vendredi 28 décembre 2012

Moby-Dick, ce soir sur France 3

Ce soir, à ne pas rater sur France 3 : Moby-Dick de Melville (oeuvre au programme de littérature comparée à La Manouba, niveau Licence). Il s'agit d'un téléfilm allemand de Mike Barker, avec un prestigieux  casting (William Hurt dans le rôle du Capitaine Achab...)
Dans le roman Herman Melville ne précise pas de quelle jambe Achab était amputé. En 1956, le réalisateur John Houston dût trancher et il choisit de montrer un Gregory Peck amputé de la jambe gauche. On verra ce soir quel sera le choix de M. Barker. Il ne peut pas ne pas choisir.
Je ne sais non plus comment il rendra la fameuse première phrase du roman, ni même s'il la rendra "Call me Ishmael", phrase ainsi traduite par Lucien Jacques, John Smith et Jean Giono (ce n'est pas ce que Giono a fait de mieux) : "Je m'appelle Ishmaël. Mettons." Pavese avait traduit "Chiamatemi Ismaele" là où Bernardo Draghi traduit "Diciamo che mi chiamo Ismaele" (Disons que je m'appelle Ismaël). Dans sa postface, reprise par Umberto Eco, Draghi explique que l'incipit de Moby-Dick est intraduisible dans son ambiguïté puisqu'il peut signifier :
1) Je ne m'appelle pas Ismaël, mais appelez-moi ainsi. A vous de comprendre pourquoi j'ai emprunté ce nom au fils d'Abraham et de Agar.
2) Peu importe le nom.
3) Appelez-moi par mon nom de baptême, ce qui, en anglais, signifie tutoyez-moi : donc faites-moi confiance, croyez le narrateur que je suis. 
NB: à la suite de Melville, nous écrivons Moby-Dick (avec trait d'union) pour le titre de l'oeuvre et sans trait d'union pour désigner le cachalot hyponyme. 

8 commentaires:

Djawhar a dit…

Encore un amputé de la jambe !
Une fin d’année qui s’annonce guerrière sur votre blog cher ami !
En tout cas, moi je m’arrête de commenter. J’ai peur de la dominante rhétorique. " N'y auroit-il pas encore ici anguille sous roche, c'est-à-dire quelque allégorie cachée" comme disait François Rabelais – dans Pantagruel ?

giulio a dit…

Oui, chère Djawhar, Jalel nous offre avec cet aperçu du roman de Melville (le film est grandiose) et son capitaine Achab un contrappunto absolu, cornélien, quasi-caricatural à l’homme d’Épictète, celui qui ne désire pas ce qu’il peut obtenir par ses propres moyens, aussi limités soient-ils, qui n’essaie de sauter au-delà de son ombre, donc le sage, l’anti-héros par excellence. En fait, Achab va bien plus loin que le héros classique qui repousse ses limites au-delà du communément humain, mais garde raison, respecte une certaine morale et fait en tout cas preuve d’intelligence. La passion d’Achab est telle, qu’elle le projette, désormais fou monomaniaque, jenseits von Gut und Bösem, faisant de le surhomme nietzschéen qui, pourtant sensible à l’amitié, la fidélité, l’amour même, les ressentant lui-même et même capable d’intelligence et de raison, jette tout cela aux orties et sacrifie tout et tous à son apothéose suicidaire. La morale de Melville n’est pas si éloignée de celle d’Épictète en ce qu’elle démontre l’aberration et le malheur de vouloir plus de ce qu’on peut atteindre par soi-même. L’homme puni de son orgueil et de sa folie d’avoir voulu sauter plus loin que son ombre est condamné, puisque seul les âmes (des morts) ne portent d’ombre. Et autant pour la morale du commun et pour le commun des mortels ! N’empêche que l’on se rend bien compte, aussi bien dans le livre que dans les film, que Melville ne peut s’empêcher, à l’instar de bien de ses lecteurs, de ressentir estime et admiration pour cet homme que sa folie allait anéantir en en faisant un surhomme.

gmc a dit…

ismael = ego, moi, je
mais le fruit de l'alliance s'appelle isaac...^^

gmc a dit…

tu sais, giulio, le surhomme nietzschéen est plutôt amusant, j'aime aasez dans la dernière page du zarathoustra la phrase "c'est mon matin, c'est mon jour, c'est mon oeuvre" (ou quelque chose d'avoisinant; imagine le gars qui suit son parcours initiatique et découvre au bout du chemin la sérénité qui, dès qu'elle l'aperçoit, se lève et se met à trépigner comme une épileptique (alors qu'elle repose ainsi - sereine indeed - depuis la nuit des temps^^ )
tout nietzsche est dans cette phrase^^

gmc a dit…

djawhar,
un amputé de la jambe, c'est un peu comme ujn boiteux, non? il en existe certain d'assez célèbre^^

Jalel El Gharbi a dit…

GMC, ce mot pour vous souhaiter une bonne et heureuse année 2013
Amitiés

gmc a dit…

vous aussi, jalel, que 2013 vous soit une douce année

giulio a dit…

Sorry gmc, mais je déteste les prétendus, surhommes, ces égotistes narcissiques et égocentriques qui sèment la mort et la désolation aux seuls fins d’accomplir leur destin tragique, apparemment flamboyant, mais, en réalité, aussi mortifère qu'insignifiant. Je me suis certes enthousiasmé, ado, puis jeune homme, pour les Alexandre, César et autres Napoléon; mais, n'en déplaise à Nietzsche, je pense aujourd'hui que les véritables surhommes, si tant que le mot ait un sens, sont les quelques millions qui accomplissent, jour après jour, leur vie durant, dans le sang et la sueur la tâche surhumaine - justement ! - d'aider, de faire vivre, de soulager ou de donner un peu de bonheur à autrui sans rien demander en échange, sans juger, sans prosélytisme, sans autre récompense que celle d'être parvenus à s’oublier eux-mêmes, et qui par là furent des géants, qui se placèrent – tiens, tiens comme on se retrouve! – au-delà du bien et du mal.