mercredi 31 août 2016

Urga, Sur les hauteurs de Mandchourie


De l'ivresse de la fête et de sa liesse surgissent, sublimes et idéalisées, les ardeurs du désir alimentant en silence l'ego. Le chant : voix de ce qui est tu.
Par ailleurs, les douleurs collectives peuvent resurgir, par la force de la voix qui chante, du corps qui danse , sous une forme idéalisée. Il y a une lyrique de la douleur qui est la forme subsumée de la douleur lyrique.
Ce chanteur est nietzschéen : deux divinités président à sa prestation d'abord quasi grotesque puis véritablement sublime. Il évolue sous la double égide d'Apollon et de Dionysos. 

Dionysos luttant contre les pirates et les monstres marins. Musée du Bardo.

 Nietzche posait comme préalable à l'art la rencontre de ces deux divinités : Apollon que cette statue du musée du Bardo montre alangui est le dieu de la poésie, du chant, de la beauté masculine et Dionysos,  dieu du vin. Le premier officie dans la mesure et le second préside à toutes les démesures. 

Apollon citharède. IIeme siècle, musée du Bardo


Cette scène est extraite du film Urga (ancien nom de Oulan-Bator, mais aussi la perche à  lasso utilisée
 pour capturer les chevaux), film qui date de 1991. La chanson divinement interprétée ici est une valse de Shatrov dont le texte évoque le conflit russo-japonais et les massacres de la Mandchourie. Rien de plus revigorant surtout quand on sort d'une lecture appliquée de Schopenhauer. 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Schopenhauer , ombrageux personnage et certainement le plus angoissé de tous les philosophes . Tourmenté par des maladies et des querelles imaginaires … ne croyait pas au bonheur tant il voulait sans doute partager avec le divin sa maison (misérable humain !) et nourrissait constamment une inquiétude qui lui faisait voir et chercher des dangers là où il n'en existe pas. En somme, il nous a aidés à contredire certaines de ses thèses, celle au moins qui discute du bonheur et il a vécu, en toute conscience pendulé entre " la souffrance et l’ennui ".

Jalel El Gharbi a dit…

Merci pour votre commentaire mais j'ai l'impression que nous ne parlons pas du même auteur.

Anonyme a dit…

Vous écrivez à la fin de votre poste : " Rien de plus revigorant surtout quand on sort d'une lecture appliquée de Schopenhauer", et je me suis attachée à ce dernier détail pour parler du deuxième philosophe que vous citez dans votre page. Nietzsche n’a pas attiré mon attention ici parce que ce que ce que j’avais à dire concerne Arthur Schopenhauer. A moins que vous ne parliez d’un autre Schopenhauer que je ne connais pas et là vous m’en voyez désolée.