dimanche 30 novembre 2008

Du côté de Fez

Fez la féerique
Fez comme sous le règne des Mérinides. Les mêmes ruelles, les mêmes médersas, les mêmes allégories. Je traverse les ruelles où pleuvent les cris des muletiers aux quatre saisons criant gare. Et j’ai pu écrire ce poème. Le voici comme il a été publié, traduit et annoté par Emauela Frate dans un recueil bilingue français , italien :


Des Esperluettes


Un jour
Je me suis perdu dans ses ruelles
Et tu passais près des couleurs fruitières

Voici les cerises
Voici la pomme

J’ai heurté un passant
Un muletier m’a crié gare
J’ai failli tomber sous les sabots sonores

Je t’ai suivie
J’ai pensé
A qui connut les soleils de Konya,
Les neiges d’Ispahan
Et le chemin de Damas qui mène ailleurs
Je t’ai suivi buvant à la cascade
De ta chevelure
Mes yeux escaladaient ton corps
Callipyge
Me suis agrippé à la chute des reins.

Traduit par Emanuela Frate :

Urla di disperazione

Un giorno
Mi sono perso per queste stadine
Et tu passavi vicino ai frutti colorati

Ecco la ciliegie
Ecco la mela

Ho urtato un passante
Un mulattiere m’ha gridato attento
Ho rischiato di cadere sotto zoccoli sonori

Ti ho seguita
Ho pensato
A chi conobbe i soli di Konya,
Le nevi di Ispahan
Et la via che conduce altrove
Ti ho seguita bevendo alla cascata
Della tua chioma
I miei occhi scalavano il tuo corpo
Sinuoso
Mi sono aggrappato ai tuoi fianchi


Jalel El Gharbi
Urla di Disperazione (recueil bilingue)
(traduzione e note critiche a cura di Emanuela Frate)
Edizioni Kimerik
ISBN:88-89030-84-4

9 commentaires:

helenablue a dit…

vraiment un endroit où j'aimerais aller , Fez , la féérique ...

plus encore maintenant !

merci Jalel ...
amitiés
helena

Jalel El Gharbi a dit…

@Helenablue : C'est une ville qui vous enchanterait avec ses monuments, ses manuscrits, ses ruelles d'autrefois et le souvenir vivace du passé.
C'est moi qui vous remercie chère amie.

Unknown a dit…

...

souffle
brûlé de tous les souffles
allant le souffle amer
de la bouche dévorée âcre

fruit
l’orée trop belle
rose
aux lèvres de l’aimée —
tu

...

sur vos chemins de Damas cher Jalel, en pensant à Ibn Jubayr (sourires) peut-être aussi, les jardins

...

Jalel El Gharbi a dit…

@ Deborah : merci de compléter si joliment, chère poétesse.

Anonyme a dit…

Magnifique, Jalel...
incandescence de votre mémoire ou aspiration à rêver un passé inscrivant en ce poème ce qui n'est pas encore venu ?

Jalel El Gharbi a dit…

@ Christiane : Chère amie, merci de votre passage. Pourquoi "ou" quand "et" demeure possible dans une jonction entre passé et futur. Cette jonction est un des synonymes de la vie.
Amitiés

Anonyme a dit…

Et .... ou ....
Et le présent , Jalel, Est-ce un fantasme entre ce qui a été et (ou) ce qui sera ?

Jalel El Gharbi a dit…

@ Christiane : il y a dans la consistance du réel et dans sa pesanteur ce qui interdit de penser que c'est un fantasme
Bien à vous

Anonyme a dit…

Alors je vais toucher le monde. Mes mains savent plus sûrement que ces pensées tumultueuses qui parfois écrasent les mots tant elles sont impatientes. Le monde veut se dire, Jalel. Mes alphabets caracolent sur une terre peuplée de vivants. Je touche le monde et tout s'apaise...