dimanche 9 mai 2010

De la cuisine relevée par la poésie par Henri Deluy. ( Suite et fin)


Le « lait de lion »
Plus connu sous le nom de « raki », une eau de vie parfumée à l’anis, comme on la trouve, sous différentes formes, tout autour de la Méditerranée, et qui précède et accompagne l’arrivée des « mézès », qui ne sont pas des « amuse-gueule », ni même des « hors d’œuvres », plutôt des « entrées » qui n’en finissent pas, et peuvent recouvrir de larges tables…Petits plats, bols, assiettes, minuscules casseroles, saladiers, verres, truelles, raviers, soucoupes, toute une vaisselle de circonstance présente des dizaines et des dizaines de préparations chaudes ou froides (ou en train de refroidir…), des assortiments dans lesquels on peut retrouver les restes d’un repas antérieur, les « chiche-kebabbs », les brochettes, les papillotes d’agneau, le poulet au miel…
L’aubergine
Mais les mézès, ce sont surtout les aubergines, les pansues et les naines, farcies ou frites, en purée, en confiture, en tranches, avec oignons et tomate, aux fines herbes, et les petits légumes en saumure, les salades au yaourt (piment rouge, menthe…), les feuilles de vigne (ou de choux) farcies au yaourt, au fromage, les taramas, les œufs durs, les poissons du jour (anguille, dorade, maquereau, sardine, thon), en boulettes, ou grillés, poêlés, pochés, très cuits ou presque crus, les coquillages, les crustacés, les viandes séchées (pasterma), les langues de bœuf émincées, les purées de fève, les champignons marinés, les haricots blancs en sauce, les concombres (« chorba », soupe, au yaourt…) hachés ou non, les saucissons coupés, les fines courgettes accommodées, les olives, toutes les olives, et aussi, les calamars, les feuilletés divers, les pois chiche, les tripes à la cuillère…
Et il y faut aussi, il y faut encore, les pâtisseries, les « kadayf » aux pistaches, les « halva », les « rahat loukoum » (« repos de la gorge »), les fruits secs, les fruits frais (melons, pastèques…)
Et s’attendre à ce qui va suivre (mais allez donc reprendre du pied de mouton à la crème d’anchois, après ça !)…
Car il faut, bien sûr, l’appétit, et la force de vivre…

5 commentaires:

Rachedi Kamel a dit…

dites moi est ce que voyez mon blog sur la page de bab-dar...je vous pose
cette question parceque je n'ai pas de visites de tunisie...

je me demandais si mon blog n'est pas censuré à partir de Tunisie...mais je me trompe peut-être

kamel

Jalel El Gharbi a dit…

Non votre blog n'est pas censuré. Hier, j'y ai accédé et j'ai lu votre poème. Je viens de vérifier encore.
C'est vous dire que c'est sans doute votre compteur qui n'est pas au point. Vous avez au moins un lecteur en Tunisie
Bien à vous

Rachedi Kamel a dit…

et bien merci...un lecteur c'est déjà ça...merci bien...bien à vous...

Evel a dit…

Ah ! Quel régal ! MERCI !

Jalel El Gharbi a dit…

Pour vous, chère Evel, ce poème que vous connaissez :

«Éloge pour une Cuisine de Province»
Guy Goffette.


Tu vois, une nouvelle fois, le soir s’en vient,
le silence…
Et ce frisson fin qui fait trembler les airs…

Tu vois, la solitude fait patte de velours,
une nouvelle fois...

Une nouvelle fois,
je trie les pissenlits que je viens de cueillir
– une salade que je ne partagerai pas –…
L’eau est fraîche sur mes mains.
L’eau est si douce à mon coeur...
Je place exactement le tranchant du couteau sur le collet
– le collet, ce liseré entre la racine et le déploiement –.
La chair blanche apparaît,
l’invisible irrigué de saveurs...

Tu vois, à la nuit qui vient,
aux larmes et au sang,
nous aurons à offrir
autre chose qu’un cri.

Dans la cuisine et sa pénombre,
il y a comme un visage, il y a


comme un rayonnement.


"Les Visages du Pronom" (2004)