dimanche 22 janvier 2017

Legs (Legacy) Christian Garaud


Legacy

In a large brown envelope
my mother left me daily life’s
relics of the German occupation:

a piece of bread hard as a rock,
grey ration coupons for shoes,
a Marshall Petain blue banknote,
two newspapers, one touting
Axis’ victories, the other
the liberation of Paris,

but there will be no show and tell:
how could my children understand
how hard life was in Poitiers
seventy five years ago
when they witness every day
the destruction of Aleppo?

*

Legs

dans une grande enveloppe brune
ma mère m’a laissé des reliques
souvenirs de la vie quotidienne
pendant l’occupation allemande:

un morceau de pain dur comme du roc,
un gris coupon de rationnement
pour une paire de chaussures,
un billet de banque à l’effigie
du Maréchal Pétain, un journal
vantant les victoire de l’Axe,
un autre la libération de Paris.

Comment intéresser mes enfants
à la vie quotidienne à Poitiers
il y a soixante-dix ans
quand ils sont témoins tous les jours
de l’anéantissement d’Alep?

3 commentaires:

Jawhar a dit…

Pour Alep, ces autres mots urgents (mais pleins d’espoir) d’un autre poète engagé, Aimé Césaire :

« Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre.

Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »

Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle,car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »

( extrait de "Cahier d'un retour au pays natal")

Jalel El Gharbi a dit…

Merci Jawhar
Amitiés

Jawhar a dit…

Je tiens à préciser que Césaire n'a pas écrit sur Alep, bien évidemment; c'est moi qui voudrais rappeler Alep à travers son poème qui, symboliquement, est dédié à toutes les terres du monde (dont Alep) et à tous les hommes qui, dans la détresse la plus totale, restent debout.