"Il y a "dans l’œuvre de Lorand Gaspar.
Dès que je dis “ Il y a ”, je convoque un substantif. “ Il y a ” est toujours subordonné à un nom déterminé. Ce qu’il y a après “ il y a ” est voué à la détermination, à la nomination. Ainsi donc, la locution semble faire sens puisqu’elle est révélation d’une évidence qui, nous le verrons, va au-delà même de l’apparence évidente. Un mot d’Anaxagore (VIe siècle avant J.-C.) répondant à une question fondamentale : qu’est-ce que le phénomène ? dit “ opsis ton adelon ta phainomena ” (Les phénomènes donnent vue sur le non patent). Ainsi entendu, le phénomène a comme correspondant médical le symptôme, c’est-à-dire ce par quoi la maladie se fait visible, comme un phénomène. “ Il y a ” est toujours symptôme. Ainsi donc, tout est symptomatique.
“ Il y a ” n’est pas constat d’une simple phénoménalité mais seuil d’une incursion dans ce que recèlent les apparences. “ Il y a ” est l’outil par quoi le visible donne vue sur le non visible. La locution met en œuvre le battement observable / non observable. Ce sont apparitions disparaissant et disparitions apparaissant dans un vertige qui n’a rien de ludique, celui de l’être se déclinant en sa négation et celui de la négation se présentant sous les traits d’un être. C’est encore le détour par lequel un sens se révèle. “ Il y a ” tient de l’épiphanie. Il s’agit d’une épiphanie d’ordre ontologique. Ce qu’il y a après la locution “ il y a ” tient de la dimension intérieure. Après la locution, il n’y a rien d’autre que de l’être. De ce point de vue, “ il y a ” est intransitif comme l’insinue ce passage de Feuilles d’observation :
“ C’est en vain que nous accusons de tromperie les apparences. Ce travail de nos yeux, de nos doigts, de nos cerveaux, de notre pensée qui produit l’univers des images et des idées, des plus simples aux plus chimériques, aux plus anti-images, est lié à des mouvements en nous qui existent réellement. Fragments et mélanges de fragments d’une vérité ou d’une réalité inaccessibles ”[1]
Ce qui se situe derrière “ il y a ” outrepasse l’être-là d’une chose pour rejoindre la question du sens. Ce qu’il y a là est toujours signe. Et il y a une sémiologie de l’être-là qui me semble caractéristique de la poésie de Lorand Gaspar. Cela induit l’existence d’un mode de lecture gaspardien. Ce qui fait phénomène chez Lorand Gaspar s’offre à un décryptage qui passe par la sensation tactile. Saisir, appréhender, com-prendre, c’est déterminer ce à quoi les choses touchent, ce à quoi elles tiennent et en quoi elles se laissent saisir par le poème. A quoi tiennent les choses ? Ici le verbe “ tenir ” a aussi une signification tactile.
Ce qu’il y a dans l’œuvre de Lorand Gaspar est souvent problématique car l’être se signale par le questionnement permanent qui l’aiguillonne, le pousse sur les sentiers du monde. Le phénomène importe moins par ses attributs que par ce qu’il recèle. Ce qui fait phénomène donne à réfléchir et le monde se présente comme l’équivalent de la somme des questions qui s’y rapportent. Le monde se mesure à l’aune de notre ignorance. Or que signifie être là, avoir lieu pour un poète qui mesure l’étendue de l’ignorance à laquelle nous sommes condamnés ? Je répète que l’être se résume à la somme des questions qu’il soulève. Cela explique pourquoi la locution “ il y a ” est souvent affecté d’un coefficient d’interrogation ou de négation. Il semble que la poésie de Lorand Gaspar affectionne davantage des formules comme “ il n’y a pas ” ou “ y a-t-il ? ” plutôt qu’ “il y a ”. L’être au monde n’est pas fruit de donation, comme celle qu’évoque Husserl. Rien n’est évident, pour maintes raisons : le prétendu sens caché, le vrai non-sens et la lapalissade de l’absence.
Employé au passé , la locution “ il y a ” dit cette tragique métamorphose par quoi l’être se mue en événement relégué au passé. Il y eut n’est pas à entendre en “ il y a au passé” mais plutôt en équivalent d’un “ il n’y a plus ” aux accents tragiques. Il y a de la négation, partout. Là encore, ce qui importe, c’est moins l’événement en soi que la distance qui nous en sépare.
“ Il y a ” est souvent indice d’absence. La locution a une nette prédilection à se décliner à la forme négative ce qui suggère qu’il y a dans l’œuvre de Lorand Gaspar comme une diffraction, comme une fracture qui caractérise l’être :
“épeler lentement sur la table rugueuse
ces images dont sombre le dessin
ceci n’est pas, cela est.
Et tout ce que ta parole avait pouvoir
de lier se délite, se fragmente, se sépare.
Peu de choses, débris.
Règne tout autour la sereine démesure.
Tu réchauffes encore dans ta voix émue
toutes choses s’abreuvant à soif et à sel —
le sifflement sur les crêtes de lumière
toujours même quand s’éteint le jour
la migration des sources, cette part
nomade de l’âme levée dans la pierre
dans les fosses et les failles impensées.
Et c’est une eau tranquille lavant le corps
vin qui éveille l’inconnu d’un visage —
cela est. ”[2]
Le poème parle de démesure. Le mot suggère à l’esprit un fragment d’Héraclite selon lequel “ il faut éteindre la démesure plus que l’incendie ”. Il ne faut pas que l’être fasse preuve de débordement, d’excès.
[1] Feuilles d’observation, p. 24.
[2] Patmos.p. 12.
Dès que je dis “ Il y a ”, je convoque un substantif. “ Il y a ” est toujours subordonné à un nom déterminé. Ce qu’il y a après “ il y a ” est voué à la détermination, à la nomination. Ainsi donc, la locution semble faire sens puisqu’elle est révélation d’une évidence qui, nous le verrons, va au-delà même de l’apparence évidente. Un mot d’Anaxagore (VIe siècle avant J.-C.) répondant à une question fondamentale : qu’est-ce que le phénomène ? dit “ opsis ton adelon ta phainomena ” (Les phénomènes donnent vue sur le non patent). Ainsi entendu, le phénomène a comme correspondant médical le symptôme, c’est-à-dire ce par quoi la maladie se fait visible, comme un phénomène. “ Il y a ” est toujours symptôme. Ainsi donc, tout est symptomatique.
“ Il y a ” n’est pas constat d’une simple phénoménalité mais seuil d’une incursion dans ce que recèlent les apparences. “ Il y a ” est l’outil par quoi le visible donne vue sur le non visible. La locution met en œuvre le battement observable / non observable. Ce sont apparitions disparaissant et disparitions apparaissant dans un vertige qui n’a rien de ludique, celui de l’être se déclinant en sa négation et celui de la négation se présentant sous les traits d’un être. C’est encore le détour par lequel un sens se révèle. “ Il y a ” tient de l’épiphanie. Il s’agit d’une épiphanie d’ordre ontologique. Ce qu’il y a après la locution “ il y a ” tient de la dimension intérieure. Après la locution, il n’y a rien d’autre que de l’être. De ce point de vue, “ il y a ” est intransitif comme l’insinue ce passage de Feuilles d’observation :
“ C’est en vain que nous accusons de tromperie les apparences. Ce travail de nos yeux, de nos doigts, de nos cerveaux, de notre pensée qui produit l’univers des images et des idées, des plus simples aux plus chimériques, aux plus anti-images, est lié à des mouvements en nous qui existent réellement. Fragments et mélanges de fragments d’une vérité ou d’une réalité inaccessibles ”[1]
Ce qui se situe derrière “ il y a ” outrepasse l’être-là d’une chose pour rejoindre la question du sens. Ce qu’il y a là est toujours signe. Et il y a une sémiologie de l’être-là qui me semble caractéristique de la poésie de Lorand Gaspar. Cela induit l’existence d’un mode de lecture gaspardien. Ce qui fait phénomène chez Lorand Gaspar s’offre à un décryptage qui passe par la sensation tactile. Saisir, appréhender, com-prendre, c’est déterminer ce à quoi les choses touchent, ce à quoi elles tiennent et en quoi elles se laissent saisir par le poème. A quoi tiennent les choses ? Ici le verbe “ tenir ” a aussi une signification tactile.
Ce qu’il y a dans l’œuvre de Lorand Gaspar est souvent problématique car l’être se signale par le questionnement permanent qui l’aiguillonne, le pousse sur les sentiers du monde. Le phénomène importe moins par ses attributs que par ce qu’il recèle. Ce qui fait phénomène donne à réfléchir et le monde se présente comme l’équivalent de la somme des questions qui s’y rapportent. Le monde se mesure à l’aune de notre ignorance. Or que signifie être là, avoir lieu pour un poète qui mesure l’étendue de l’ignorance à laquelle nous sommes condamnés ? Je répète que l’être se résume à la somme des questions qu’il soulève. Cela explique pourquoi la locution “ il y a ” est souvent affecté d’un coefficient d’interrogation ou de négation. Il semble que la poésie de Lorand Gaspar affectionne davantage des formules comme “ il n’y a pas ” ou “ y a-t-il ? ” plutôt qu’ “il y a ”. L’être au monde n’est pas fruit de donation, comme celle qu’évoque Husserl. Rien n’est évident, pour maintes raisons : le prétendu sens caché, le vrai non-sens et la lapalissade de l’absence.
Employé au passé , la locution “ il y a ” dit cette tragique métamorphose par quoi l’être se mue en événement relégué au passé. Il y eut n’est pas à entendre en “ il y a au passé” mais plutôt en équivalent d’un “ il n’y a plus ” aux accents tragiques. Il y a de la négation, partout. Là encore, ce qui importe, c’est moins l’événement en soi que la distance qui nous en sépare.
“ Il y a ” est souvent indice d’absence. La locution a une nette prédilection à se décliner à la forme négative ce qui suggère qu’il y a dans l’œuvre de Lorand Gaspar comme une diffraction, comme une fracture qui caractérise l’être :
“épeler lentement sur la table rugueuse
ces images dont sombre le dessin
ceci n’est pas, cela est.
Et tout ce que ta parole avait pouvoir
de lier se délite, se fragmente, se sépare.
Peu de choses, débris.
Règne tout autour la sereine démesure.
Tu réchauffes encore dans ta voix émue
toutes choses s’abreuvant à soif et à sel —
le sifflement sur les crêtes de lumière
toujours même quand s’éteint le jour
la migration des sources, cette part
nomade de l’âme levée dans la pierre
dans les fosses et les failles impensées.
Et c’est une eau tranquille lavant le corps
vin qui éveille l’inconnu d’un visage —
cela est. ”[2]
Le poème parle de démesure. Le mot suggère à l’esprit un fragment d’Héraclite selon lequel “ il faut éteindre la démesure plus que l’incendie ”. Il ne faut pas que l’être fasse preuve de débordement, d’excès.
[1] Feuilles d’observation, p. 24.
[2] Patmos.p. 12.
16 commentaires:
Votre "sésame" pour ouvrir la caverne des mots de José Ensch et de Lorand Gaspar est inscrit dans ces trois mots : "Il y a ...". Ils vous sont liens entre le visible et l'invisible, entre apparition et disparition, entre le naturel et le surnaturel, entre la présence et l'absence et l'invitation à la nomination du monde, à la rencontre de l'être... et vous nous faites découvrir bien des trésors...
Mes trois mots magiques sont : "Il était une fois...". Alors le passé imaginaire vient couvrir de sa paume douce le présent et j'écoute la parole d'eau de ce grand poète silencier* les mots.
"Et nos mots sont pareils à un bateau
dans les glauques profondeurs de la mer
Sur les algues emmêlées de nos voix
glisse la paume paisible des eaux."
* silencier : c'est un verbe que j'ai inventé pour traduire le bruire de l'écriture de Lorand Gaspar.
Sésame (pour reprendre ton terme, Christiane) peut-être, mais pour moi, aussi bien sans doute que pour nombre des visiteurs du blog, sésame lui même à clefs... qu'il suffit d'avoir, cher Jalel, bien sûr. Pas de problème pour un post doc : le sésame du sésame, du sésame...
Voilà, cher Professeur, qui me rappelle un peu notre première dispute génératrice d'amitié. Enfin, passons, et me voilà à m'être cassé la tête une heure et demie durant afin de déchiffrer ton texte, et je n'ai pas fini. Je compte toutefois y arriver.
Aussi, pourrais-tu m'aider à surmonter mon ignorance (et celle de l'un ou l'autre visiteur peut-être) en me disant...
1. si j'ai bien compris: Le «il y a» étant ontologique (donc en quelque sorte l’«étant») s’opposerait au «c’est» ou au «cela est» ontique?
2. en quoi le poème de Gaspar (dépourvu du moindre "il y a", il n'y a pas" ou "il n’y a plus") illustre-t-il ton complexe raisonnement au bout duquel le lecteur curieux et intrigué espére trouver une illustration l'aidant à comprendre???
@ Giulio : Cher ami, concernant ta première question : "il y a " permet de transcender l'ontique en ontologique. Je n'établis pas de distinguo entre les deux. Chez L.G, l'immanent et le transcendant étant poreux on peut passer de l'un à l'un. Tout est dans la question : comment transcender l'ontique en ontologique , comment un galet peut-il être chargé d'autant de questions, comment l'au-delà peut-il tenir dans un galet.
Conceranant ta deuxième remarque : effectivement il n'y a pas de "il y a" dans la citation. ce que je veux dire c'est que "il y a" est l'indice d'une fracture, d'une blessure, d'un manque qu'on peut lire dans l'oeuvre de LG d'une manière générale, même dans les poèmes où il n'y a pas de "il y a".
En te remerciant vivement de ta lecture.
Amitiés
Eh bien, messieurs, c'est épique vos échanges ! Vous accédez à une exploration du langage où vous marchez, un peu, en solitaires, nous ayant semés depuis fort longtemps !!! Même mon "Sésame" est impuissant. J'ai laissé des miettes de mots sur le sentier et voilà que les oiseaux les ont picorées ! Donc , perdue dans la forêt du langage je ramasse ces trois petits mots désolés : IL... Y... A... Qu'en faire, mon Dieu, qu'en faire ?
Je monte à l'étage au-dessus voir si le paysage est déchiffrable, souhaitant ne pas entrer dans la maison de l'ogre qui dévore l'enfance des mots...
Merci cher Jalel.
Que des pluriels, chère Christiane! Messieurs, vos, vous accédez, solitaires, etc. C'est me faire trop d'honneur. Je suis aussi perdu que toi et probablement bien davantage. Il n'y a pour l'heure qu'un seul guide: Jalel, et une seule lanterne: la sienne. Nous, on court derrière, chacun selon ses moyens et sa capacité visuelle. Le bois est profond et les petits cailloux de Jalel pas trop nombreux. Reste sa lanterne. Encore faut-il que, sans doute parfois fatigué de la tenir haut, le bras levé et, de plus, la tenant devant lui pour mieux explorer l'inconnu, il n'oublie pas que, loin derrière, nous risquons de ne plus en apercevoir qu'un faible halo, qui nous attire et guide, mais ne nous dévoile pas tout ce que lui découvre. Reste que ses excursions sont passionnantes, mais pour les mériter, du moins en ce qui me concerne, que de suées et d'essoufflements! Eh oui, question de formation...
"... De ce beau temps si vite passé
On n'en profite jamais assez...
Et plus tard on dit tristement :
"On n'a pas tous les jours vingt ans!"
Cher Giulio, perdue comme toi, je suis partie à la recherche du Petit Poucet (qui a maintenant 11 ans , mais qui se souvient des comptines de ses balbutiements).
Théo, dis-moi, que t'évoquent ces mots :"Il y a" ?
- Facile, mamie, tu ne te rappelles pas ? C'est la comptine qui tourne, la fin, c'est le début, tout le temps, tout le temps... Ecoute :
"Derrière chez moi, savez-vous ce qu'il y'a, derrière chez moi, savez-vous ce qu'il y'a ?
Il y a un arbre, le plus joli des arbres.
Et dans cet arbre, savez-vous ce qu'il y'a ?
Il y'a une branche, la plus jolie des branches.
Et sur cette branche, savez-vous ce qu'il y'a ?
Il y'a un nid....
Et dans ce nid...
Il y'a un oeuf...
Et dans cet oeuf...
y'a un oiseau...
Et dans cet oiseau...
Y'a un coeur...
Et dans ce coeur...
y'a une chanson...
Et dans cette chanson...
y'a un arbre, le plus joli des arbres..."
Tu vois mamie, c'est juste qu'il faut s'arrêter à temps, sinon ça ne s'arrête jamais !
Encore une vérité qui sort de la bouche des enfants...
@ Giulio
Mon cher ami,
Je crois comprendre le mouvement de la pensée chez toi, ce à quoi penser aspire. Plus d'une fois j'ai relevé cela chez toi : pour
toi le cartésien, l'homme à la culture si vaste, la connaissance est de nature si orientale en ceci qu'elle vise à désigner les limites - la nôtre avant celle des autres-
Ma lanterne, pour reprendre ton mot, ne tire sa "lumière" que de questions aussi lumineuses que les tiennes.
Merci pour tout.
@ Christiane : La comptine de Théo me rappelle ce poeme de Rumi sur le vertige d'un monde où l'infiniment petit contient l'infiniment grand. Merci de ce secours.
Bien à vous deux
Vous voulez évoqué ceci ?
"Si tu coupes un atome, tu y trouveras un soleil et des planètes tournant alentour."
Et Dlalâl (Jalel ?) ud Rûmi a écrit cela au XIIIe siècle... fascinant !
Il a écrit aussi...
"Cherche la réponse en ce même lieu d'où t'est venue la question...."
Et en attendant de la trouver, faites comme Saint-John Perse, rêvez :
"J'ai rêvé, l'autre soir, d'îles plus vertes que le songe...
Et les navigateurs descendent au rivage en quête d'une eau bleue..."
@ Christiane :
"Si tu coupes un atome, tu y trouveras un soleil et des planètes tournant alentour."
oui, c'est bien cela de Jalel dine Roumi.
merci
Hélas, Jalel, en y regardant bien, tu trouveras dans le jardin de "l'homme à la culture si vaste", bien moins de ce que contient une simple rose. Ton quasi-homonyme Jalel Dine Roumi ne disait-il pas que "La rose est un jardin où se cachent des arbres"? Encore faut-il savoir les y retrouver. Car si la rose est La connaissance et les arbres les connaissances, le problème n'est pas tant de savoir, car nous savons tout ce que nous avons su, mais de retrouver ce savoir quand il nous le faut. Or chaque jour, chaque mois, chaque année qui passe après une nouvelle acquisition, la fait descendre comme la rosée, dès qu'elle n'est plus couramment vue, sentie, dite, pensée, employée, un peu plus bas au-delà du pistil et de l’étamine, du réceptacle même, et plus loin encore le long du pédoncule, puis de la tige dans les caves de ces archives mnémoniques, dont les étages supérieurs sont encore ordonnés, vibrants, frémissants du travail des neurones archivistes, mais dont les derniers girons deviennent petit à petit à petit des caveaux, sépulcres qui attendent l’accomplissement, le retour à l’humus, à la connaissance fondamentale qui n’est pas savoir, mais doute et au mieux se douter de ce qui pourrait être. Tout au plus peut on savoir ce qui n’est pas, et encore…
P.S. Qu’est-il devenu, cet Afghanistan naguère capable de voir naître et s’épanouir des Jalel Dine Roumi qu’on lit dans Wikipedia avoir dit (exact ?) :
Sois comme l'eau courante pour la générosité et l'assistance.
Sois comme le soleil pour l'affection et la miséricorde.
Sois comme la nuit pour la couverture des défauts d'autrui.
Sois comme la mort pour la colère et la nervosité.
Sois comme la terre pour la modestie et l'humilité.
Sois comme la mer pour la tolérance.
Qu'est-il devenu?
@ Giulio : Je crois que l'Afghanistan n'a jamais cessé de donner des poètes. A part Atiq Rahimi (Goncourt), on peut citer Sayyed Bahodine Majrouh (Majrouh signifie littéralement blessé) qui fut assassiné par les talibans. On est loin de Roumi, mawlana ("notre maître") mais il doit certainement y avoir des poètes, de grands poètes à jalalabad (ville de Jalel) et à Balkh, la mythique. Nous sommes à une époque prosaïque qui nous fait voir autre chose de l'Afghanistan.
Merci pour ton commentaire.
Giulio,
comme vous êtes triste... Moi, je l'aime ce temps d'allègement de la connaissance. Quelque chose en nous, aspire à la légèreté de l'oiseau, à la rencontre. Nous sommes enfin prêt à donner sans nous soucier de recevoir, comme les fleurs de pissenlit qui donnent leurs graines ailées au vent, comme la rose que vous évoquez qui donne son parfum et sa beauté. Nous sommes moins durs, moins orgueilleux...
Oui, le monde offre souvent un terrible spectacle, les hommes ne sont pas toujours au meilleur d'eux-même... mais chaque sourire offert, chaque main tendue, chaque instant de bonheur partagé est utile, je ne sais pas comment mais je le sais.
Quelque chose de lumineux approche et rayonne doucement.
Savez-vous quels sont les derniers mots qu'une très vieille dame (que j'aimais beaucoup) a écrit un après-midi qui devait être pour elle le dernier (mais elle ne le savait pas) ?
"Il fait doux, il fait si doux, quelle douceur dans l'air..."
Avec ou sans voilette, vous avez toujours les papillons qu'il faut, chère Christiane, pour apaiser mes sempiternelles et vaines inquiétudes.
"Et je m’en suis allé chercher mon espace
Plus haut et plus loin
Encore plus haut, encore plus loin
Que mon temps…"
m'amène encore à penser Mahmoud Darwich par la plume de Jalel après que, n'ayant pas de cheval, j'aie omis de la cueillir, la rose.
Alors, mettons un "vous" pour la voilette... J'ai besoin que vous alliez bien.
Bonne soirée
BE BOP A LULA
Il y a
Sans qu'il n'y ait
Même s'il y a
Sans qu'il ne soit
Il y a
Sans qu'il ne fut
Et s'il ne fut
Mais qu'y-a-t-il
Il était une fois
Comme il sera un jour
Mais il y a
Et n'y a pas
@ GMC : heureux d'avoir un signe de vous. Merci cher poète
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