La vie est quelque
chose de splendide, le monde est un lieu enchanteur. On y trouve les prairies,
les forêts, les fleurs. Le ciel, le soleil, les nuages. Les étoiles, la lune.
As-tu vu la mer, as-tu vu les montagnes ? N’es-tu jamais entré dans un
musée ? N’as-tu même pas essayé de lire quelques-uns de nos plus grands
chefs-d’œuvre littéraires ?
S’épuiser, s’éreinter
pour se retrouver toujours les mains pleines de cendres. Brûler d’amour pour
une femme, et, une fois qu’on l’a possédée, se sentir comme un ver vidé de
toute sa substance. Se battre pour la gloire, pour la fortune, pour le démon
qui vous tient et vous harcèle et, une fois parvenu à ses fins ne plus voir que cette ombre noire qui vous
attend et tout cela pour finir par crever et même les merveilleux vices, et
même la poésie, et même la musique se transforment, se putréfient, s’emplissent
de venin et on peut toujours te parler des fortunés, des encore plus fortunés,
parce que les autres sont pour la plupart condamnés eux aussi aux maladies, à
la misère, aux ennuis corporels, à la puanteur, à la laideur, à la vulgarité,
et il leur faudra partir eux aussi, même s’ils ont oublié qu’il leur fallait
partir, l’ombre qui attend au coin de la rue leur est destinée tout autant
qu’aux autres, derrière la porte, dans l’armoire, et avec elle les terreurs
nocturnes et celles du matin blême qui sont encore pires…
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