Le tughra de Soliman le Magnifique.
الطغراء Tughra Tuğra, ou tugra : le mot est turc et il est utilisé également en persan. La langue arabe a tenté de lui substituer le mot طرة . Mais ce nom n’a pas connu la fortune souhaitée, il n’est plus employé dans ce sens et c’est le mot turc qui est resté. Le mot « tughra » désigne la signature des sultans ottomans, mamelouks, persans et tatares. Il s’agit du nom du sultan avec une brève formule glorifiant son règne qu’on trouvait sur les pièces de monnaies ou alors sur le sceau du sultan.
Aujourd’hui, cette signature ne se rencontre plus guère que sous la forme d’une calligraphie de la formule « au nom de Dieu clément et miséricordieux » بسم الله الرحمن الرحيم autocollant que de nombreux véhicules, taxis et camions, arborent.
Sur le plan calligraphique, la tughra (le féminin me semble mieux indiqué) est en écriture Tholoth ou diwani .
Le tholoth est une écriture douce, élégante et fluide. Elle semble être la mieux indiquée pour dire le mouvement. C’est le calligraphe Mustapha Rakem (1757- 1821) qui donne au Tughra sa forme définitive.
Alors que l’un des grands derniers maîtres en la matière est sans doute le calligraphe Hamed Amadi (1891-1982) auteur de trois tughras des plus connus : celle du roi Fayçal d’Arabie, Du Shah Mohamed Rida Pahlavi et du sultan Abdelhamid II.
Le corps de la calligraphie est constitué de cinq parties : la base, l’œuf, les bras, le corps, la fin. Le tout représente une main. Pour comprendre ce qu’est le Tughra, il faut tenir compte d’une différence essentielle entre peintre et calligraphe. Si le peindre reproduit ce qu’il voit (tout au moins dans le cas de la peinture figurative), le calligraphe reproduit ce à quoi il pense. Et en l’occurrence, il s’agit de la main : celle qui signe, qui laisse une empreinte mais surtout celle qui symbolise le pouvoir, exactement comme le signifie en français l’expression « avoir la haute main ». On serait tenté de voir dans le tughra une main stylisée. C’est plutôt la figuration avec des outils non figuratifs qu’il convient de voir.
La réussite du tughra vient de la complexité des impératifs auxquels il obéit beaucoup plus que de la complexité de la composition elle-même. Le tughra doit allier lisibilité et inimitabilité, le tout transcendé dans le besoin de dire la magnificence.
7 commentaires:
شكرا على هذه المعلومات القيمة ..على ذكر اليد وما تمثله من سلطة نجد في القرآن :يد الله فوق أيديهم أو المسؤولية عن فعل اليد :"بما قدمت أيديهم .."
نرى يد الخالقة في العمل الرائع لميشال أنجيلو :خلق آدم
من الطريف ان اليد (اكثر الاعضاء قربا من الفعل المادي) اكثرها شاعرية حتى لكانها محض مجاز. الف شكر ارتيكولي
L'anonyme c'est moi. J'ai encore des problèmes à poster des commentaires.
Amicalement
Jalel El Gharbi
à propos de tugra et de calligraphes, lire la version arabe"أنا الأحمر"du roman "mon nom est Rouge" du turc (prix nobel de litterature)Orhan Pamuk.
Pas de commentaires, les amis, sur la calligraphie arabe. La tortue chante-t-elle le vol des aigles?
Mais un grand merci à kissa-online pour m'avoir fait découvrir Orhan Pamuk, dont voici une citation éminemment poétique d'O.P. sur Wikipedia, qui me rappelle l'Occirient de Jalel.
« J'ai passé ma vie à Istanbul, sur la rive européenne, dans les maisons donnant sur l'autre rive, l'Asie. Demeurer auprès de l'eau, en regardant la rive d'en face, l'autre continent, me rappelait sans cesse ma place dans le monde, et c'était bien. Et puis un jour, ils ont construit un pont qui joignait les deux rives du Bosphore. Lorsque je suis monté sur ce pont et que j'ai regardé le paysage, j'ai compris que c'était encore mieux, encore plus beau de voir les deux rives en même temps. J'ai saisi que le mieux était d'être un pont entre deux rives. S'adresser aux deux rives sans appartenir totalement à l'une ni à l'autre dévoilait le plus beau des paysages. »
@ Kissa on line : je prends note du titre du roman. J'ai devant moi son roman Le Livre noir qui demande à être lu.
Merci de votre passage.
Amicalement
@ Giulio : Je connais des domaines où l'aigle s'appelerait plutôt Giulio.
Merci pour la citation.
Amicalement
Cela me rappelle Rabat et Salé. Deux villes qui se détestent en apparence mais qui se complètent en toute évidence
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