Voici une page de l'excellent roman de Anouar Attia Tunisie Rhapsodie qui vient de paraître. J’y reviendrai.
Mateur
Mateur. Cœur battant des voisinages proches et éloignés. De Ghzala jusqu’à Sejnane en passant par Roukkoub, Jefna et l’Oued-aux-Olives. De Larima jusqu’à Joumine en passant par Blanche-Eau, Pont-Noir et Sidi Nçir. De Source-de-la –Fontaine jusqu’à Ferryville rebaptisée Menzel Bourguiba en passant par l’Ichkeul et Zaarour. Et, vers Tunis, d’Om Hani jusqu’à Djedeïda en passant par Sept-z-yeux, Fontaine-aux-Fruits, Sidi Othmène et Chaouat. Mateur…M’envahissent maintenant même les odeurs des grands espaces dans lesquels le hameau devenu ville fut implanté. Odeurs qu’exhale une terre soudain arrosée de pluie dont, pendant les longs mois torrides de l’été, elle a été privée. Les labours faits à temps vont bien en profiter… Odeurs de moisson. Elles viennent subtiles, volatiles, s’en vont, reviennent soudain en sèche exhalaison qui prend au nez un instant, font penser, en souvenir vécu ou qu’on a entendu raconter, à des festivités où se volaient ou se consentaient des premiers baisers entre cousines et cousins, voisines et voisins, au rythme de la chanson d’Abdelwaheb : Ce soir, ce soir est la fête du blé, que Dieu le bénisse, le bénisse et le multiplie. Moissons d’antan… Moissons d’aujourd’hui, expédiées en stress, en manque de joie, en seul souci de rentabilité… De temps en temps, venant en effluves âcres depuis la proche périphérie de l’agglomération, des odeurs de brûlé. C’est la fenaison, le feu régénère aussi le sol épuisé de nous avoir généreusement nourris. Ou c’est un feu qui, à la canicule, a spontanément pris à des herbes desséchées… Ou une odeur qu’on hume avec un plaisir honteux, celle de quelque lointaine moisissure de jachère ou de coin humide délaissé.
Anouar Attia : Tunisie Rhapsodie. Roman. ISBN : 978-9973-28-296-5. Les Editions Sahar. Tunis 2010
Mateur
Mateur. Cœur battant des voisinages proches et éloignés. De Ghzala jusqu’à Sejnane en passant par Roukkoub, Jefna et l’Oued-aux-Olives. De Larima jusqu’à Joumine en passant par Blanche-Eau, Pont-Noir et Sidi Nçir. De Source-de-la –Fontaine jusqu’à Ferryville rebaptisée Menzel Bourguiba en passant par l’Ichkeul et Zaarour. Et, vers Tunis, d’Om Hani jusqu’à Djedeïda en passant par Sept-z-yeux, Fontaine-aux-Fruits, Sidi Othmène et Chaouat. Mateur…M’envahissent maintenant même les odeurs des grands espaces dans lesquels le hameau devenu ville fut implanté. Odeurs qu’exhale une terre soudain arrosée de pluie dont, pendant les longs mois torrides de l’été, elle a été privée. Les labours faits à temps vont bien en profiter… Odeurs de moisson. Elles viennent subtiles, volatiles, s’en vont, reviennent soudain en sèche exhalaison qui prend au nez un instant, font penser, en souvenir vécu ou qu’on a entendu raconter, à des festivités où se volaient ou se consentaient des premiers baisers entre cousines et cousins, voisines et voisins, au rythme de la chanson d’Abdelwaheb : Ce soir, ce soir est la fête du blé, que Dieu le bénisse, le bénisse et le multiplie. Moissons d’antan… Moissons d’aujourd’hui, expédiées en stress, en manque de joie, en seul souci de rentabilité… De temps en temps, venant en effluves âcres depuis la proche périphérie de l’agglomération, des odeurs de brûlé. C’est la fenaison, le feu régénère aussi le sol épuisé de nous avoir généreusement nourris. Ou c’est un feu qui, à la canicule, a spontanément pris à des herbes desséchées… Ou une odeur qu’on hume avec un plaisir honteux, celle de quelque lointaine moisissure de jachère ou de coin humide délaissé.
Anouar Attia : Tunisie Rhapsodie. Roman. ISBN : 978-9973-28-296-5. Les Editions Sahar. Tunis 2010
11 commentaires:
Très belle page, cher Jalel, cela évoque un peu Giono. Mais vous, Jalel, n'avez vous jamais songé à écrire sur un quartier ou la ville où vous avez grandi ?
Je vous remercie pour la suggestion, cher Pier. Ce texte vous sera dédié.
Amicalement
très beau texte,le talon de l'écrivain trilingue 'Anouar Attia' sublime l'histoire des lieux; là ou mon grand-père est né.
bonsoir
je me permets de te communiquer deux autres titres d'ouvrages écrits par Aîssa Baccouche
"Ô Ariana mon doux village" où il parle avec Amour et nostalgie de sa ville natale
et le plus recent "CHADHARAT" ou pépites d'or -2O10-
je retranscris ce que T. Hbaieb a écrit dans son journal electronique
"Leaders" ::
Sociologue, ce Sadikien-Sorbonnard, ancien Maire de l’Ariana, la Ville Roseraie, est aussi un fin observateur de la société tunisienne. A travers des billets percutants, publiés, parfois, dans la presse ou, jalousement gardés dans ses carnets, il croque villes et villages, saints et scènes, comportements et attitudes… Aissa Baccouche, cet ancien militant estudiantin (Secrétaire Général de l’UGET), garde à 65 ans, la verve de ses vingt ans, à la courtoise et féroce. Une férocité adoucie, il est vrai, par l'âge. Dans son septième livre «Shadarat», qu’on peut traduire, selon Mustapha Attia, par « Fragments », pour rappeler les débris d’or, il nous livre en 77 billets qui ne dépassent guère chacun les deux pages, un survol de la Tunisie.
Rien n’échappe à sa plume. Ni l’évocation de la médina, celles du Kef, de Jendouba, de Kairouan, du Djérid, de sa Djerba originelle, ou encore de Paris, du Caire, avant de rappeler à notre bon souvenir Abdelaziz Laroui, dessiner le portrait de Hammadi Hallak, pleurer le 5 juin 1967, ou s’attarder sur les dérapages linguistique de la publicité… Bref, des textes courts, savoureux, vifs et alertes, avec, tels des blogs, une instantanéité d'une grande fraîcheur qui n'exclut pas la profondeur de la réflexion.
Aissa Baccouche a toujours été un novateur et un lanceur d'idées. On lui doit l’usage du terme Mountazah, le festival de la Rose, l’idée de transférer la capitale à l’Enfidha et mille autres ingéniosités. L’écouter intervenir lors de symposiums et séminaires est déjà un immense plaisir. Le lire, en arabe comme en français, l’est autant, si non plus. « Shadharat » offre, inéluctablement, au lecteur des moments agréables et délicieux de lecture et d’immersion dans la pensée d’un « Jeune Tunisien » post soixante-huitard, toujours sur le pont.
« Shadhart »
Aissa Baccouche, Février 2010
chnoua "Olfa" ? cela ressemble au "talon d'Achille"!!:)
@ Olfa : Anouar Attia est aussi un éminent professeur. Un homme qui allie talent et générosité. Bien à vous
@ Zahraten : merci pour ce commentaire. Il semble qu'il y ait dans la littérature tunisienne de plus en plus une nette tendance à l'autobiographie, à l'évocation du bon vieux temps. A suivre.
Amicalement
@ Zahraten et à tous les amis,
oublié de vous recommander le site de notre ami Pier Paolo où vous trouverez de belles pages sur Mahdia, Sidi Bou-Said...
http://forteresses.blogspot.com/
(il est dans mes liens)
Amicalement
pardon pour cette agression visuelle hadhami j'ai piétiner "talent" avec mes talons!
@ Olfa : vous vous en êtes sortie avec talent !
"Chadharat" ne fait pas partie du même genre..Il s'agit d'un ensemble de billets qui traitent de l'actualité et du vécu des gens à travers le temps celui des uns et celui des autres comme le chante "le grand Charles" qui nous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître !!!!!!!
amicalement.
Je ne connais pas ce texte, Zahraten, et j'ai donc du mal à vous en parler. Donc ce n'est pas parce que j'ai moins de vingt ans... (ce qui ne serait pas pour me déplaîre)
Amicalement
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