vendredi 26 janvier 2018

Carthage et les Etrusques : une belle exposition à Carthage


Le musée de Carthage vient de se doter d'une nouvelle vitrine consacrée aux objets étrusques trouvés en Tunisie. Il s'agit de plus de 200 objets remontant au VIe et VIIe siècle avant Jésus-Christ. On peut y admirer des merveilles en bucchero (type de poterie en terracotta fine et légère) comprenant des canthares (vases à anses relevées, du grec κάνθαρος qui a donné en arabe خندريس désignant le vin, terme qu'on trouve dans la poésie arabe de Sicile au Xe et XIe siècles), des aryballes (vases à grosses panses), des alabastres (poteries de forme oblongue servant à transporter l'huile ou le parfum), des oenochoés (pichet à vin), des skyphos (vase à boire, sans anses), des amphorisques (jarres à deux anses) des kylix (vases peu profonds servant à la dégustation) et des amphorettes.



Une pièce à ne pas rater : la tessère d'hospitalité (tessera hospitalis), qui appartenait à un jeune Carthaginois Puinel Karthazies. La moitié de cet objet se trouvait en Etrurie et la confrontation des deux objets permettait au jeune homme d'être identifié et de jouir de l'hospitalité étrusque.


samedi 6 janvier 2018

En lisant P.-J Toulet

Pour vous, ce passage irrésistible du roman de Toulet Mon amie Nane
Pour en savoir plus sur Toulet, je vous recommande la thèse de Daniel Aranjo en deux volumes, publiée en 1980 à Pau. 


 Quand je serai une vieille dame morte, dit Nane, j’aimerai à me vêtir, moi aussi, de brouillard lilas, et de fumée rose ; je me nourrirai avec le parfum des fleurs ; ou avec l’odeur des prunes, qui est délicieuse et qui me donne des envies d’amour.
Elle ferme les yeux et s’imagine peut-être, dans l’ombre et l’herbe d’un verger, sucer l’or des mirabelles, tandis que les abeilles bruissent autour des branches et qu’un papillon couleur de soufre se balance indolemment au milieu de la chaleur.
— Mais je ne sais pas du tout, reprend-elle, ce que je ferai quand je serai une vieille dame vivante. Peut-être vendrai-je des journaux dans un kiosque, près de Saint-Lago avec un roquet qui aboiera aux clients. Il ne me sera pas resté d’amis, personne ne viendra causer avec moi, jamais, pas même le sergent de ville ; et j’aurai envie de pleurer à voir les mômes, sur le trottoir, découvrir leurs chaussettes — comme moi, jadis.
— Ne pleurez pas, bébé, les choses ne seront pas si noires, mais, au contraire, un de vos amis vous ayant acheté un fonds de commerce, vous trônerez au milieu d’une belle épicerie. Il y aura tout autour de vous des ananas écailleux, mille pâtés dans des boîtes brillantes, et ces flacons où les fruits confits ressemblent aux pierres les plus précieuses. Il y aura aussi les regards en coulisse des garçons qui loucheront sur la patronne en pensant à tant de belle chair perdue sous vos amples jupes. Car vous serez grasse, Nane ; mais vous serez sévère aussi et ne souffrirez point de galanterie des subalternes.
— Et pourquoi, dit le philosophe, ne seriez-vous pas la châtelaine d’une bicoque Louis~XIII, blanche et rouge, qu’on apercevrait de loin à travers les trembles ? Vous y porteriez le deuil honorable de feu le colonel de réserve votre mari ; il aurait toujours sa place à la table où, trois fois la semaine, vous joueriez le whist avec quelque hobereau sondeur du voisinage et monsieur le curé.
— Non, non, pas de curé, ça porte malheur !
— Ah ça ! Nane, seriez-vous devenue anticléricale ?

mardi 2 janvier 2018

Louis Janmot : Le poème de l'âme & L’Âme poème.

Louis Janmot 1814-1892 de l’école de Lyon
Louis Janmot : Fleur des champs.

Pendant plus de quarante ans, il travaille à une série de tableaux Le Poème de l’âme, formée de deux cycles : un cycle de 18 tableaux et un autre de 16 dessins. L’ensemble est aujourd’hui superbement exposé au musée des beaux-arts de Lyon.  On y voit l’Influence conjuguée des nazaréens allemands  s’inscrivant dans la lignée de Dürer et des préraphaélites anglais.  Cette œuvre relate le cheminement spirituel d’un jeune accompagné de son alter ego féminin.


Louis Janmot a décliné son œuvre en poésie. La version poétique de l’œuvre picturale comprend 2800 vers.


L’œuvre dans son  volet pictural a été saluée par Baudelaire et Delacroix a été frappé par sa parenté avec  l’univers dantesque. Il est à noter qu’un poème de Janmot se réfère explicitement à Dante :
Peut-être en tout ceci rien n’est réel : d’un rêve
Ce n’est que l’accident pénible et passager,
Et, vienne le réveil, je n’y dois plus songer.
Quand ma jeunesse en fleur était en pleine sève,
Combien de fois, après le jour le plus heureux ;
Par contraste, la nuit, un songe monstrueux
Digne de figurer dans les cercles du Dante,
Remplissait mon esprit de deuil et d’épouvante,
Puis s’évanouissait aux regards du soleil.
L’Ame Poème vient d’être réédité. L’ouvrage comprend l’ensemble de l’œuvre poétique et pictural.