vendredi 10 juin 2011

Jean Kobs par Giulio-Enrico Pisani

Notre ami Giulio-Enrico Pisani vient de publier dans le Zeitung Vum Lëtzebuerger Vollek cet article.
Le Dernier Voeu de Jean Kobs

Marie-Thérèse Boulanger, l’exécutrice testamentaire de Jean Kobs confiait dans son avant-propos au « Dernier Voeu » (1), ce recueil posthume de poèmes que le poète lui avait adressé en 1964 : « Il était littéralement possédé par le démon de la poésie... ». Elle ne croyait pas si bien dire en évoquant un démon, plutôt qu’une muse, comme génie inspirant ces chants qui malgré leur prudent enfermement dans une décence chrétienne et un conservatisme de bon aloi, fleurent parfois bon le soufre de Prométhée et la passion du docteur Faust. Celui que Marie-Thérèse Boulanger appelait le « Prêtre-poète » et Ferdinand Stoll le « Prince du sonnet (...) curé de campagne », naît à Hayange (2) en 1912. Il séjourne à Houffalize (Luxembourg belge) des débuts de la Première Guerre mondiale jusqu’en 1919, étudie les humanités gréco-latines et la théologie au Petit Séminaire de Bastogne (1923 à 1932), puis au Grand Séminaire de Namur (1932 à 1936). Ordonné prêtre, il devient en 1937 vicaire à Barvaux-sur-Ourthe puis curé à Dinez-Houffalize et à Dave-sur-Meuse jusqu’en 1977. Il décède le 29 août 1981 à Godinne et nous laisse plus de 1600 poèmes.(3)
Mais revenons en à ce recueil, à ce « Dernier Voeu » donc, qui aura exigé presque un demi-siècle et vingt ans après la mort du poète pour se voir exaucé. Enfin, mieux vaut tard que jamais, et il est vrai qu’il aura fallu les constants efforts de nombreux poéticiens aussi persévérants que clairvoyants (4) pour arracher Jean Kobs à l’oubli dans lequel il semblait craindre devoir glisser post mortem. « Car les plus beaux présents que tu puisses m’offrir / au lieu de déposer sur ma tombe des roses / Sont des vers grâce auxquels tu ne peux pas mourir », voyons-nous en effet cité à la fin de l’avant-propos, tercet où Kobs nous prépare déjà à cette étrange schizophrénie poétique qui le pousse parfois à être une autre personne et ailleurs à offrir son moi à une chose quelconque qu’il anime et en laquelle il s’incarne – métempsychose avant terme – le temps d’un sonnet.
Mais comment pourrai-je tenter d’éclairer les mystères que je découvre dans ce recueil à travers les quelques lignes dont je dispose pour le présenter, mystères au-dessus desquels Laurent Fels lève dans son introduction et dans sa postface une lanterne lumineuse mais pas vraiment critique ? (5) Au mieux puis-je donc me contenter d’en effleurer l’un ou l’autre questionnement, tout en me limitant à la présentation de ce remarquable petit ouvrage. Notons d’abord que les poèmes qui y figurent sont soit inédits soit extraits des recueils de Kobs « La Mémoire du Silence » et « Le Kobzar de l’Exil », tomes 1 et 2. Kobzar !? Voilà qui nous mène à l’origine de sa poésie, dont Laurent Fels écrit dans son introduction, qu’« En tant que descendant imaginaire d’un ancêtre ukrainien mythique qui aurait accompagné ses chants des accords de sa kobza (6), le poète se croit naturellement prédisposé à l’écriture de vers ».
Reste à voir si c’est la découverte de ce mythe généalogique qui est à l’origine de sa vocation poétique, ou bien si cette dernière a engendré le mythe au hasard de la découverte d’une homonymie patronymique. Il me paraît en effet difficile de croire à une simple casualité, quand la poésie kobsienne peut puiser dans cette vaste culture humaniste et cette longue éducation classique que Laurent Fels met clairement en exergue. « S’inscrivant dans une lignée de poètes occidentaux (Ronsard, Du Bellay, Heredia), mais aussi (...) orientaux (Hafiz, Saâdi, Khayâm), il est l’enfant de deux cultures et de deux croyances... ». Voilà où sourdraient ses sources, mais là aussi, d’où naît sans doute petit à petit le grand drame de sa vie. Immensément cultivé, érudit nous dit-on, il me paraît impensable que ce poète qui manie le vers comme Hugo ou Proust la prose et qui pénètre la nature comme le pinceau de Segantini ou la pensée de Lucrèce, impossible même qu’il n’ait pas souffert des carcans de la morale bourgeoise et des dogmes ecclésiastiques. L’histoire en connaît des centaines, voire des milliers, de ces prêtres-poètes qui, adolescents idéalistes puis hommes généreux, ne voyant pas, de par leur éducation, d’autre moyen d’exceller dans le bien que le sacerdoce, louvoyèrent leur vie durant entre les bornes de leur ministère et les grands espaces chers au poète. Chacun d’eux résolut (ou ne résolut pas) le paradoxe à sa manière. Kobs semble – mais je n’en suis pas trop sûr – avoir réussi cette quadrature du cercle sans efforts apparents.
À l’un ou l’autre mot près, inséré par ci, par là, généralement sans grande importance, ses poèmes n’ont que peu ou rien à voir avec la religion et me semblent à la limite plutôt panthéistes, un peu à la manière du « Deus sive natura » de Baruch Spinoza. Sans aller, bien sûr – prêtrise oblige –, jusqu’à l’appel lancé il y a 1000 ans par le poète agnostique El-Maari : « Réveillez-vous, ô égarés ! Vos religions sont subterfuges des anciens », car, loin de savoir s’en libérer, Jean Kobs composera – a minima, en quelque sorte et seulement par ci, par là, mais tout de même ! – avec ces « subterfuges ». Aussi, la souvent somptueuse, sensuelle et grandiose beauté de ses sonnets ne souffre que peu de ces chaînes et, à part quelques faiblesses comme le débile poème « Croix ancrée » (7), nous offre des dizaines de chants aussi inoubliables que « L’offrande », « Côte à côte », « Ombre au soleil », « Maison hantée », « Ravissement », « L’écu », ou autres « Visiteurs du soir ». Que dites-vous par exemple de cette passion, amis lecteurs ? « Quand je cerne tes yeux qui sont déjà cernés / par le désir de voir au-delà de la vie, / Si ma langue est parfois par ta langue ravie... » et, plus loin : « Quand souvenir j’ai senti se glisser dans mes veines / Le rythme de ton sang dont avait soif mon coeur... », mais aussi « Et si je puis toujours lire en tes yeux la flamme, / Qui seule peut ici ranimer ma vigueur... »
Et comment ne pas s’émerveiller devant ces objets, ces choses et ces « autres parlants » ou avatars dans lesquels il pénètre pour mieux qu’ils chantent son chant, comme dans « Le vignoble » ? Oyez les amis, car c’est la plante (plutôt que Lǐ Bái ou Omar Khayyám) qui parle, prenant sur elle l’ivresse des sens du curé-poète : « Il n’est pas surprenant qu’aujourd’hui je te donne / Ces présents chaleureux, au retour de l’automne ; / Cueille, et flaire déjà ton ivresse au travers... ». Ailleurs c’est l’escalier, le viaduc, la lampe, une galerie et bien d’autres choses encore auxquelles (ou à qui) le poète prête sa voix et sa vie. Mais il n’hésite pas à redevenir homme quand la contemplation de la vie le ramène à l’amour qui l’engendre : « ... Toi qui connais des peines la morsure, / mes plaisirs fugitifs et mes plus doux émois, / et ne peux pas vieillir en dépit de longs mois, / continue à bercer mon âme et sa blessure... »
Pour conclure et aussi répondre à cette autre question : « Pourquoi le sonnet ? Pourquoi une forme de poésie que la majorité des poètes ont abandonnée depuis un siècle ? », la réponse est : poésie populaire. En effet, malgré quelques traces d’élitisme, la poésie de Kobs se veut accessible à tous, agréable à lire et (parfois) à chantonner comme les comptines, rondes et berceuses de son enfance et ces vers rimés que nous retenions si bien. Il s’en explique d’ailleurs lui-même : « Si j’écrivis des vers de préférence aux proses / C’est parce que le coeur retient mieux leur chanson / (...) / Et j’ai préféré ces quatrains, ces tercets / Des sonnets dont les chants très graves me berçaient, / C’est qu’ils disaient bien mieux mon âme et mon haleine. » Et c’est ainsi que l’un des plus remarquables poètes belges de notre grande région nous offre post mortem sa délicieuse poésie qui marie le visible au sensible, à peine ombrée par ci par là d’étranges paradoxes, ainsi que par l’élitisme désuet et évanescent de certaines évocations. À aborder sans délai pour s’en délecter sans retenue !
***
(1) Jean Kobs : Dernier Voeu, poèmes, 106 p., Éditions Joseph Ouaknine, 54, rue du Moulin à vent, F-93100 Montreuil-sous-bois, tel. 003314870 0659, mail : joseph@ouaknine.fr – commande en ligne : www.ouaknine.fr/commande_livres.htm ou www.artistasalfaix.com/revue/IMG/pdf Jean KOBS_-_Dernier_Voeu.pdf.
(2) À l’époque Hayingen (Elsass-Lothringen).
(3) cf. Wikipedia, Service du livre luxembourgeois, Laurent Fels.
(4) Marie-Thérèse Boulan-ger, Renée Van Coppenolle, Ferdinand Stoll, Michel Ducobu, Michel Pirson, Laurent Fels (détail de leurs contributions en fin d’ouvrage et sur Wikipedia/ Jean Kobs).
(5) Tant qu’à citer Laurent Fels, autant signaler ici son édition et présentation aux Éditions Poiêtês du formidable ouvrage « Oeuvres complètes » en 5 volumes de Jean Kobs, dont le 1er (268 p) a paru fin 2009 et peut être commandé en librairie ou sur http://poietes.poesie-web.eu. Le 2e volume devrait paraître fin 2011/début 2012.
(6) Kobza : instrument à cordes. Le kobzar était en Ukraine un barde itinérant qui chantait en s’accompagnant de sa kobza. « Kobzar » est également le titre d’un recueil du grand poète ukrainien Taras Chevtchenko (1814-1861).
(7) Où il mélange rêve, astronomie et gymnastique avec le signe commémoratif du supplice de Jésus.
Giulio-Enrico Pisani

7 commentaires:

christiane a dit…

"...l'effeuillaison des roses dans la nuit."
Dernier vers du dernier poème du tome I.
J'avais aimé la présentation de Laurent Felds mais la forme néo-classique des poèmes m'a désorientée. Ces mètres réguliers cassent -pour moi- la vraie langue poétique que je trouve dans maint fragments : "... l'éboulis schisteux et grave du ravin..." ou des éclats de Bruges : "... le pont du Béguinage et les grands toits penchés de l'Hôpital Saint-Jean..." ou encore autour de ce lecteur : "...des livres songeurs des siècles passés...". Mais l'ensemble me donne faim d'une autre écriture : correspondance par exemple... "Ce grand érudit qui aimait passer les longues soirées ardennaises dans sa bibliothèque..." (L.F) doit avoir laissé des traces plus brutes, moins maniérées que ces poèmes, une prose plus nerveuse, plus tranchante. Oui, il y a déchirement intérieur, présence du sacré, solitude, mais je n'arrive pas à entrer dans cette forme d'écriture un peu surannée... Et vous, Giulio ?

giulio a dit…

Chère Christiane, ma présentation porte sur le « Dernier Vœu » et non sur le 1er tome des œuvres complètes de Kobs que je ne fais que citer et sur lesquelles je compte revenir plus en détail lors de la sortie du 2e tome fin 2011/début 2012. Je n’en ai donc pas encore examiné le contenu. J’aime beaucoup les formes classiques de la poésie, à condition – comme exprimé avec force dans ma précédente présentation d’«Extrême émonction» de Roger Dutailly (23.5. dans ce blog) – que leurs règles servent à renforcer et non à affaiblir l’expression poétique. Pour ce faire, le poète est obligé, bien sûr, de soumettre son poème à un remaniement et à un affinage terriblement contraignants et, en aucun cas la forme rimée ne peut justifier la moindre approximation verbale ou compromis de rythme/musicalité. Les plus grands poètes ont parfois eu de ces ridicules compromis en insérant un mot inapproprié, faible, crée de toute pièce, voire grotesque, pour coincer leur inspiration dans des escarpins abab/cddc/abc/abc ou autres. J’ai personnellement expérimenté cette souffrance dans mes deux premiers recueils et j’aime autant vous dire que le résultat ne fut pas toujours brillant et le résultat sans commune mesure avec l’effort. Reste que ma peine a accouché de quelques jolis quatrains. Adepte aujourd’hui du poème libre, je ne peux cependant pas m’empêcher de relire parfois avec une certaine nostalgie de ces splendeurs comme

Lors si ta belle main passant ne m’eust fait signe,
Main blanche, qui se vante estre fille d’un cygne,
Je fusse mort, Helene, au rayon de tes yeux :

Mais ton signe retint l’ame presque ravie,
Ton œil se contenta d’estre victorieux,
Ta main se resjouyt de me donner la vie.

Pour en revenir à Kobs, je trouve qu’il a réussi assez bien sa mise en sonnets dans, disons, dans 70% de «Dernier Vœu». Et vous avez parfaitement raison en supposant qu’il eût souvent été meilleur en s’en libérant. Mais il explique lui-même son choix, dû en partie à l’étrange faiblesse pour un personnage de sa trempe : la quête d’une ne fût-ce que modeste immortalité poétique. Vanitas vanitatum… Or, il est vrai que peu de poèmes libres passeront à la postérité et que la force mnémonique des rimes est un meilleur passeur. Que de vers immortels de Corneille, Racine, La Fontaine, Baudelaire ou Verlaine auraient disparu de la mémoire populaire sans leurs rimes !

Quant à effeuillaison (Littré : arrachement, défoliation, chute naturelle des feuilles) le mot me semble approprié et très poétique, plus en tout cas qu’effeuillage (Littré : action de couper les feuilles sans ôter le pétiole…). Désuet ? Oui, sans doute, mais où mieux qu’en poésie sauvegarder ces mots que le langage courant laisse au bord du chemin ?

J’aimerais cependant beaucoup entendre Jalel sur ces sujets. Il est certainement mille fois mieux placé que moi pour vous répondre.

Laurent Fels a dit…

Même si je n'ai pas l'habitude d'intervenir sur des forums ou des blogs (question de temps, surtout), j'aimerais remercier Giulio Pisani de son bel article de présentation.

Par cette même occasion, je tiens à préciser que nous avons trouvé, dans les archives de la Fondation Kobs-Boulanger, un certain nombre de lettres inédites de Jean Kobs. Je suis en train d'examiner (son écriture étant souvent difficile à déchiffrer) si le contenu de ces lettres vaut la peine d'être publié. À voir, donc.

Cordialement,

Laurent Fels

christiane a dit…

Merci Giulio et Laurent. "Effeuillaison" ? j'adore c'est pour cela que je l'ai mis en premier. La forme classique ne me gêne pas dans le théâtre classique et dans certains poèmes mais là , dans le tome I, elle me gêne car elle induit des choix un peu... faux pour servir la rime et l'harmonie. J'aime les écritures chaotiques plus proches de ce que nous sommes. J'aime quand ça bondit, déchire, cogne, emporte et se creuse. La correspondance ? Oui, j'attends cela, impatiemment. Pas par curiosité mais pour l'entendre, en vrai. Ecriture brute.
Les ans ont raboté ma patience du lire. La forme doit se perdre, parfois, pour laisser passer le cri ou le silence. La personnalité de Jean Kobs me passionne mais je ne l'ai que frôlée dans le tome I.

Mahdia a dit…

Je me suis toujours dit qu’on n’écrit que sur ce qui nous émerveille.
De jean Kobs à vous, cher Giulio, et de vous à moi et à vos lecteurs, nous ne pouvons tous retenir que le souffle exaltant que le poète a mis dans tel poème, dans tel vers ou dans tel mot.
Tout dans ma vie est de trop sauf la poésie, elle est mon manque. Que je l’écrive ou que je la lise , elle me blessera toujours par cette beauté que j’appréhende dans la transparence ou l’inaccessibilité réelle du mot que je dis ou que je lis, mais que je ne pourrai jamais atteindre , c’est à dire toucher de mon doigt, palper, fermer dessus la main et le savoir m’appartenir ou me savoir l’habiter.
En plus du nom de Kobs et de ce dérivé imaginaire « Kobzar » dont l’ambigüité allège pourtant le nom de son poète , ce qui me porte dans le murmure de cette poésie dont vous avez élégamment rendu compte, ce sont déjà ces titres des poèmes qui disent long sur cette longue hibernation du mot entretenu dans la chaleur de la poitrine du poète et de la vie après lui, dans cette phase de son posthumat, et qui à duré à peu près un demi siècle, comme vous nous en informiez, pour qu’il naisse enfin un "Vœu" ! "Le dernier" précise le poète, mais moi je l’entends "premier" car chez le poète, tout poète, l’essentiel est UN, même s'il est désigné par différentes appellations. "Quand je dis un peu c’est toujours beaucoup/Il faut que tout voisine avec rien " dit J. El Gharbi dans un sens rapproché de celui que je tente ici.
Longue et pourtant combien belle est cette méditation dans le mot qui finit par choisir l’ultime mot qui devra être incrusté dans le corps ou le cœur de la vie de cette poésie ravissante. Ravissante ! Oui ! car pour que naissent "Ravissement" "Offrande" et "Côte à côte", le poète doit avoir touché de près, de très près le sens ultime de ces /ses mots sans faille !
Tout l’essentiel d’une langue est dans la poésie car rien ne remplace en fait"Quand je cerne tes yeux qui sont déjà cernés …" ou "Le rythme de ton sang dont avait soif mon cœur.", ou cet autre émoi : "Toi qui connais des peines la morsure…continue à bercer mon âme et sa blessure".
Mais combien cet essentiel devient pour nous le manque !
Effeuillaison! Oui cher Christiane !
Un mot désuet que le langage courant a lâché en cours de route et que la poésie de Kobs a récupéré,nous ditGiulio. Mais quelle chance pour ce mot de se retrouver au paradis des mots!
Mais pour le langage courant, s’il est voué à rester courir dans les lieux publics au lieu d’aller se pavaner dans les jardins somptueux du mot, c’est parce qu’il a toujours tendance à voguer dans le changement et à confondre vieux et ancien.
Effeuillaison chante dans le jardin de mon âme l’émerveillement du poète devant la chute naturelle des feuilles ; et là mon émerveillement s’amplifie en me rappelant cet autre vers, du dernier poème de notre ami Jalel "Je tomberai comme un pétale de coquelicot /que personne n’a cueilli". Jalel boit de la source du mot .
Ancien à ce point ! Oui ! Et je pense même qu’entre lui et le langage courant, le courant ne passe pas. Ou, s’il y passe, les coupures devraient être cependant très fréquentes.
Tant pis pourtant pour les deux courants car cette poésie, même à la lumière d’une bougie, elle réussit à nous émerveiller en nous ravissant !

christiane a dit…

Ah Madhia, aucun doute vous avez bu de la potion magique à la source de la poésie ! C'est vrai que les fragments offerts par Giulio dans son splendide article donne envie de s'y baigner dans ce dernier voeu. M'étant habituée aux préfaces de Laurent Fels j'attends toujours l'émerveillement des livres qu'ils lancent. Ainsi, mon préféré, tellement rare, auquel Jalel a participé (Cendrars) ainsi que Laurent Fels(Saint-John Perse) c'est : "Regards sur la poésie du XXé siècle" - tome 1. Je l'ai toujours à portée de la main ! Au fait à quand le tome 2 ?
Mais Kobs, je crois que Giulio m'a bien comprise.... A force de vagabonder je cherche des écritures libres et denses...
Bonsoir à tous. A plus tard (je suis rarement à la maison en ce moment...)

giulio a dit…

À quoi bon écrire encore de la poésie, se demande-t-on, chères Christiane et Mahdia, quand on lit vore prose ? J'ai déjà écrit ailleurs que la poésie était autant le fait du lecteur que de l'écrivain. Vous en êtes la plus belle illustration.
Autre vertu du lecteur : la patience, surtout quand les éditeurs-poètes-professeurs essaystes à la Laurent Fels accumulent ont tendance à oublier que les journées n'ont que 24 heures et les années en général que 365 jours. Les oeuvres de Michel-Ange n'avaient pas souvent plusieurs sinon des dizaines d'années de retard ? Il en fallait de la patience pour être mécène à l'époque. Mais le monde n'a rien perdu pour attendre. Et l'attente du plaisir n'est-elle pas plus plaisante que le plaisir ?