mercredi 22 juin 2011

A Rimbaud. Mokhtar El Amraoui

A Rimbaud

Arthur,
Blanc Abyssinien,
Tes voyelles étouffant de lumière,
Embrasent ma solitude
Et éclairent ma tristesse
Qui râle sous le poids muet des mots inutiles.
Tu m’offris la couleur
Et rendis aux étoiles leur sève juvénile.
Inchoative ivresse
Créant l’univers
De mystères,
De questions nues.
Tu me reviens, ramage de baobab,
En transes de cithare,
Sur les flots scintillants de l’Oued Joumine !
Arthur,
Jeune âme
Mordant les éclairs de l’impossible !
Mokhtar El Amraoui : Arpèges sur les ailes de mes ans

10 commentaires:

christiane a dit…

Vous souvenez-vous de votre première lecture de Rimbaud ? Où étiez-vous ? quel âge aviez-vous ?
Votre poème évoque une âpre solitude, une tristesse, une vaine parole, actuelles. Et ce passé simple n'est pas si simple qui sertit dans le passé cette émotion...
Il vous revient mais ces "éclairs de l'impossible" sont bien menaçants... Quel orage habitez-vous ?
Il est passé en Abyssinie comme en poésie. Routes blanches, mer rouge... non lieu... Chagrin... Que cherchait-il ? Bateau ivre d'un voyageur solitaire assoiffé d'absolu "habitant la terre en poète"...

Mokhtar EL Amraoui a dit…

@Jalel,
Merci très cher poète d'avoir remonté mon poème.

Mokhtar EL Amraoui a dit…

@Christiane
Ma première rencontre avec Rimbaud a eu lieu, début décembre 1965, grâce à une professeur de français qui nous a très bien expliqué "Le dormeur du val"et nous l'a donné à apprendre et ce fut vraiment l'embarquement dans ce bateau ivre d'Arthur. Depuis, je ne l'ai plus quitté car je me suis toujours retrouvé dans sa rébellion;je sentais qu'elle me disait au point que, vers l'âge de 14 ans, j'ai essayé de la dire avec mes propres mots ( peut-être vains, vu la marginalisation de plus en plus grande que vit la poésie). Oui, je me sens ontiquement seul, j'habite radicalement ma poésie et son orage qui m'habite, tous les deux frappés par ces éclairs de l'impossible qui ne peuvent menacer que les illusions des dormantes transparences.

giulio a dit…

Comment ai-je pu, cher Mokhtar, quasiment ignorer, ne pas remarquer, lire sans le noter, effleurer sans m’y attacher, ce splendide poème «rimbaldien», lorsque je présentai ton livre ? Quelle malheureuse façon de lire un recueil que de le dévorer en quelques jours sous prétexte d’en saisir l’atmosphère, les liens, les interactions, l’harmonie d’ensemble, plutôt que de déguster chaque poème, individuellement, lentement, profondément, comme un ouvrage per se ! Il faudrait savoir plus souvent permettre à l’arbre de cacher la forêt, tout au moins le temps d’apprendre à le connaître, à l’aimer. L’arbre : une forêt en soi ! Comment l’appréhender, inchoativement, en même temps que des centaines d’autres ?

Mokhtar EL Amraoui a dit…

@Giulio
Très cher ami, merci de t'être occupé de ma forêt; tu auras tout le temps de te pencher sur mes arbres, si l'envie te prenait de le faire .Encore une fois , merci pour ton appréciation et tes encouragements.

christiane a dit…

Chic alors ! Grâce à votre échange je viens de faire une plongée dans les billets de novembre 2010 et j'ai lu cette exploration du recueil "Arpèges sur les ailes de mes ans" de Moktar El Amraoui par Giulio-Enrico Pisani. Et c'est très beau...
J'avais fait comme Rimbaud, "Les poings dans mes poches crevées/ j'allais sous le ciel/Muse, et j'étais ton féal"... Quand je pars loin des blogs, les étoiles me sont livres (comme Orion-fleur de carottes, chère à Gionio...) -C'était justement en 1965, à Manosque... Une rencontre chère à mon coeur...

Merci cher ami de votre réponse. ça râpe l'écriture, oui et ça met l'âme à nu...Habitez votre poésie comme un papillon sa chrysalide , les mots comme arpèges sur vos ailes de "grand paon de nuit"...

christiane a dit…

Pour Mokhtar en souvenir de nos seize ans...
"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!"

Arthur Rimbaud

christiane a dit…

"aussi" et non pas "soudain". Internet est toujours imprécis quand on veut aller trop vite !!!

Mokhtar EL Amraoui a dit…

@Christiane
Merci pour ce si anthologique poème qu'est "Ma Bohème" de Rimbaud que vous m'offrez. Il a cette vertu de rajeunir toutes celles et ceux qui le lisent ; donc à relire, tout le temps.En poésie, je pense, avoir seize ans est le but à atteindre, l'éternelle boussole.Comme vous, je trouve que Giulio a très bien saisi ma poésie.

gmc a dit…

le 10 novembre prochain, au théâtre de charleville-mézières (600 places), un concert (exceptionnel) de patti smith pour le 120ème anniv de la mort de rimbaud.
les places sont en vente depuis hier (pour ceux que ça intéresse) sur le site charleville-mezieres.fr (colonne de gauche: billetterie du théâtre) mais ça ne durera pas plus de 2-3 jours^^