jeudi 16 juin 2016

Pour Tunis


Pour Tunis
Au sud-est du mont Ichkeul calme frisson de menthe et calme lisière des champs de blé
Qui  traversent la plaine d’Utique d’anis d’asphodèle et tantôt de narcisse
Avant que ne s’envole un oiseau difforme loin du micro climat de l’amour Ô sirène
Viens que m’inondent ton sourire et ta salive. Je parle une langue qui donne un autre nom à la salive sur la blancheur des dents 
T’en souvient-il nous avons ranimé des flammes éteintes et d’anciennes lueurs
Derrière le voile des feuillages je vois les voiliers invisibles. Moi c’est près de Pompéi que mes amours ont été comme ensevelies
Je ne suis pas seul pourtant et je survis. Je sens des brises qui viennent du Cap blanc, du Cap Bon, du cap Angela et de tous les caps.
Au Bardo, j’ai vu  un échanson averti qui sait choisir des grappes comme des xénias ou comme le vers de Virgile qui trône au Bardo
Viens de rue en rue je t’emmène vers celle que je préfère. Il faudra marcher jusqu’au Borgel où tout finit comme dans toutes les vies comme dans toutes les villes
Si nous prenons à gauche, à l’est du jasmin nous finirons par trouver de vieux livres aux douces carnations   
Si nous continuons tout droit  au sud de la mosaïque nous trouverons le meilleur Plat tunisien du pays et du monde voici la recette du bonheur 
Sur une nappe de salade verte et méchouia des câpres et des olives et noires et vertes et de l’harissa et  des poivrons confits et du thon et des pommes de terre cuites à l’eau en fines lamelles et l’épanchement d’un œuf mollet sur un piment de cayenne couleur cerise
Un demi-litre de rouge pour qui n’est pas désargenté contente-toi de regarder à la dérobée la passante que tu es seul à voir et pleure tout ton saoul.
Jalel El Gharbi

4 commentaires:

Anonyme a dit…

https://www.facebook.com/Voyage-entre-Cieux-et-Enfers-1630088650597763/timeline?ref=page_internal

Je vous invite à découvrir et à partager ma page de poèmes au lien ci-dessus.
Bien cordialement,
Matthieu.

Jalel El Gharbi a dit…

Je le ferai avec plaisir

Jawhar a dit…

Chez Jalel El Gharbi, il faut toujours considérer le dessin ou l’image qui illustre le poème comme faisant partie des vers. Et Tunis sur la photo est ce qui donne encore plus sens à la blancheur de l’anis, de l’asphodèle et du narcisse. La blancheur de cette ville verte (ne l’appelle-t-on pas raisonnablement et poétiquement tounes el khadra ?) apparente les couleurs et leurs figurations et laisse exhaler - à travers cette combinaison artistique très judicieuse- un parfum que les parfumeurs créateurs n’ont pas encore composé. Merci pour toutes ces couleurs, ces senteurs, ces goûts et pour le délice de la lecture auquel nous convie cette manne poétique.

Jawhar a dit…

"Des images n'accompagnent un poème que pour en élargir le sens, en dénouer la forme" écrit à juste raison Paul Eluard.