Gaspard Hons : Les Abeilles de personne. Editions Le Taillis Pré Belgique
Voici un recueil où des abeilles butinent d’un poème à l’autre, comme Pindare le disait de ses poèmes voltigeant d’un thème à l’autre. Elles transportent avec elles les connotations que les anciens livres leur ont données et celles que nos désirs peuvent leur attribuer. Sous la plume de Gaspard Hons, les abeilles sont allégorie. Elles donnent à voir ce grand pan d’invisible qui fait le monde. Le poète leur délègue un désir : donner à voir l’invisible ; permettre de connaître l’inconnaissable, de cette connaissance qui est avant tout jouissance silencieuse.
Reprenons : les abeilles sont leurs connotations, leur connaissance, leur jouissance.
Mais les abeilles sont aussi l’occasion de poser cette même question que l’on trouve chez les grands poètes depuis Ovide jusqu’à Darwich : qui suis-je ? Question à décliner à l’envi et d’abord en : qu’adviendra-t-il de nous ?
C’est donc la quête ontologique qui aiguillonne le poète. Cheminer est cet impératif qui se passe de finalité. Il est incursion dans ce qui est l’au-delà par excellence et qui est en même temps le propre de l’homme : « le sentier est sentier, le chemin des dieux n’est étranger qu’aux dieux… » Je soupçonne les abeilles de Gaspard Hons d’avoir des accointances avec le sacré ou même d’être une âme. Mieux encore, je les soupçonne de vouloir mettre du transcendant dans ce qui est par définition immanent.
Comme notre amie commune, José Ensch (je ne me consolerai jamais de l’avoir perdue), Gaspard Hons dote l’anodine présence des choses de significations transcendantes. Il sait trouver l’infini dans le fini d’un carré de verdure, comme José Ensch :
« Déployant un paysage mental, j’approche le non visible, l’évidence d’un potager absent, d’un jardin très sobre, où l’horizon reste à naître ». Mais qu’on y prenne bien garde, chez Gaspard Hons, « naître » s’écrit aussi « n’être ». Le calembour signifie que le lieu de l’avènement est aussi celui de la disparition et de la disparition dans la disparition dont l’emblème serait la faucille, peut-être.
Ailleurs, c’est le chant de l’alouette qui signifie tout à la fois poésie et tristesse, élan vers la vie et nostalgie de ce qui n’est plus. Poésie et tristesse comme dans la rhapsodie de George Enescu faisant mieux que l’alouette qu’elle imite. Chant, musique parce que le monde est, nonobstant toutes les séparations et toutes les distances, une somme de fruits, un verger.
Voici un recueil où des abeilles butinent d’un poème à l’autre, comme Pindare le disait de ses poèmes voltigeant d’un thème à l’autre. Elles transportent avec elles les connotations que les anciens livres leur ont données et celles que nos désirs peuvent leur attribuer. Sous la plume de Gaspard Hons, les abeilles sont allégorie. Elles donnent à voir ce grand pan d’invisible qui fait le monde. Le poète leur délègue un désir : donner à voir l’invisible ; permettre de connaître l’inconnaissable, de cette connaissance qui est avant tout jouissance silencieuse.
Reprenons : les abeilles sont leurs connotations, leur connaissance, leur jouissance.
Mais les abeilles sont aussi l’occasion de poser cette même question que l’on trouve chez les grands poètes depuis Ovide jusqu’à Darwich : qui suis-je ? Question à décliner à l’envi et d’abord en : qu’adviendra-t-il de nous ?
C’est donc la quête ontologique qui aiguillonne le poète. Cheminer est cet impératif qui se passe de finalité. Il est incursion dans ce qui est l’au-delà par excellence et qui est en même temps le propre de l’homme : « le sentier est sentier, le chemin des dieux n’est étranger qu’aux dieux… » Je soupçonne les abeilles de Gaspard Hons d’avoir des accointances avec le sacré ou même d’être une âme. Mieux encore, je les soupçonne de vouloir mettre du transcendant dans ce qui est par définition immanent.
Comme notre amie commune, José Ensch (je ne me consolerai jamais de l’avoir perdue), Gaspard Hons dote l’anodine présence des choses de significations transcendantes. Il sait trouver l’infini dans le fini d’un carré de verdure, comme José Ensch :
« Déployant un paysage mental, j’approche le non visible, l’évidence d’un potager absent, d’un jardin très sobre, où l’horizon reste à naître ». Mais qu’on y prenne bien garde, chez Gaspard Hons, « naître » s’écrit aussi « n’être ». Le calembour signifie que le lieu de l’avènement est aussi celui de la disparition et de la disparition dans la disparition dont l’emblème serait la faucille, peut-être.
Ailleurs, c’est le chant de l’alouette qui signifie tout à la fois poésie et tristesse, élan vers la vie et nostalgie de ce qui n’est plus. Poésie et tristesse comme dans la rhapsodie de George Enescu faisant mieux que l’alouette qu’elle imite. Chant, musique parce que le monde est, nonobstant toutes les séparations et toutes les distances, une somme de fruits, un verger.
10 commentaires:
Que c'est beau tous ces mots et ces pensées ! je reviendrai plus tard....
christiane
En attendant de découvrir le livre de Gaspard Hons, une rêverie dédiée à l'auteur de ce blog ailé.
Christiane.
Voler au-dessus des prairies avec les abeilles qui fécondent les fleurs, sur des terres ruisselantes de miel et de lait.
Etre la confidente des dieux ailés, bergers des abeilles.
Porter le ciel comme le dieu-abeille des Mayas.
Recevoir, comme les poètes grecs, leur baiser sacré sur les lèvres.
Façonner son coeur comme elles le font avec la cire, en faire une ruche où déposer le miel de la connaissance, la douceur exquise du verbe.
Porter un nom secret d'abeille et rêver en regardant la constellation des Pléiades.
Je tombe sur votre dernière note juste après avoir posté la mienne... coïncidence amusante... qui peut sembler au premier abord ne pas avoir de lien... les abeilles sont peut-être parfois l'âme de ceux qui ont perdu la leur... le miel de la vie...
autre chose amusante... je dois recopier "monde" pour poster mon commentaire...
@ Christiane : merci pour cette traduction poétique de l'amitié. J'y suis très sensible.
@ Andrea Madeste : L'amitié a de ces signes qui ne trompent pas et qui peuvent faire que des abeilles volent en même temps sur deux continents.
@ Tous et à toutes : Andrea Maldeste vient de poster un poème sublime. Allez-y
Merci pour cette info, le libre de Hons 'les abeilles de personne".
Voici pour Jalel el Gharbi:
"Ô puissante rose trémière,
si tu offres ta gloire au temple,
emporte-moi dans tes pétales,
moi, la jeune abeille turquoise!"
Extrait de l'Abeille turquoise
Chants d'amour de Tsangyang Gyatso (1683-1706).
Cristina Santos-Granada
Apicultrice et traductrice
@ Cristina Santos-Granada : Merci pour ce beau poème. J'en fais mon miel.
Soyez la bienvenue.
merci pour ces mots denses et ces pensées profondes , Jalel , votre prose est éclairante , votre amitié aussi ...
je profite de ce moment pour remercier Christiane , et sa douce compagnie ...
j'ai beaucoup aimé le poéme d'Anréa Maldeste ...
toujours autant de plaisir et d' apaisement à venir ici , merci cher Jalel .
bien à vous
Helena
Vous aviez raison d'insister. Il est très beau ce poème d'Andréa Maldeste mais comme il est âpre.
christiane
PS : incroyable ! le mot à taper pour valider le commentaire (formé de lettres, d'habitude sans lien),inscrit en cette heure de partage de la nuit le mot "ruchexe". Vous croyez au hasard ou à la providence ?
@ Helenablue : merci de votre passage.
@ Christiane : ce billet aura permis quelques hasards objectifs (Breton).
Merci du partage.
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