Énièmes quêtes de Laurent Fels dans
Anabase de Saint-John Perse
Le dernier-né de Laurent Fels, ce jeune père d’une famille déjà nombreuse de recueils de poèmes, ainsi que de conférences, d’études et essais poétologiques,(1) s’appelle «Quête ésotérique et création poétique dans Anabase de Saint-John Perse» (2). Il est vrai qu’on a déjà fait plus court comme titre; mais au moins a-t-il le mérite d’être parlant et ne présume d’ailleurs nullement des dimensions de l’ouvrage. Celui-ci est en fait très compact et offre en 145 petites pages – une analyse incroyablement dense et détaillée de ce grand poème qu’est Anabase, mais aussi de la personnalité de son auteur, Saint-John Perse, voire du poète et de la création poétique en général.
L’éditeur nous donne un bon synopsis du travail felsien, aperçu que je citerai à peine abrégé(3): «Cet ouvrage essaie de retracer les différentes étapes du poème Anabase (1924), per se une profonde réflexion sur la création poétique de Saint-John Perse. Autour de l’exploration (...) d'un continent que l'on ne saurait localiser avec précision (...), d'un inconscient où germent les vers d'une épopée née de l'ambiguïté, se dégage un véritable rituel poétique que vient enrichir le goût pour (...) la psychanalyse. Le poème, qui tire son originalité de ses richesses ésotériques, philosophiques, psychanalytiques et scientifiques, devient un (...) lieu de rencontre d'inspirations et de savoirs divers. Cette étude (...) se donne un double objectif: analyser le parcours ésotérique du poète, c'est-à-dire partir de l'«anabase extérieure» (chevauchée à travers un continent, puis destruction des terres par la violence et finalement création d'une nouvelle Ville) pour aboutir à cette «anabase intérieure» qui mène au Moi profond du poète: le «point sensible» du front «où le poème s'établit». Quelle importance faut-il accorder à la dimension psychanalytique lorsque nous lisons Saint-John Perse? Le poème (...) miroir de l'inconscient? Voilà quelques-unes des interrogations qui ont guidé l'auteur (...) dans sa lecture (...) de cette oeuvre extrêmement riche.»
Et ces interrogations ont, me semble-t-il, trouvé des réponses, sinon incontestables et définitives, en tout cas parfaitement à même de jeter un éclairage à la fois large, précis et pertinent sur «Anabase», cette oeuvre majeure de Saint-John Perse.(4) Dans son introduction, Laurent Fels commence par demander: «Une poésie impénétrable?» En attendant que vous puissiez lire sa réponse, je vous (r)assure que non. Mais elle est hermétique, ça oui. Mais tout code peut être déchiffré. Et le mérite majeur de notre brillant essayiste consiste justement à nous présenter une épopée surréaliste aussi complexe qu’Anabase de manière assez claire pour nous la rendre accessible. C’est magistral dans tous les sens du mot.
Pas à pas, sans nous soumettre à une avalanche de mots savants ou de concepts abstraits, Fels nous introduit dans le monde de Saint-John Perse. Première étape: comprendre sa cosmogonie (science de la formation du cosmos, du monde, ici, du monde persien). Et Fels de nous présenter ce qui me rappelle le principe nietzschéen de la destruction préalable à toute (re)fondation, cher à Gide, mais en bien plus violent.(5) Ensuite il nous mène de la nuit cosmique (chaos?) à la fondation de la Ville dans ce désert que Perse a intériorisé (ésotérisme) à partir des (exotérisme) vastités de Chine. Fels nous introduit dès lors à ces 4 éléments – très concrets à priori – sur lesquels le poète bâtit sa Ville, métaphore de la création poétique. Il s’agit...
1° du feu ou de la catharsis (purification) préliminaire,
2° de la terre ou du soubassement de la Ville-poème,
3° de l’eau ou du retour à la mer. Fels y établit: «le poème est un produit de l’âme qui a d’abord été projeté sur la mer, puis retiré de l’eau» et cite Perse: «Mon âme est pleine de mensonge,(6) comme la mer agile et forte sous la vocation de l’éloquence (...) Et le doute s’élève sur la réalité des choses.»
4° de l’air ou de l’invitation au voyage.
Il précise enfin que: «chacun des quatre éléments appartient aussi bien au domaine du concret qu’à celui de l’abstrait (...) joue ainsi le rôle d’embrayeur entre le monde matériel et l’univers mental et renforce (...) l’analogie entre la fondation de la ville et l’oeuvre poétique».
Ainsi nous approchons petit à petit la fin de cette première partie consacrée à la cosmogonie persienne. Fels la peaufine en présentant l’«Anabase» comme apologie du mouvement et le cheval – de Mongolie, poulain puis adulte – comme symbole essentiel dans cette chevauchée poétique. Il la conclut au chapitre 5, où il écrit que c’est au tour de la terre d’être livrée aux explications et d’accepter le symbole comme métaphore du réel, afin de comprendre la genèse d’Anabase. «Composée entre 1916 et 1921, l’oeuvre se situe entre deux courants littéraires, le symbolisme et le surréalisme». Or, tout le monde ayant quelque idée de ce qu’est le surréalisme et celui-ci faisant d’ailleurs plus qu’à son tour appel à la symbolique, c’est à l’analyse détaillée du terme symbole, que Fels consacrera avec une remarquable limpidité ce dernier chapitre de la 1ère partie de l’ouvrage.
Mais c’est surtout dans la deuxième partie, plus profonde et, somme toute, plus prenante, l’«Anabase ésotérique», que Laurent Fels donne toute la mesure de sa science poétologique, philosophique et littéraire, ainsi que de sa compétence didactique. Rarement des idées aussi complexes ont été décomposées et exposées de manière aussi explicite. Le lecteur lambda comprend, puis croit comprendre, fait fausse route, proteste, se trompe, intrigué, revient sur ses pas, comprend mieux, réfléchit, discute, note en marge, développe ses propres vues... C’est passionnant.
Exemple: j’ai pensé un moment que par goût pour l’ésotérisme, Fels y ramenait plus de Saint-John Perse qu’il n’y convenait. Et j’étais bien décidé à le proclamer. Mm... prudence... Lis donc jusqu’au bout avant de juger, me suis-je dit. Aussi fis-je l’effort de poursuivre ma lecture et bien m’en prit. Tout devint clair grâce à un éclairage par les antagonismes (mais aussi couples/harmonies) comme matière–esprit, exotérique–ésotérique, extérieur–intérieur, conscient–subconscient, état–mouvement, ouvert–occulte, narrateur–étranger(7), ordre–chaos, clair-obscur.... C’est que dans cette dernière partie, entre
le premier chapitre (et 1ère opposition): «Du monde extérieur au repli sur soi»,
le second chapitre (opposition/symbiose): «La figure de l’Étranger ou l’alter ego du narrateur» et
le troisième chapitre, tout entier consacré à «L’éclat des contraires» (bruit–silence, plein–vide, féminin–masculin, repos–mouvement, vie–mort), le chemin est rocailleux et à rien ne sert de trop hâtivement conclure.
Mais c’est Laurent Fels lui-même qui vous expliquera tout cela en détail dans son livre, et je ne serais guère étonné que bon nombre d’entre vous, amis lecteurs, ne se laissent amener par lui à aimer, sinon Anabase ou Saint-John Perse, en tout cas la poésie au sens large du mot.
En effet – et c’est le clou de l’ouvrage – le 4e chapitre de la 2e partie (et dernier du livre), «Le poème comme création subliminale», va bien au-delà d’une analyse d’Anabase ou même de la poésie persienne, mais explique (et m’a permis pour la première fois de vraiment comprendre) ce qu’est et comment fonctionne la poésie. Chapitre d’une richesse extrême, il mériterait de se voir consacrer une présentation à lui tout seul. Aussi ne puis-je pas l’approfondir ici, mais soutiens que, même ceux n’aimeraient ni Saint-John Perse, ni Anabase, ni la poésie en général, devraient lire et relire ce petit chef-d’œuvre: cerise sur un gâteau à savourer sans modération.
1) autres articles sur L. Fels dans Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek: 25.4.06 «Comme un sourire», 19.6.07 Intermittences, 13.12.07 Sous l’égide du bleu - essai sur l’oeuvre d’Élisa Huttin, 21.12.07 La dernière tombe restera ouverte», 2.4.09 Regards sur la poésie du XXe siècle -Tome I et 7.11.09 Arcendrile suivi de Nielles (ces deux derniers peuvent être lus sur http://www.zlv.lu/ > Archiv > Laurent Fels
2) Éditions scientifiques internationales P.I.E. PETER LANG S.A., Bruxelles, http://www.peterlang.com/ info@peterlang.com
3) Introduction complète sub www.peterlang.com/PDF/Buecher/Intro/21578_Intro.pdf
4) Saint-John Perse, pseudonyme d’Alexis Léger, né en 1887 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), rentré en métropole en 1904, étudie droit à Bordeaux, mais aussi médecine et Lettres. En 1909, il publie Images à Crusoé, variation poétique sur le mythe de l’exilé et en 1911 le recueil de poèmes Éloges. Diplomate dès 1914, il est affecté de 1916 à 1921 en Chine, matrice intellectuelle d’Anabase, publiée en 1924 sous le pseudonyme de Saint-John Perse dont il use désormais. Bras droit d’Aristide Briand de 1925 à 1932, puis secrétaire général des Affaires étrangères, il s’exile en 1940 aux Etats-Unis. Déchu de la nationalité française par Vichy, il la retrouve à la Libération, reçoit en 1960 le Prix Nobel de Littérature et meurt en 1975. (bio détaillée sub http://www.fr.wikipedia.org/wiki/Saint-John_Perse)
5) dans sa note 12, p.40, Fels cite Perse critiquant Nietzsche: «… sa haine du métaphysique n’engendre même pas une fuite en avant: une simple fuite arrière qui, loin de l’affranchir, lui jouera (...) ce mauvais tour, de le ramener (...) à cette autre servitude, d’une aussi piètre hantise: celle du perpétuel retour.
6) Déjà au chapitre du « feu » Fels explique que «Le mensonge n’a ici rien de négatif. Bien au contraire, il constitue l’essence même de l’art et (...) de l’oeuvre poétique. Son absence entraînerait presque la non-existence de l’oeuvre poétique...». Reste que Saint-John Perse semble avoir été sa vie durant un grand affabulateur prenant un malin plaisir à fourvoyer/mystifier son entourage et ses lecteurs autant qu’à se mentir à lui-même (ou à se chercher, ce qui est souvent pareil).
7) le binôme narrateur/étranger reflète l’auteur comme partie prenante du poème
Giulio-Enrico Pisani
Luxembourg, janvier 2009
Anabase de Saint-John Perse
Le dernier-né de Laurent Fels, ce jeune père d’une famille déjà nombreuse de recueils de poèmes, ainsi que de conférences, d’études et essais poétologiques,(1) s’appelle «Quête ésotérique et création poétique dans Anabase de Saint-John Perse» (2). Il est vrai qu’on a déjà fait plus court comme titre; mais au moins a-t-il le mérite d’être parlant et ne présume d’ailleurs nullement des dimensions de l’ouvrage. Celui-ci est en fait très compact et offre en 145 petites pages – une analyse incroyablement dense et détaillée de ce grand poème qu’est Anabase, mais aussi de la personnalité de son auteur, Saint-John Perse, voire du poète et de la création poétique en général.
L’éditeur nous donne un bon synopsis du travail felsien, aperçu que je citerai à peine abrégé(3): «Cet ouvrage essaie de retracer les différentes étapes du poème Anabase (1924), per se une profonde réflexion sur la création poétique de Saint-John Perse. Autour de l’exploration (...) d'un continent que l'on ne saurait localiser avec précision (...), d'un inconscient où germent les vers d'une épopée née de l'ambiguïté, se dégage un véritable rituel poétique que vient enrichir le goût pour (...) la psychanalyse. Le poème, qui tire son originalité de ses richesses ésotériques, philosophiques, psychanalytiques et scientifiques, devient un (...) lieu de rencontre d'inspirations et de savoirs divers. Cette étude (...) se donne un double objectif: analyser le parcours ésotérique du poète, c'est-à-dire partir de l'«anabase extérieure» (chevauchée à travers un continent, puis destruction des terres par la violence et finalement création d'une nouvelle Ville) pour aboutir à cette «anabase intérieure» qui mène au Moi profond du poète: le «point sensible» du front «où le poème s'établit». Quelle importance faut-il accorder à la dimension psychanalytique lorsque nous lisons Saint-John Perse? Le poème (...) miroir de l'inconscient? Voilà quelques-unes des interrogations qui ont guidé l'auteur (...) dans sa lecture (...) de cette oeuvre extrêmement riche.»
Et ces interrogations ont, me semble-t-il, trouvé des réponses, sinon incontestables et définitives, en tout cas parfaitement à même de jeter un éclairage à la fois large, précis et pertinent sur «Anabase», cette oeuvre majeure de Saint-John Perse.(4) Dans son introduction, Laurent Fels commence par demander: «Une poésie impénétrable?» En attendant que vous puissiez lire sa réponse, je vous (r)assure que non. Mais elle est hermétique, ça oui. Mais tout code peut être déchiffré. Et le mérite majeur de notre brillant essayiste consiste justement à nous présenter une épopée surréaliste aussi complexe qu’Anabase de manière assez claire pour nous la rendre accessible. C’est magistral dans tous les sens du mot.
Pas à pas, sans nous soumettre à une avalanche de mots savants ou de concepts abstraits, Fels nous introduit dans le monde de Saint-John Perse. Première étape: comprendre sa cosmogonie (science de la formation du cosmos, du monde, ici, du monde persien). Et Fels de nous présenter ce qui me rappelle le principe nietzschéen de la destruction préalable à toute (re)fondation, cher à Gide, mais en bien plus violent.(5) Ensuite il nous mène de la nuit cosmique (chaos?) à la fondation de la Ville dans ce désert que Perse a intériorisé (ésotérisme) à partir des (exotérisme) vastités de Chine. Fels nous introduit dès lors à ces 4 éléments – très concrets à priori – sur lesquels le poète bâtit sa Ville, métaphore de la création poétique. Il s’agit...
1° du feu ou de la catharsis (purification) préliminaire,
2° de la terre ou du soubassement de la Ville-poème,
3° de l’eau ou du retour à la mer. Fels y établit: «le poème est un produit de l’âme qui a d’abord été projeté sur la mer, puis retiré de l’eau» et cite Perse: «Mon âme est pleine de mensonge,(6) comme la mer agile et forte sous la vocation de l’éloquence (...) Et le doute s’élève sur la réalité des choses.»
4° de l’air ou de l’invitation au voyage.
Il précise enfin que: «chacun des quatre éléments appartient aussi bien au domaine du concret qu’à celui de l’abstrait (...) joue ainsi le rôle d’embrayeur entre le monde matériel et l’univers mental et renforce (...) l’analogie entre la fondation de la ville et l’oeuvre poétique».
Ainsi nous approchons petit à petit la fin de cette première partie consacrée à la cosmogonie persienne. Fels la peaufine en présentant l’«Anabase» comme apologie du mouvement et le cheval – de Mongolie, poulain puis adulte – comme symbole essentiel dans cette chevauchée poétique. Il la conclut au chapitre 5, où il écrit que c’est au tour de la terre d’être livrée aux explications et d’accepter le symbole comme métaphore du réel, afin de comprendre la genèse d’Anabase. «Composée entre 1916 et 1921, l’oeuvre se situe entre deux courants littéraires, le symbolisme et le surréalisme». Or, tout le monde ayant quelque idée de ce qu’est le surréalisme et celui-ci faisant d’ailleurs plus qu’à son tour appel à la symbolique, c’est à l’analyse détaillée du terme symbole, que Fels consacrera avec une remarquable limpidité ce dernier chapitre de la 1ère partie de l’ouvrage.
Mais c’est surtout dans la deuxième partie, plus profonde et, somme toute, plus prenante, l’«Anabase ésotérique», que Laurent Fels donne toute la mesure de sa science poétologique, philosophique et littéraire, ainsi que de sa compétence didactique. Rarement des idées aussi complexes ont été décomposées et exposées de manière aussi explicite. Le lecteur lambda comprend, puis croit comprendre, fait fausse route, proteste, se trompe, intrigué, revient sur ses pas, comprend mieux, réfléchit, discute, note en marge, développe ses propres vues... C’est passionnant.
Exemple: j’ai pensé un moment que par goût pour l’ésotérisme, Fels y ramenait plus de Saint-John Perse qu’il n’y convenait. Et j’étais bien décidé à le proclamer. Mm... prudence... Lis donc jusqu’au bout avant de juger, me suis-je dit. Aussi fis-je l’effort de poursuivre ma lecture et bien m’en prit. Tout devint clair grâce à un éclairage par les antagonismes (mais aussi couples/harmonies) comme matière–esprit, exotérique–ésotérique, extérieur–intérieur, conscient–subconscient, état–mouvement, ouvert–occulte, narrateur–étranger(7), ordre–chaos, clair-obscur.... C’est que dans cette dernière partie, entre
le premier chapitre (et 1ère opposition): «Du monde extérieur au repli sur soi»,
le second chapitre (opposition/symbiose): «La figure de l’Étranger ou l’alter ego du narrateur» et
le troisième chapitre, tout entier consacré à «L’éclat des contraires» (bruit–silence, plein–vide, féminin–masculin, repos–mouvement, vie–mort), le chemin est rocailleux et à rien ne sert de trop hâtivement conclure.
Mais c’est Laurent Fels lui-même qui vous expliquera tout cela en détail dans son livre, et je ne serais guère étonné que bon nombre d’entre vous, amis lecteurs, ne se laissent amener par lui à aimer, sinon Anabase ou Saint-John Perse, en tout cas la poésie au sens large du mot.
En effet – et c’est le clou de l’ouvrage – le 4e chapitre de la 2e partie (et dernier du livre), «Le poème comme création subliminale», va bien au-delà d’une analyse d’Anabase ou même de la poésie persienne, mais explique (et m’a permis pour la première fois de vraiment comprendre) ce qu’est et comment fonctionne la poésie. Chapitre d’une richesse extrême, il mériterait de se voir consacrer une présentation à lui tout seul. Aussi ne puis-je pas l’approfondir ici, mais soutiens que, même ceux n’aimeraient ni Saint-John Perse, ni Anabase, ni la poésie en général, devraient lire et relire ce petit chef-d’œuvre: cerise sur un gâteau à savourer sans modération.
1) autres articles sur L. Fels dans Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek: 25.4.06 «Comme un sourire», 19.6.07 Intermittences, 13.12.07 Sous l’égide du bleu - essai sur l’oeuvre d’Élisa Huttin, 21.12.07 La dernière tombe restera ouverte», 2.4.09 Regards sur la poésie du XXe siècle -Tome I et 7.11.09 Arcendrile suivi de Nielles (ces deux derniers peuvent être lus sur http://www.zlv.lu/ > Archiv > Laurent Fels
2) Éditions scientifiques internationales P.I.E. PETER LANG S.A., Bruxelles, http://www.peterlang.com/ info@peterlang.com
3) Introduction complète sub www.peterlang.com/PDF/Buecher/Intro/21578_Intro.pdf
4) Saint-John Perse, pseudonyme d’Alexis Léger, né en 1887 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), rentré en métropole en 1904, étudie droit à Bordeaux, mais aussi médecine et Lettres. En 1909, il publie Images à Crusoé, variation poétique sur le mythe de l’exilé et en 1911 le recueil de poèmes Éloges. Diplomate dès 1914, il est affecté de 1916 à 1921 en Chine, matrice intellectuelle d’Anabase, publiée en 1924 sous le pseudonyme de Saint-John Perse dont il use désormais. Bras droit d’Aristide Briand de 1925 à 1932, puis secrétaire général des Affaires étrangères, il s’exile en 1940 aux Etats-Unis. Déchu de la nationalité française par Vichy, il la retrouve à la Libération, reçoit en 1960 le Prix Nobel de Littérature et meurt en 1975. (bio détaillée sub http://www.fr.wikipedia.org/wiki/Saint-John_Perse)
5) dans sa note 12, p.40, Fels cite Perse critiquant Nietzsche: «… sa haine du métaphysique n’engendre même pas une fuite en avant: une simple fuite arrière qui, loin de l’affranchir, lui jouera (...) ce mauvais tour, de le ramener (...) à cette autre servitude, d’une aussi piètre hantise: celle du perpétuel retour.
6) Déjà au chapitre du « feu » Fels explique que «Le mensonge n’a ici rien de négatif. Bien au contraire, il constitue l’essence même de l’art et (...) de l’oeuvre poétique. Son absence entraînerait presque la non-existence de l’oeuvre poétique...». Reste que Saint-John Perse semble avoir été sa vie durant un grand affabulateur prenant un malin plaisir à fourvoyer/mystifier son entourage et ses lecteurs autant qu’à se mentir à lui-même (ou à se chercher, ce qui est souvent pareil).
7) le binôme narrateur/étranger reflète l’auteur comme partie prenante du poème
Giulio-Enrico Pisani
Luxembourg, janvier 2009
3 commentaires:
Passionnant ce billet, vraiment passionnant. Je recommande à tous les passants et amis de ce blog de s'arrêter pour le lire et de ne pas être effrayé par la longueur de ce texte ni par l'idée ou l'étiquette de complexité que renvoie le nom du poète Perse. Fels nous explique et nous rend accessible Perse et Giulio fait de même pour Fels. Je m'attendais à lire des "trucs" compliqués, il n'en est rien. Tout est simple et clair. En lisant ce billet, Anabase me faisait songer au "Seigneur des Anneaux" de Tolkien et tout l'hermétisme chez Perse me le faisait rapprocher des soufis persans. D'ailleurs pourquoi a t-il choisi "Perse" comme pseudonyme ? Je n'ai plus qu'une envie : de me jeter dans la lecture de ce livre. Merci Giulio. Juste une dernière chose : on ne dit pas "persien" mais "persan", non, je blague. Amicalement.
oui, comment peut-on être, persan,
ou persien, perse, persique,
ou pers comme les yeux d'Athéna,
ou Persée comme le fils de Danaé,
ou persienne ex moucharabieh,
ou persane, pour la santé,
ou Perse... Saint-John... dommage; nous n'avons pas été présentés.
.
"A la question toujours posée : "Pourquoi écrivez-vous ?" La réponse est toujours la plus brêve : "Pour mieux vivre."
St. John Perse
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