Des portes
La porte est hésitation entre ouverture et fermeture. Elle trace les contours du dedans et du dehors, de l’ici et de l’ailleurs. La porte est bivalence, elle signifie quasi indifféremment la chose et son autre.
Mais la porte est aussi un non lieu, juste une frêle frontière. Elle illustre la proximité entre distance et proximité.
La porte se prête à tous les franchissements. C’est ce franchissement apparentant la porte au « trans » qui en fait un objet éminemment poétique.
La porte : l’ailleurs. Et il est beau de claquer les portes à l’âge où le désir est irrésistible.
La porte vaut aussi par son seuil.
C’est le portefaix des Mille et Une Nuits qui voit s’ouvrir devant lui la porte des plaisirs et des splendeurs. Il y a porte et porte. Dans un roman, un poème ou une pièce de théâtre, la porte correspond à une incursion dans un nouvel espace, celui du texte. C’est sans doute pourquoi tous les romans du XIXème comportent dans les toutes premières pages le verbe « entrer ». Il y a une porte dérobée dans chaque roman !
Un travail à entreprendre : les portes dans Les Mille et Une Nuits ou dans tout autre texte majeur.
A collectionner : des portes. Portes ouvragées d’autrefois qui, s’élevant au stade d’œuvre d’art, font oublier que la première fonction des portes est d’enfermer.
Fermée, la porte ne demande qu’à être ouverte, et ouverte elle invite à être fermée, à circonscrire l’espace de l’intimité.
Et la porte appelle sa clef. A chaque porte sa clef depuis le « Sésame ouvre-toi », clé verbale, jusqu’à la carte magnétique.
Il y a aussi cette aptitude des portes à se décliner à l’infini. Cela va d’Eros à Thanatos.
Et il est des portes à ouvrir, des portes à défoncer. Il se peut que vivre soit un parcours de porte en porte. Certaines se referment d’elles-mêmes (l’enfance, la jeunesse), d’autres nous sont fermés au nez ou se referment derrière nous. Un jour mon ami le poète américain Sanford Fraser m’a confié que pour lui la porte, c’est aussi l’issue finale, celle de toute vie.
Gardons tout de même à la porte sa large polysémie.
La porte est hésitation entre ouverture et fermeture. Elle trace les contours du dedans et du dehors, de l’ici et de l’ailleurs. La porte est bivalence, elle signifie quasi indifféremment la chose et son autre.
Mais la porte est aussi un non lieu, juste une frêle frontière. Elle illustre la proximité entre distance et proximité.
La porte se prête à tous les franchissements. C’est ce franchissement apparentant la porte au « trans » qui en fait un objet éminemment poétique.
La porte : l’ailleurs. Et il est beau de claquer les portes à l’âge où le désir est irrésistible.
La porte vaut aussi par son seuil.
C’est le portefaix des Mille et Une Nuits qui voit s’ouvrir devant lui la porte des plaisirs et des splendeurs. Il y a porte et porte. Dans un roman, un poème ou une pièce de théâtre, la porte correspond à une incursion dans un nouvel espace, celui du texte. C’est sans doute pourquoi tous les romans du XIXème comportent dans les toutes premières pages le verbe « entrer ». Il y a une porte dérobée dans chaque roman !
Un travail à entreprendre : les portes dans Les Mille et Une Nuits ou dans tout autre texte majeur.
A collectionner : des portes. Portes ouvragées d’autrefois qui, s’élevant au stade d’œuvre d’art, font oublier que la première fonction des portes est d’enfermer.
Fermée, la porte ne demande qu’à être ouverte, et ouverte elle invite à être fermée, à circonscrire l’espace de l’intimité.
Et la porte appelle sa clef. A chaque porte sa clef depuis le « Sésame ouvre-toi », clé verbale, jusqu’à la carte magnétique.
Il y a aussi cette aptitude des portes à se décliner à l’infini. Cela va d’Eros à Thanatos.
Et il est des portes à ouvrir, des portes à défoncer. Il se peut que vivre soit un parcours de porte en porte. Certaines se referment d’elles-mêmes (l’enfance, la jeunesse), d’autres nous sont fermés au nez ou se referment derrière nous. Un jour mon ami le poète américain Sanford Fraser m’a confié que pour lui la porte, c’est aussi l’issue finale, celle de toute vie.
Gardons tout de même à la porte sa large polysémie.
12 commentaires:
C'est amusant, comme ta phrase "Il se peut que vivre soit un parcours de porte en porte et ce qui suit définit précisément la trame de "Portes d'arrêt".
Question: quelle est l'origine de ces splendides portes cochères à arc outrepassé peintes en bleu et artistement cloutées que l'on voit un peu partout en Tunisie?
Ailleurs aussi au Maghreb?
Cher Giulio,
Ces portes traditionnelles se voient à Fèz, à Tlemcen, à Marakech mais là où elles sont sublimes c'est à Sidi Bou Said où le bleu est de rigueur.
Amicalement
Une porte.
Je lis votre article et je vois la dernière porte peinte par Hopper.
une hésitation, savoir dire en un mot tant de choses.
« Fermée, la porte ne demande qu’à être ouverte, et ouverte elle invite à être fermée, à circoncire l’espace de l’intimité. » Circoncire ou circonscrire ? Il faut voir…
La porte, du latin «porta » désignait initialement un passage et plus particulièrement dans les murailles d’une ville. Puis, de là, le terme a désigné le panneau de bois qui refermait cette ouverture (par métonymie, donc).
Des murailles, il s’est étendu aux entrées des châteaux-forts et finalement aux maisons, où il a supplanté le mot «huis » (du latin «ostium »).
Ce qui est fascinant, c’est cette idée de passage. La porte ferme le passage mais elle peut s’ouvrir, renouant du même coup avec sa propre étymologie.
Cette idée de passage se retrouve en géographie, comme les ports pyrénéens, autrement dit les passages entre deux montagnes. Le plus célèbre est certainement Saint-Jean-Pied-de-Port, car c’est par ce passage que l’armée de Charlemagne revient en France, après son expédition contre les Sarrasins d’Espagne et c’est là que son neveu Roland, le comte de la Marche de Bretagne, fut attaqué et massacré par les Basques avec toute l’arrière-garde de l’armée, comme nous le dit la Chanson de Roland :
Carles li reis, nostre emper[er]e magnes
Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne:
Tresqu'en la mer cunquist la tere altaigne.
N'i ad castel ki devant lui remaigne;
(…)
Li quens Rollant se jut desuz un pin;
Envers Espaigne en ad turnet sun vis.
De plusurs choses a remembrer li prist:
De tantes teres cum li bers conquist,
De dulce France, des humes de sun lign,
De Carlemagne, sun seignor, kil nurrit.
Ne poet muer n'en plurt e ne suspirt.
Mais lui meïsme ne volt mettre en ubli,
Cleimet sa culpe, si priet Deu mercit
(…)
Seint Gabriel de sa main l'ad pris.
Desur sun braz teneit le chef enclin;
Juntes ses mains est alet a sa fin.
Deus tramist sun angle Cherubin,
E seint Michel del Peril;
2395
Ensembl'od els sent Gabriel i vint.
L'anme del cunte portent en pareïs.
Ce « port » là (passage)vient de «portus », car à côté de notre mot « porta » existait une forme masculine. Ce « portus » a également donné notre port maritime (avec le sens d’entrée dans un abri aménagé dans la côte ou le littoral).
Notons que l’expression « La Sublime Porte » pour désigner la cour de l’empereur turc viendrait du fait que celui-ci tenait audience au seuil de son palais.
@ caro_carito : j'aurais dû illustrer mon billet avec Rooms by the sea.
Merci de votre passage.
(Plaisir de découvrir votre blog)
@ Feuilly : J'ai corrigé cette coquille cocasse.
Je vous remercie pour toutes ces précisions. Magistral !
Amicalement
http://midi-a-sa-porte.hautetfort.com/portes_de_tunisie/
Cher Jalel,
ce lien vers un blogue qui va de porte en porte...
FONDRIERE
Porte et fenêtre
Couloirs de vent
Balises de compas
Pour sensations d'itinéraires
D'un pas franchir
Sans y aller
Saveur d'un mouvement
Qui ne bouge pas
Secret derrière la porte
Ouverte à tout vent
Qui l'imagine fermée
Pour au mieux la séduire
@ Michèle : c'est somptueux ! Merci Michèle
@ GMC : merci pour la traduction en poésie
Amicalement
bonsoir!
et merci à Michèle pour la "mise en relation"
si vous le permettez je cacherai un lien vers ce billet lors d'une prochaine porte !
à bientôt !
oui, avec plaisir Thomas P.
Merci à vous et à Michèle
voilà, c'est donc fait !
Superbe ! Merci encore Thomas P
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