dimanche 28 septembre 2014

En relisant Le Régiment part à l'aube de Dino Buzzati




La vie est quelque chose de splendide, le monde est un lieu enchanteur. On y trouve les prairies, les forêts, les fleurs. Le ciel, le soleil, les nuages. Les étoiles, la lune. As-tu vu la mer, as-tu vu les montagnes ? N’es-tu jamais entré dans un musée ? N’as-tu même pas essayé de lire quelques-uns de nos plus grands chefs-d’œuvre littéraires ?




S’épuiser, s’éreinter pour se retrouver toujours les mains pleines de cendres. Brûler d’amour pour une femme, et, une fois qu’on l’a possédée, se sentir comme un ver vidé de toute sa substance. Se battre pour la gloire, pour la fortune, pour le démon qui vous tient et vous harcèle et, une fois parvenu à ses fins  ne plus voir que cette ombre noire qui vous attend et tout cela pour finir par crever et même les merveilleux vices, et même la poésie, et même la musique se transforment, se putréfient, s’emplissent de venin et on peut toujours te parler des fortunés, des encore plus fortunés, parce que les autres sont pour la plupart condamnés eux aussi aux maladies, à la misère, aux ennuis corporels, à la puanteur, à la laideur, à la vulgarité, et il leur faudra partir eux aussi, même s’ils ont oublié qu’il leur fallait partir, l’ombre qui attend au coin de la rue leur est destinée tout autant qu’aux autres, derrière la porte, dans l’armoire, et avec elle les terreurs nocturnes et celles du matin blême qui sont encore pires…

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