Gaspard Hons,
Roses improbables.
Ce recueil tout récent de Gaspard Hons, prix Robert Goffin 2008, est porteur d’une interrogation, la même : comment se fait-il que ce qui fait phénomène – une rose par exemple – puisse être tout à la fois indice de présence et de vacuité. Et l’on peut décliner la question à l’envi. J’essaie même d’en donner une déclinaison calligraphique : le plein exprimant le délié. Cette proximité entre l’être et le néant n’a pas d’explication autre que la rémanence du signe « même effacées les roses continuent à fleurir. » Dès lors la vacuité aurait comme synonyme possible : la nudité. L’absence serait alors le réel moins le visible. Et le poète est lecteur de l’illisible dans un monde riche en métempsycoses, en métamorphoses qui se liguent toutes pour dire l’unité du monde. La question n’est pas tant de savoir ce qu’il faut chercher que de saisir les motivations même de la quête. La question se pose parce que nous sommes dans un monde régi par un impératif oxymorique : connaître l’inconnaissable ; en avoir un « avant-goût » : « Le goût d’une pensée effacée / est un avant-goût de la réalité ultime ». Qu’on ne s’y trompe pas : il y a loin entre goût et avant-goût. Le premier est appréciation sensorielle que peut même surdéterminer un coefficient sensuel ; le second n’est en rien sensoriel. Il est de l’ordre de la connaissance. L’avant-goût est toujours porté vers l’avenir. Il prend appui sur le vécu, le connu pour scruter l’inconnu. La seule aspiration légitime du poète : être voyant, non pas dans les conditions que décrit Rimbaud dans sa lettre à Paul Demeny mais plutôt comme l’écrirait un mystique capable d’ajointer visible et invisible, connaissable et inconnaissable ; d’en transcender les dichotomies pour aboutir à une poésie entendue comme mode de connaissance :
« j’entends une musique absente comme je vois / une rose qui n’existe pas »
Cela est rendu possible par le pouvoir de la pensée. Le monde est tributaire de nos pensées ; il en est même le fruit. Dès lors que de sources d’émerveillement. Cà et là ce ne sont que « pluie de roses » , « un éclair sans nom » et même une rose « qui a perdu son nom ».
Elles se mettent en péril les roses pour dire les différences essentielles ; celle qui sépare être et exister, la pensée de son objet et le sujet pensant du monde.
Il y a chez Gaspard Hons, grand lecteur de Paul Celan, comme une « parole [jamais ] en défaut.
Gaspard Hons : Roses improbables Le Taillis Pré 2009.
Roses improbables.
Ce recueil tout récent de Gaspard Hons, prix Robert Goffin 2008, est porteur d’une interrogation, la même : comment se fait-il que ce qui fait phénomène – une rose par exemple – puisse être tout à la fois indice de présence et de vacuité. Et l’on peut décliner la question à l’envi. J’essaie même d’en donner une déclinaison calligraphique : le plein exprimant le délié. Cette proximité entre l’être et le néant n’a pas d’explication autre que la rémanence du signe « même effacées les roses continuent à fleurir. » Dès lors la vacuité aurait comme synonyme possible : la nudité. L’absence serait alors le réel moins le visible. Et le poète est lecteur de l’illisible dans un monde riche en métempsycoses, en métamorphoses qui se liguent toutes pour dire l’unité du monde. La question n’est pas tant de savoir ce qu’il faut chercher que de saisir les motivations même de la quête. La question se pose parce que nous sommes dans un monde régi par un impératif oxymorique : connaître l’inconnaissable ; en avoir un « avant-goût » : « Le goût d’une pensée effacée / est un avant-goût de la réalité ultime ». Qu’on ne s’y trompe pas : il y a loin entre goût et avant-goût. Le premier est appréciation sensorielle que peut même surdéterminer un coefficient sensuel ; le second n’est en rien sensoriel. Il est de l’ordre de la connaissance. L’avant-goût est toujours porté vers l’avenir. Il prend appui sur le vécu, le connu pour scruter l’inconnu. La seule aspiration légitime du poète : être voyant, non pas dans les conditions que décrit Rimbaud dans sa lettre à Paul Demeny mais plutôt comme l’écrirait un mystique capable d’ajointer visible et invisible, connaissable et inconnaissable ; d’en transcender les dichotomies pour aboutir à une poésie entendue comme mode de connaissance :
« j’entends une musique absente comme je vois / une rose qui n’existe pas »
Cela est rendu possible par le pouvoir de la pensée. Le monde est tributaire de nos pensées ; il en est même le fruit. Dès lors que de sources d’émerveillement. Cà et là ce ne sont que « pluie de roses » , « un éclair sans nom » et même une rose « qui a perdu son nom ».
Elles se mettent en péril les roses pour dire les différences essentielles ; celle qui sépare être et exister, la pensée de son objet et le sujet pensant du monde.
Il y a chez Gaspard Hons, grand lecteur de Paul Celan, comme une « parole [jamais ] en défaut.
Gaspard Hons : Roses improbables Le Taillis Pré 2009.
11 commentaires:
Cher ami, voilà un texte bien dense, sur lequel il faudra que je revienne. Juste une réaction à chaud concernant "la pluie de roses" dont parle Gaspar Hons, "pluie de roses" qui m'évoque "la pluie de tulipes" dont parlait le grand poète Muhammad Iqbal.
CHER jALEL,
est-ce que tu ne connaîtrais pas maram al masri ? Il me semble que si, que ce serait possible. Je l'ai rencontrée à bx où j'étais invitée avec elle et une autre poétesse turque Ayten Mutlu. Je me duis demandée si....
Bonne journée de printemps pour demain.
@ Pier Paolo : Ne pensez-vous pas que ces pluies - malgré l'euphorie que leur attribuent les fleurs- sont l'expression, la survivance d'une fantasmagorie, expression d'une inquiétude ontologique ? Je ne sais pas.
@ Brigitte : prenons rendez-vous tous les trois pour dans quelques jours . D'accord ?
Merci de votre passage
"L’absence serait alors le réel moins le visible", bien sûr, cher Jalel, tout comme les poètes, une fois disparus, donc absents, restent, en dépit de leur non-visibilité, une réalité permanente.
Ainsi les roses ont beau ne vivre que l'espace d'un matin; dans l'empire de la poésie, où le soleil ne se couche jamais, elles vivent ce vivent les poètes... et leurs lecteurs
.
@ Giulio : nous ne sommes pas loin de l'idée que le monde est son image. Non ?
Les propos de Mallarmée:"Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli ou ma voix relègue aucun contour en tant que quelque chose d'autre que les calice sus, musicalement se lève idée meme et suave, l'abssente de tous bouquets" illustrent me semble-t-il la dichotomie présence/absence. Le sensible s'avère donc pauvre et vide. Cette pauvreté s'oppose à la plénitude et à la richesse de l'idée.En d'autres termes, le sensible n'est que la copie, l'idée reste le modèle.
@ Emna Nhouchi : disons que le monde, chose intelligible, est à l'image de nos représentations.
Merci de votre passage
Vous serez à Bordeaux dans quelques jours Jalel?!
Non , chère Soulef.
" Je t'aime...je t'aime... "
Auteur de plus de 70 livres en arabe allant des essais de critique littéraire à l'établissement d'anciens textes et de travaux de recherche en histoire sociale et littéraire, l'universitaire et homme de lettres connu, Dr Ahmed Touili vient d'enrichir cette longue liste d'écrits par un nouvel essai de critique littéraire en arabe consacré au célèbre poète arabe et syrien contemporain Nizar Qabbani, sous le titre '' Nizar Qabbani, poète des femmes''.
Outre son édition belle et attrayante, le livre peut prétendre, sur le plan du contenu, à une place de choix parmi les dizaines d'écrits ayant déjà traité du sujet.
Rodé aux techniques et exigences de la recherche et de la critique scientifique et littéraire, l'auteur a délibérément évité les longs développements théoriques au profit d'une compilation intelligente des nombreux documents de toutes sortes relatifs à ce poète : ouvrages d'autres auteurs, interviews, articles de presse, correspondances, le tout abondamment étayé d'exemples tirés des recueils de poésie de Nizar Qabbani.
'O, verte Tunisie, me voilà venu, en amoureux, portant sur mon front une rose et un livre.'' ( Ya tounès al khadhra j'itouki achikan, wa ala jabini wardatoun wa kitabou.).....Nizar Quabbani
j'ai oublié de mentionner que ce "paragraphe est une copie collée d'un article (une partie) de LA PRESSE
http://www.jetsetmagazine.net/culture/revue,presse/vient-de-paraitre---nizar-qabbani-poete-des-femmes--du-dr-ahmed-touili.21.4398.html
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