mercredi 24 mars 2010

Réactions du poète Gaspard Hons à ma lecture


Je reçois à l'instant cette réaction de Gaspard Hons à mon article "Le surnom de la rose" mis en ligne le 21 mars. Merci, cher Gaspard, pour cette exceptionnelle qualité d'écoute, dont j'ai envie de dire qu'elle est un des paronymes de la fraternité.


La rose, une confidente de nature lumineuse est transcendentale : là sont les mots notés sur la première page d’un petit carnet gris toilé. Ensuite d’autres mots, des notations , des presque poèmes, des pensées souvent banales, des éclairs. Une matière première, brute. Mon terreau ! Le terreau de celui qui n’est rien, qui s’échappe. Il, celui-là, éprouve quelque chose, mais ne sait quoi.

Longtemps j’ai vécu et vis toujours en éprouvant, en traversant.

L’article de Jalel El Gharbi se pose et m’éveille, il me donne l’image de quelqu’un qui se découvre tout en continuant à éprouver, mais quoi. Au fil des ans, divers carnets se sont succédé, trois, dont roses improbables, roses incréées et roses imbrûlées. La même quête, le même désir de voir fleurir des roses effacées. Lire dans un même espace visible et invisible ; comme écrit Jalel ajointer ces deux états (mais sont-ce des états ?). Le connaissable et l’inconnaissable, les deux étrangers l’un à l’autre. L’objet de mes pensées est là et là il est absent. J’en prends me semble-t-il conscience, ou non conscience. Je m’inscris dans ce qu’écrit ce lecteur qui me découvre, dans ce synonyme possible de la vacuité : la nudité ? L’absence serait le réel moins le visible.

Il y a de l’émerveillement et des éblouissements dans ma relation avec ces roses qui sont tout en n’existant pas, qui après un voyage, non linéaire, mais sphérique se donnent fruit, lieu de germination. Mes roses me pensent sans exister bien que mon regard imparfait en fasse des objets ; objets mais non concepts. Cela est-il de l’ordre de la connaissance ?

On est maladroit de vouloir réduire cette distance qui nous sépare de l’autre nous, se trouvant pourtant à distance minime, sinon symbolique .

La rose réside-t-elle où ignorance et connaissance se valent. Mais en quel domaine, celui que nous pouvons tout juste éprouver…



Gaspard Hons
Nuit du 23 au 24 mars 2010

7 commentaires:

giulio a dit…

"Il y a de l’émerveillement et des éblouissements dans ma relation avec ces roses qui sont tout en n’existant pas..."

serait-il le comparant, cher Jalel, de

«tu rejoins la substance primordiale / quand le vide au fond de toi / rejoint le vide qui n’existe pas»*,

ainsi que la rose un comparant de la mort?

*) Ritte

Jalel El Gharbi a dit…

Oui, cher Giulio, les deux citations disent la synonymie entre la rose et la mort. Une mort qui aura auparavant transité par une aspiration à tout.
En fait, je soupçonne ces roses d'avoir une connotation amoureuse. l'amour qui est Amour (Amour de Tout), aspiration vers l'être où nous finissons par trouver le néant.
Amicalement

Pier Paolo a dit…

Cher Jalel, les réactions de Gaspard Hons éveillent en moi tant de pensées contradictoires, je devrais plutôt dire qu'ils introduisent tant de nuances, de touches délicates dans ma réflexion comme le pinceau d'un artiste réalisant son oeuvre. Je serai bien incapable d'arrêter un quelconque avis, jugement, opinion. Non, je préfère laisser le champ ouvert à la réflexion, à la méditation, à la rêverie. En tout cas, cet écrit provoque en moi une véritable délectation émotionnelle. Beaucoup de mystère s'en dégage. Et je pense au fameux ouvrage de Mahmud Shabestari, "la roserai des mystères". Amicalement.

Jalel El Gharbi a dit…

Oui, cher Pier. J'adhère tout de suite à ces oeuvres qui privilégient la question sur la réponse. Est poète celui qui a question à tout.
Amicalement

christiane a dit…

Quel beau dialogue d'une commune présence au poids incertain d'une rose dans la paume d'un poète. Les mots alors s'effeuillent comme pétales...

giulio a dit…

Coïncidence, contagion, télépathie ou quoi, cher amis?
Il y a de la rose aussi chez Pier Paolo.

Jalel El Gharbi a dit…

Chers amis, saluons le retour de notre amie Christiane.
Giulio : Notre ami Pier Paolo a choisi un poème de Hafez, qui comme tous les textes de Hafez se terminent par une adresse que le poète se fait à lui-même. Hafez est le poète de la fin ai-je envie de dire.
Amicalement