samedi 11 août 2012

Lettre ouverte à l'ambassadeur d'Algérie


Monsieur l'Ambassadeur,
Mercredi 8 août, la gendarmerie algérienne a abattu un contrebandier tunisien. Ce n'est pas la première fois que les forces de votre pays recourent aux armes pour des infractions qui, vous en convenez, ne valent pas une vie humaine. Je me permets de vous rappeler que le 19 octobre, une frégate de la marine algérienne a  tué un pêcheur tunisien à quelques encablures des eaux territoriales tunisiennes. 
Je tiens à exprimer mon indignation et ma colère de voir des hommes tués pour une bouchée de pain. Naïvement, j'ai toujours pensé que ces armes, acquises au prix de grands sacrifices du peuple algérien, serviraient le cas échéant à la défense du Maghreb. J'ai dû donc déchanter. Force est de constater que ces armes ne servent qu'à de piètres prouesses. 
Comme il y a lieu de craindre que le silence des autorités tunisiennes, soucieuses de préserver les relations entre nos pays, n'incite les forces algériennes à la récidive, j'ai estimé de mon devoir de citoyen tunisien d'exhorter les autorités algériennes à faire plus de cas des sentiments fraternels que voue le peuple algérien à  la Tunisie, à faire plus de cas de la vie humaine et à faire preuve de plus de retenue et de bon sens. En effet, il serait bien plus profitable pour l'Algérie et pour la région de montrer la même fermeté face aux terroristes et aux trafiquants de drogue qui pullulent dans le sud algérien mettant en péril la stabilité et l'indépendance de toute la région.
A ma connaissance, aucune instance algérienne - même pas votre ambassade - n'a estimé nécessaire d'exprimer ses condoléances ou ses regrets. Cela pourrait être interprété comme signe d'une hostilité qui n'a pas lieu d'être.
Avec l'expression de mes sentiments, les meilleurs. 

4 commentaires:

Halagu a dit…

C'est une sublime lettre, toute en nuance et combien explicite. Elle brise le silence qui entoure cette tragédie et me fait penser à Martin Luther King qui disait : «  Nos vies commencent à s'achever le jour où nous nous taisons devant des événements importants. Au final, on ne se souviendra pas des mots de nos ennemis mais du silence de nos amis !»

Michèle Pambrun-Paillard a dit…

Votre lettre est exemplaire, Jalel.
Je m'y associe de tout cœur.

Bien à vous
Michèle Pambrun

Jalel El Gharbi a dit…

Chers amis, juste ceci : j'aurais été autrement plus virulent si c'était l'armée tunisienne qui avait commis de tels actes.

Anonyme a dit…

En tant qu'algérien j'étais consterné d'apprendre cette mauvaise nouvelle : tuer une personne pour un délit mineur , c'est absurde.
C'est contraire à nos aspirations.
Nous sommes tous frères dans ce Maghreb que nos dirigeants refusent d'édifier. C'est désolant !