Sappho Œuvre de Jean Antoine Gros
Extraits d'un recueil saphique de D. Aranjo, illustré par
J. Laval, est disponible chez l’éditeur Poiêtês, Mondercange, BP.
84, L-3901 Mondercange, Luxembourg ; 17 euros + 4 euros d'expédition
SEINS SAPHIQUES
RÉINVENTER SAPPHÔ, par Salah Stétié
Réécrire Sapphô est une idée folle que nous avons tous eue
plus ou moins et qui est restée dans nos esprits sous forme de points de
suspension. Que faire d’autre face à des fragments intenses d’une œuvre éclatée et
disparue ? Au silence de la poétesse, c’est notre propre silence le respect dû, cependant exalté par la
volonté d’écoute rendue à sa fonction originelle qui est de détecter le moindre bruit, le
plus petit signe venu du bruissement de la parole ou, mieux encore, du murmure, du
soupir presque indiscernable, du chant muet des lèvres qui se touchent.
DE L’IMMORTALITÉ
[…] isthme […] fausses rivières […]
cette ville, demain, où passèrent
des lions […]
abreuvée par une gracile source
sous-marine
et une fontaine à becs aux
Eaux-Douces d’Asie […]
et la seconde vie [que nous y est]
notre amour,
sous la fine feuillée d’un vieux
chêne d’argent
- entre le tiède caprice, double, de
tes seins.
De l’immortalité
la jeune emphase de tes seins […]
large papillon monarque,
comme à Rhodes, sur une flaque
de quasi asiatiques nymphæas […]
l’humanité peut disparaître,
il ne la verra pas ; comme
il ne voit déjà pas cette boue de
fleurs, ni le nénuphar, qu’il est ;
et pourtant il se sait belle, comme
toi,
puisqu’il fait la belle pour sa
belle
de tout l’éclat de sa craie de
couleurs
derrière une brume de prétextes
puérils,
hélas comme nous toutes.
De l’immortalité
Rue étrangère et sacrée de notre
première étreinte,
pays natal, et célébrante mort
(ah écarte, écartèle-toi encor, ô
blanche,
autour de mes hanches sombres)
(non non, elle n’a point connu
d’homme,
mais connaîtra déjà la femme) ;
puis, la nuit advenue,
t’y embrasser encor distraitement au
coin de la bouche,
puis au cou,
tout en caressant distraitement ton
sein fluide
par-dessus ta pâle chemise de lit
alors même que
Bételgeuse, Altaïr, la Chevelure copte de
Bérénice,
tout le ciel du monde
est sur l’arc et le buste, tendu, de
ta claire
ah oui, et si sombre peau.
1 commentaire:
Splendide ! Laurent m'a dit qu'il allait voir s'il en a encore quelques exemplaires.
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