Dans La Haine de la musique, le 7eme de ses Petits traités, Pascal Quignard, auteur de La Leçon de musique, écrit de la musique qu'elle est «le seul, de tous les arts, qui ait
collaboré à l’extermination des Juifs organisée par les Allemands de 1933
à 1945... Il faut souligner, au détriment de cet art, qu’elle est le seul
qui ait pu s’arranger de l’organisation des camps, de la faim, du
dénuement, du travail, de la douleur, de l’humiliation, et de la mort...
Il faut entendre ceci en tremblant : c’est en musique que ces corps nus
entraient dans la chambre.
La musique viole le corps humain. Elle met debout.
Les rythmes musicaux fascinent les rythmes corporels. A la rencontre de la
musique, l’oreille ne peut se fermer. La musique étant un pouvoir
s’associe de fait à tout pouvoir. Elle est d’essence inégalitaire. Ouïe et
obéissance sont liées. Un chef, des exécutants, des obéissants telle est
la structure que son exécution aussitôt met en place. Partout où il y a un
chef et des exécutants, il y a de la musique. Platon ne pensa jamais à
distinguer dans ses récits philosophiques la discipline, la guerre et la
musique, la hiérarchie sociale et la musique... Cadence et mesure. La
marche est cadencée, les coups de matraque sont cadencés, les saluts sont
cadencés. (p.215 à 221)
Quignard pense moins à Wagner et ses développements antisémites qu'à Primo Levi nerveusement hilare d'entendre la fanfare jouer Shubert (Rosamude) alors qu'il était dans son camp de concentration.
Ne pouvant médire de la musique, je me contenterais de ce truisme : la musique est le seul art qui pousse à fermer les yeux.
2 commentaires:
Étrange ! Je n'ai jamais considéré la musique en général sous cet aspect là. Certes, l'on sait les cruautés que peuvent accompagner des musques/chansons martiales ou patriotardes. Mais comment associer le clair de lune de Debussy, la Symphonie du nouveau monde, ou le 41e concerto de Mozart, autant de florilèges d'accords amoureux, à quoi que ce soit de négatif ? de cruel ?
C'est pour cela que j'ai écrit ma dernière phrase qui peut être lue littéralement.
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