa vision des choses. Par exemple cette comparaison : « Tu es comme un brin d’herbe grossi mille fois ». Précisons tout de suite que l’erreur n’est pas chose fautive dans la perspective de Cendrars qui, à maintes reprises, tente de la réhabiliter. Nous n’en voulons pour illustration que ce passage de Bourlinguer : « Sombre poésie de l’esprit, les mathématiques pures sont une mystique, une vérité qui n’est pas de ce monde, sinon sous forme spirituelle. Seule compte ici-bas l’erreur, c’est-à-dire le calcul intéressé, produit des mathématiques appliquées en vue de l’aménagement du monde idéal ». Et quelques pages plus loin, Cendrars revient sur ce même thème en faisant l’éloge de l’égarement inhérent au voyage et au livresque par : « ce qui induit le lecteur invétéré en erreur ». En prenant un raccourci, on peut dire qu’une des manifestations de la modernité serait cette confusion (erreur) possible entre le tout qu’est un « ciel étoilé » et la partie que constitue une « goutte d’eau au microscope ».
Mais dans ce développement, c’est rhétoriquement que nous voudrions entendre cette phrase de l’incipit de Profond aujourd’hui. À la relire, nous nous posons la question suivante : quelle est la figure de style qui dit le mieux ce battement proche/lointain et qui par là même suggère la proximité entre distance et proximité ?....
Laurent Fels, poète, chercheur et éditeur présente ainsi cet ouvrage collectif :
"Si le XXe siècle est l’une des époques les plus paradoxales de notre Histoire – à la fois générateur du progrès technique qui devait accroître la qualité de vie des hommes, et triste berceau de deux guerres mondiales qui n’ont cessé de multiplier ravages et victimes pendant presque trente ans –, il a produit un nombre considérable de poètes qui continuent d’intéresser un large public.Au fil des quelque 600 pages qui constituent le présent volume, les auteurs ont tenté de présenter chacun un poète du siècle dernier en essayant de mettre en évidence les particularités de sa poétique.Ce livre se veut donc moins une anthologie de tombeaux qu’une approche intellectuelle dont le but est d’éclairer une partie de la vie et de l’oeuvre des 33 poètes traités. »
Pour commander le volume :
Presses Universitaires de Namur
13, Rempart de la Vierge,
5000 Namur
Tél.: (0032) 81 72 48 84
Fax : (0032) 81 72 49 12
2 commentaires:
Je viens de jeter un coup d'oeil rapide sur votre blog, il me parait très intéressant , je reviendrai plus souvent vous lire ....Michelle K a bien fait de me transmettre et votre message qui m'a fait le plus grand plaisir et le lien de votre blog...je n'ai pas fermé mes anciens blogs, j'ai seulement migré vers d'autres adresses...je vous les donne si vous voulez bien me rendre visite...merci et à bientôt
Encore une fois, j'enregistrerai en "anonyme", excusez-moi, je ne comprends pas grand chose au labyrinthe de ces commentaires ! Quand j'essaie "sésame", la caverne ne s'ouvre pas, quand j'essaie "anonyme", elle me laisse entrer ! C'est une leçon d'humilité et d'incompétence dans ce domaine du virtuel, mais sans luije ne serai pas lisant cette transparence des mots, ni à commander cette revue...
Oui, il y a un chemin ouvert par la langue poétique car dans son chant de gorge, elle éveille dans le langage , les mystérieuses connaissances qui ne bougent, lactescentes, que dans nos rêves... Alors s'accrocher à ces mots-étoiles pour traverser l'infini d'une goutte d'eau c'est choisir un beau destrier !
"Si tu coupes un atome, tu y trouveras un soleil et des planètes tournant alentour."
Djalâl-ud-Dîn Rûmî - XIIIe siècle
A bientôt,
christiane
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