dimanche 4 juillet 2010

Les tensions du copte توترات القبطي

Icône copte Vème siècle
Les Tensions du Copte توترات القبطي est un autre roman du soudanais Amir Tajelsir. Michael, le Copte, se trouve pris dans la tourmente d’une révolution djihadiste au sud Soudan. Il ne reconnaît pas dans les pratiques djihadistes l’islam auquel il s’est converti. La cruauté, la sauvagerie décrites sont peut-être celles dont tout homme est capable dès lors qu’il s’engage dans un système où il cède aux autres le soin de penser à sa place.
Voici une traduction de la première page du roman


- Viens Saad…Viens Mabrouk
Abadi Talsman, chef de la brigade des djihadistes où je venais d’être nommé cuisinier depuis seulement vingt jours, m’appela à sa tente, qui se trouvait un peu loin de celles des soldats éparpillées aux environs de Sour, à l’Ouest du pays. Ce fut un jour ma ville natale ; j’y ai vécu toutes mes années prospères puis je l’ai perdue.
Il affectait de m’apprécier, sans que j’en comprenne la raison. J’en faisais autant par crainte des redoutables revirements de sa face, de ses yeux flamboyants et de son fouet taillé dans la peau d’un vieux bœuf. Un jour, j’ai vu le fouet s’extirper, ses extrémités entachées de la chair rouge du dos d’un soldat de sa brigade, par trop rebelle.
C’est lui-même qui m’a choisi parmi tous les vaincus de la ville tombée après trois mois d’un siège âpre. Ce jour-là, il fit défiler juifs, chrétiens, bouddhistes indiens, tous les insoumis et les larbins de l’impiété et de l’athéisme au milieu du grand souk afin que quiconque le voulait puisse leur infliger coup de pied, insulte ou bondir sur leurs femmes captives.
C’est lui qui présida à ma pénible circoncision pendant laquelle je faillis mourir car la tâche fut confiée à un conscrit de la brigade qui n’y était pas habilité. Il m’initia aux rites de ma nouvelle religion, à ses hourras et à ses alléluias, au maniement de l’épée, de la lance et même des fusils des Francs en attendant qu’arrive le moment où il faudrait en user. Il me donna un autre nom : Saad Mabrouk supprimant ainsi celui de Michael dont, enfant, je fus baptisé par les soins d’un prêtre égyptien, Tony Effrit, qui veillait sur les affaires des chrétiens de la ville.

2 commentaires:

Halagu a dit…

"Tout homme est capable de cruauté, de sauvagerie, dès lors qu’il s’engage dans un système où il cède aux autres le soin de penser à sa place."
Voilà une vérité qu'il aurait fallu inscrire sur les frontons des administrations, écoles, casernes, temples et Églises de toutes confessions... et ainsi, Abadi Talsman n'eût été qu'un terne chamelier ou marchand de beignets!

Jalel El Gharbi a dit…

Merci infiniment Halagu