Soeur inconnue
Toi la passante, dont le chemin,
jour après jour, toujours le même;
croise ma route, certes, en vain,
depuis trente ans, inconnue, je t'aime.
De ton sourire - c'est tout ce que j'ai -
les frôlements distants je chéris.
Tu es comme une soeur, mais un jour, qui sait,
dans l'au-delà ou au Paradis
l'amour que nous n'avons pas fait
vêtu d'inceste nous sera permis.
Giulio-Enrico Pisani : Amours d'un soir fin septembre/ Spätseptemberabendliebe. Editions Schortgen. Luxembourg
11 commentaires:
Je crois que j'ai une soeur comme cela.
H./S.
Comment allez-vous Jalel, comment va la Tunisie?
Chéris-la, Hervé, mais, surtout ne l'aborde jamais. La passante ne peut que l'être en passant.
Très joli!...
http://www.youtube.com/watch?v=l4Q7urIVYAE
Il faut écouter la chanson de Brassens...Les Passantes
J’ai un frère de l’âme, mon jumeau que ma mère ne m’a pas donné et que je chéris à un degré auquel aucun mortel n’a la force d’y accéder. Je lui donnerais mes yeux s’il venait un jour à le demander.
Merci cher Hervé. Nous passons par un moment délicat, mais il n'y a rien de grave. Je demeure foncièrement optimiste.
Viviane, c'est le beau poème d'Antoine Pol
Amitiés
>guilio, Je sais bien, je sais bien.
H./S.
Merci Jalel de m'informer au sujet du poème d'Antoine Pol mis en musique et chanté par Georges Brassens!...
Viviane, ce texte figure dans l'anthologie sur les passant(e)s que Giulio-Enrico Pisani et moi-même publions incessamment.
Amitiés
Oui Viviane, incessamment, comme le dit Jalel, et le moins qu'on puisse dire, ce que le bouquin ne sera pas un prématuré. Quoiqu'il en soit, l'éditeur doit l'accoucher avant la mi-novembre, pour qu'il soit présenté aux "Walfer Bicherdeeg" (www.bicherdeeg.lu/). Nous tiendrons tous les passants de ce blog au courant et j'en ferai de même sur ma page F.B.
C’est sublime de pouvoir porter quelqu’un dans son cœur pendant trente ans et plus, sans savoir réellement qui il est ou de quoi est-il fait ? En fait, je pense que l’amour, cet étrange déplacement de l’autre en nous, ce qui nous le fait chérir comme une partie de nous, est ce qu’il y a de plus merveilleux à conserver dans la vie.
Les grecs anciens, en inventant les mythes de Dionysos et d’Apollon, voudraient peut-être atteindre cette autre mesure mi-dionysiaque mi-apollinienne qui étreindra l’autre en nous sans pour autant lui faillir. Il n’ya pas, à mon sens, que la musique et la poésie ( l’art d’une façon générale) qui puissent réaliser cela dans l’être, mais une autre énergie de l’homme, restée à l’état brut et qui prend ses ordres plutôt que du corps indifférent, insensible à ce qu’il ne touche pas, de son âme qui reconnait derrière des milliers de visages inconnus, sa "sœur inconnue" et la fait revenir pour toujours à soi. La preuve : votre "Sœur inconnue", cher Giulio, ne quitte plus, pendant déjà plus d’un demi siècle depuis l’écriture de votre poème, les abysses de votre être et devient plutôt que la passante, l’éternelle protectrice de l’âtre de cet autre amour indéfiniment quêté.
Merci pour ce magnifique poème qui me touche au plus profond de mon être.
Sublime, chère Djawhar ? Peut-être, ou plutôt fruit d’expériences juvéniles douloureuses, fruit de l’expérience, fruit d’avoir appris, après une adolescence et une prime jeunesse ne connaissant de l’amour qu’égoïsme et possessivité, à aimer voir voler le papillon plutôt que naturalisé sous une vitre, à aimer la fleur sans vouloir la cueillir, à chérir un souvenir plutôt qu’une possession qui ne peut être qu’illusoire, puisque tout ne nous est que prêté.
Même la femme que je porte dans mon cœur et dont je partage le lit depuis quarante ans et plus, sans savoir réellement qui elle est, ou de quoi elle est faite – pardonnez-moi la paraphrase –, même elle, qui n’aura pas voulu être une passante, qui a voulu m’appartenir, je ne la possède pas, et le jour viendra bientôt – sauf coup de bol et accident mortel commun – où je la quitterai ou elle me quittera. C’est donc plutôt cette absence de possessivité en l’amour, tout comme en amitié qui m’a toujours fait chérir l’idée. Et je ressens exactement la même chose vis-à-vis de mes enfants. Tiens, voici encore un petit poème écrit après la première fugue de ma fille il y a plus de vingt ans.
L'amour c'est quoi ?
L'amour c'est ça.
L'amour c'est l'instant qui s'en va.
L'amour c'est hier déjà demain.
L'amour c'est tes doigts qui s'emmêlent
entre mes doigts tu-tiens-je-tiens,
sans que l'on sache à qui est quoi.
L'amour c'est aussi,
je ne vous dis que ça,
une petite fille, qui dit Papa.
L'amour c'est hier déjà demain,
l'amour c'est une grande fille fugueuse,
que tu retrouves en train de fumer,
de boire dans le verre d'un étranger,
et dès lors se sentir tout chaud
de l'avoir retrouvée au bistro.
L'amour c'est quoi ?
L'amour c'est ça.
L'amour fait un peu mal, parfois.
L'amour c'est quand elle dit : Pa'ppa!
quand tu lui caresses les cheveux
et qu'elle te suit... cette fois, encore,
c'est fou ! couchant suivi d'aurore.
L'amour c'est quoi ?
L'amour c'est ça.
L'amour c'est l'oiselle qui s'en va.
Oui, l'amour c'est le papillon
qui s'envole loin pour de bon
avec un autre étranger
que toi, sans même
te consulter.
Manquerait que ça!
L'amour c'est quoi ?
L'amour c'est ça.
L'amour c'est l'instant
qui s'en va.
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