jeudi 26 avril 2012



Portrait de José Ensch par Iva Mraskova, publié en illustration de mon livre José Ensch : Glossaire d'une oeuvre... de l'amande au vin...
http://www.mediart.lu/index.php?id=214


La Passante

i.m José Ensch

J’aurais tant aimé planter un myosotis
Rue Marie Adélaïde
Le mettre si près du champagne matinal
A droite de la peinture
Juste en face des livres
Et tutti quanti.

J’aurais tant aimé marcher
Marcher
Jusqu’au parc où il y avait des canards
Du silence
L’ombre épaisse
Un carnet de poésie
Du vin et tutti quanti.

J’aurais tant aimé
M’asseoir à cette table
Où il y avait une plume
De jolis timbres
Une boîte de biscuits
Un crayon de soleil, un verre
Et tutti quanti

J’aurais tant aimé ouvrir la fenêtre
Voir passer la passante
Qui croit traverser la rue
Quand elle piétine mon cœur
Et qui ne sait pas que son visage
N’est qu’une image du temps
Et tutti quanti

Deux larmes ont suffi
Pour que j’écrive ce poème où je veux dire :
J’aurais tant aimé
Cueillir un myosotis
Si près des mots que tu aimais
« Tutti quanti » par exemple
Et tutti quanti
Jalel El Gharbi, extrait de "Prière du vieux maître soufi le lendemain de la fête" Editions du Cygne. Paris 2010.

8 commentaires:

Djawhar a dit…

Trop beau !
j'aurais dit plus , si notre langue n'était pas chiche.

giulio a dit…

Quelle lacune, cher Jalel, que de n'avoir cité/présenté cette merveille dans notre essai anthologique et ne n'avoir mentionné que ton Tâ !

Djawhar a dit…

Mais en réalité, ce n’est pas notre langue qui est chiche mais nos sentiments. Ils ont toujours quelque chose à cacher pour eux, dans une autre poche du langage, lorsqu’ils viennent à faire l’éloge du merveilleux. Les chiches !

Djawhar a dit…

Giulio,J’écrivais merveilleux avant que vous n’écriviez "merveille" et vous avez publié avant moi. Rendez-moi ma place !

Jalel El Gharbi a dit…

Merci Djawhar
Giulio, cette passante-ci aura été trop furtive pour tenir dans une anthologie. Dommage.

giulio a dit…

@ Djawhar : Le laboureur court toujours après l'araire et le glaneur après la recolte. Je ne revendique de primauté pour aucun de mes textes qui, quelque originalité que je leur suppose, furent, j'en suis sûr, pensés, dits ou écrits de nombreuses fois avant que je ne les compose. En littérature, rien ne se crée et je ne me sens riche que de ce qui me précède, de ce qui m'accompagne et de ce qui me succèdera.
Au sujet de "Prière du vieux maître soufi le lendemain de la fête" vous pouvez lire aussi www.zlv.lu/spip/spip.php?article2252, et pour "Glossaire d'une oeuvre de l'amande au vin" www.zlv.lu/spip/spip.php?article156

Djawhar a dit…

@Giulio,
Je plaisantais cher écrivain. En littérature et en écriture en général, je n'aurai même pas la chance de rêver écrire l'un de vos livres. Vous êtes déjà au sommet, Monsieur !

giulio a dit…

Au sommet certainement pas, cher Djawhar, même pas à mi-pente. Être écrivain, c'est une vocation, or je ne suis qu'un dilettante.