La révolution tunisienne est un mouvement post-moderniste en ceci qu'elle s'est distinguée par son refus de tout système de pensée et qu'elle a constitué un déni pour toutes les frontières. Or, il n'est pas possible qu'un tel mouvement soit relayé par les partis à idéologie pesante, de l'extrême droite à l'extrême gauche.
L'avenir en Tunisie est aux partis qui ont très tôt refusé les dérives antidémocratiques du PSD. Seuls ces partis, qui n'ont pas de système idéologique contraignant comme celui de Nahda ou du Poct ou autres, pourront garantir l'avenir de la Tunisie qu'on pourrait résumer en un seul slogan : liberté pour chacun et prospérité pour tous.
Jalel El Gharbi
6 commentaires:
Refus momentané et admirable en ceci que la jeunesse tunisienne consciente de l'échec mondial des idéologies les refuse à priori en bloc et essaie de traverser le miroir pour accéder au monde merveilleux de Michel Onfray.
La liberté seule, ne permet hélas pas de gouverner et la Realpolitik se rappelle vite au bon souvenir des idéalistes libertaires.
En effet, la liberté une fois accessible à tous, favorise automatiquement les plus riches, forts, malins, rusés, débrouillards. En quoi (tout en se réclamant de gauche) l'anarchisme rejoint - là, où les extrêmes se touchent - l'ultralibéralisme le plus sauvage.
Sans la fraternité, la solidarité, l'égalité des droits et la bonne gouvernance, la liberté est celle du renard libre dans un poulailler libre (Jaurès).
Certes, les libéraux prétendent que c'est déformer leurs principes ; qu'ils ne sont pas pour l'absence de règles, qu'il en faut toujours, etc. ... Sauf, que les règles, c'est eux qui les édictent selon les lois du marché, où les plus faibles subissent comme en dictature la loi du plus fort. La dictature de l’intérêt économique et des marchés financiers remplace celles illuminés et de parasites tyranniques. Elle est plus douce, en effet. L'avantage : on peu peut protester, gueuler, manifester, descendre dans la rue, crier, s'égosiller… des milliers de « voces clamantes in deserto ». Cela ne dérange personne. Est-ce là le grand but d’une révolution qui se veut humaine plutôt qu’idéologique ?
P.S. : Onfray est probablement l’un des meilleurs professeurs de philo de France et j’adore le lire. Mais je n’ose pas m’imaginer la catastrophe s’il lui prenait le goût de la politique.
J’allais répondre que la liberté est souvent inconciliable avec l’égalité quand j’ai vu que Giulio avait déjà tout dit dans sa propre réponse. En effet, là où les jeunes pensent liberté de mouvement et de pensée (en-dehors des carcans paternalistes) , le libéralisme économique, lui, voit liberté d’entreprendre. Si on ne le freine pas par des règles afin d’assurer une égalité de traitement entre tous les citoyens (que chacun puisse vivre décemment, manger à sa faim, se nourrir, s’instruire, etc.) on se retrouve vite dans une situation intenable où quelques nouveaux riches dominent 95% de la population. Aux critiques, ces nouveaux riches répondront que le peuple est plus heureux qu’avant puisqu’il peut acheter (les produits qu’eux-mêmes fabriquent) et consommer (ce qui revient à les rendre encore plus riches).
Il faut veiller à ce que le clan Ben Ali (et sa richesse scandaleuse) ne soit pas remplacé par une caste de marchands qui sous des airs de liberté n’asservisse encore plus le peuple.
Liberté pour chacun et prospérité pour tous, donc évidemment aussi prospérité pour chacun et liberté pour tous car combien en fait ces deux mots sont l’essence de l’être humain, et combien alors inséparables pour fonder son bonheur sur terre!
Mais comme vous le dites si bien cher Giulio, la crainte c’est surtout des inassouvis de gains qui profitant du pouvoir que leur donne une liberté démesurée qu’il se crée à eux-mêmes , hypothèque le bien des autres le prenant pour un héritage privé.
J’ai toujours trouvé autant amusante que malheureuse cette boutade à propos de Borgia (Alexandre VI, Rodrigo Borgia) qui arrivant au Vatican s'écrie: " Maintenant que Dieu nous a donné la papauté, il faut se hâter d'en jouir ».
Des Borgia dans le monde arabe, il y en a par milliers, si ce n’est pas en millions que nous devons les compter ! Ca nous donne la nausée mais on garde l’espoir, ce méchant espoir dont nous leurre jusqu’aujourd’hui la stupidité de Pandore.
Mais au fond de moi, je pense, je crois, je sens que les tunisiens , et c’est pratiquement le peuple dans sa grande majorité, parviendront ( même à long terme) à éradiquer l’impunité, à vaincre la corruption et à l’emporter sur la bêtise, tant ils sont braves !
* se créent et hypothèquent au pluriel. Pardon!
Comme tout cela est complexe... Un peuple c'est tant d'êtres différents ensemble. De grands mouvements, des grèves, des révolutions, des cataclysmes, des guerres peuvent donner l'illusion d'une grande communauté d'idées partagées et puis, le calme revenu chacun revient à son habitude de penser. Jalel, vous êtes un poète, un idéaliste. Zola ou Maupassant, Flaubert, Guitry... épingleraient tous ces comportements avec un rien de causticité... voire de méchanceté... Vous, vous êtes seulement triste, un albatros blessé...
Jalel, un albatros blessé ? Sans doute, Christiane. Mais quel poète ne l'est-il pas, blessé ?
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