كتاب الرازي الخاوي في الطب L'oeuvre de Rhazès : Liber Continens
Voici un extrait de ma communication au colloque "Le Goût" qui s'est tenu de la Faculté des Lettres de la Manouba les 13 et 14 mai :
Tout se passe comme si l’avant-goût était le substitut d’un autre mot « prélibation » dans le sens que lui donnait l’Antiquité « action de prélever les prémices, en libation aux dieux ; action de prélever quelque chose sur un tout ». On sait que le mot a été perverti par la féodalité qui en a fait un synonyme de « droit de cuissage ». Notons que le mot « prélibation » de « prelibare » (goûter une boisson auparavant, entamer, faire une libation) a évolué autrement en italien. « Prelibato » désigne une boisson ou un plat délicieux préparé avec amour.
Chez Rhazès, on trouve cette évocation dans son ouvrage traduit en latin sous le titre Liber Continens d’une sensibilité de la langue telle que le sujet éprouve des saveurs qui n’existent pas. « Il arrive également que l’on éprouve un certain goût dans la bouche sans avoir rien goûté et cela est dû à l’excellente qualité de perception de la langue »
وقد يعرض أيضاً أن يكون الإنسان يجد طعم شيء في فمه من غير أن يذوق شيأ وذلك يكون من جودة حس اللسان.
الرازي الحاوي في الطب
On trouve à peu près ce même motif d’un goût se passant de ses conditions habituelles dans l’hagiographie chrétienne. S’agissant de Saint Roman d’Antioche, René François Rorhbacher écrit dans sa monumentale Histoire universelle de l’église catholique (Volume VI, p. 38) : « le juge le condamna à avoir la langue coupée. Un médecin, nommé Ariston, qui, par faiblesse, avait renié la foi, se trouva présent. Comme il avait sur lui les instruments nécessaires pour cette opération, on le contraignit malgré lui à couper la langue du martyr ; mais il la garda comme relique précieuse. Le martyr fut envoyé en prison. En entrant le geôlier lui demanda son nom. Il le dit, et parla encore depuis à toute occasion, prononçant mieux qu’il ne faisait avant qu’on lui eût coupé la langue, car naturellement, il bégayait ». Cela se passait en l’an 303.
Perdre la langue est ici la condamnation du martyr. Saint Roman d’Antioche devient éloquent suite à ce châtiment qui aurait dû le réduire au silence.
Chez Rhazès, on trouve cette évocation dans son ouvrage traduit en latin sous le titre Liber Continens d’une sensibilité de la langue telle que le sujet éprouve des saveurs qui n’existent pas. « Il arrive également que l’on éprouve un certain goût dans la bouche sans avoir rien goûté et cela est dû à l’excellente qualité de perception de la langue »
وقد يعرض أيضاً أن يكون الإنسان يجد طعم شيء في فمه من غير أن يذوق شيأ وذلك يكون من جودة حس اللسان.
الرازي الحاوي في الطب
On trouve à peu près ce même motif d’un goût se passant de ses conditions habituelles dans l’hagiographie chrétienne. S’agissant de Saint Roman d’Antioche, René François Rorhbacher écrit dans sa monumentale Histoire universelle de l’église catholique (Volume VI, p. 38) : « le juge le condamna à avoir la langue coupée. Un médecin, nommé Ariston, qui, par faiblesse, avait renié la foi, se trouva présent. Comme il avait sur lui les instruments nécessaires pour cette opération, on le contraignit malgré lui à couper la langue du martyr ; mais il la garda comme relique précieuse. Le martyr fut envoyé en prison. En entrant le geôlier lui demanda son nom. Il le dit, et parla encore depuis à toute occasion, prononçant mieux qu’il ne faisait avant qu’on lui eût coupé la langue, car naturellement, il bégayait ». Cela se passait en l’an 303.
Perdre la langue est ici la condamnation du martyr. Saint Roman d’Antioche devient éloquent suite à ce châtiment qui aurait dû le réduire au silence.
2 commentaires:
Merci de ce morceau de choix.
À mon tour, j'en découpe une part, et je l’accommode à ma façon ! « [Devenir] éloquent suite à ce […] qui aurait dû réduire au silence.» Comme un goût de liberté ?
Bonne « sobremesa » ! (Instant passé à table, alors que le repas est fini, afin de prolonger le partage en famille, entre amis).
Bonne sobremesa, chère amie.
Merci.
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