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samedi 19 mars 2011
L'Infinito (Giacomo Leopardi) voce: Vittorio Gassman
L'INFINI
Toujours j’aimai cette hauteur déserte
Et cette haie qui du plus lointain horizon
Cache au regard une telle étendue.
Mais demeurant et contemplant j’invente
Des espaces interminables au-delà, de surhumains
Silences et une si profonde
Tranquillité que pour un peu se troublerait
Le coeur. Et percevant
Le vent qui passe dans ces feuilles - ce silence
Infini, je le vais comparant
A cette voix, et me souviens de l’éternel,
Des saisons qui sont mortes et de celle
Qui vit encore de sa rumeur. Ainsi
Dans tant d’immensité ma pensée sombre
Et m’abîmer m’est doux en cette mer.
Traduction Jaccottet
L'infinito
Sempre caro mi fu quest'ermo colle
E questa siepe che da tanta parte
De'll ultimo orrizonte il guarde esclude.
Ma sedendo e mirando interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete,
Io nel pensier mi fingo, ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando; e mi sovvien l'eterno,
E le morte stagioni, e la presente
E viva, e'l suon di lei. Così tra questa
Immensità s'annega il pensier mio:
E'l naufragar m'è dolce in questo mare.
Giacomo Leopardi, L'infinito (1819)
Canti,
Maunuscrit de la première version du poème.
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9 commentaires:
Quelque chose de plus fort que la nostalgie semble vouloir percer ce murmure du passé qui est presque le silence. L'éternité qui donne à se couler dans un mouvement tellement vaste où peines et joies font houle puis mer étale. Des visages se superposent, des voix se mêlent. Il reste... que reste-t-il ? Une porosité au monde, à la beauté du monde comme à sa laideur, un balancement où toute blessure est abrasée sous la patience du temps...
Particulièrement touchant, particulièrement prégnant!
La voix de Vittorio Gassman au service de ce poème superbe et puissant.
Merci cher Jalel.
Ecouté puis lu.
Baltha
Lu puis écouté.
On saluera au passage Jaccottet, traducteur de grande qualité, certes, mais surtout poète de premier plan.
Christiane: ce que vous écrivez est une belle définition de l'infelicita de Leopardi.
Helenablue : oui, terrible cette voix. Je ne l'oublierai jamais dans "Ames perdues". Quelle voix !
Amitiés
Balta, merci de votre présence.
Feuilly: oui, notez que Jaccottet traduit en poète.
Le souffle heurté de la voix veloutée de Vittorio Gassman me rend le poème de Leopardi encore plus beau.
La traduction française de Philippe Jaccottet l’évente certes en élargissant un peu les espaces qui resserre les mots italiens entre eux -« Illumination, largesse !/ Voici parler une sagesse» dira Valéry dans ce sens présent à moi maintenant-, mais je pense que c’est la lecture de Gassman qui redouble la profondeur des mots et les porte merveilleusement vers cet infini que leur désigne le poète.
Quel beau régal est ce poème dans la triple présentation que vous nous offrez ici cher poète ! Merci profondément !
Mokhtar el Amraoui chez Helena Blue, belle rencontre...
Un bel hommage bien mérité, chère Christiane
contrairement à beaucoup je trouve Jacottet bien mauvais traducteur, ampoulé. En poésie il faut faire simple toujours:
Toujours chère me fut cette colline
Solitaire et chère cette haie, qui de toute
Part refuse au regard l’ultime horizon.
Mais si je m’assieds et regarde au-delà d’elle
les espaces infinis, goûte le silence surhumain, et le repos profond,
je me noie dans le penser où presque mon cœur s’effraie. Et comme j’entends le vent
bruire au travers ces feuillages, je me surprends à comparer ce silence infini à cette voix,
Et me reviennent alors l’éternel en mémoire
et les saisons défuntes, et la présente
qui est vivante par sa musique.
Ainsi, dans cette immensité où s’annule ma pensée le naufrage m’est doux.
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