dimanche 24 mai 2009

Hergla de Lorand Gaspar


Le cimetière marin de Hergla

Hergla
Petit village blanc aux portes bleues sur un balcon de mer. Au bout des maisons, sous une mosquée équarrie dans la même blancheur, un cimetière descend de ces tombes de chaux, toutes semblables, escalier riant jusqu’à la mer. Là l’écume des vagues et celle de la mort se confondent. Pas un arbre, pas une ombre. Tout est clair, plus clair que jour, c’est la nuit, le néant passés à la chaux. Rien de ces méandres, de ces marbres aux inscriptions dorées, toutes ces coulisses qui nous cachent l’étendue, de nos cimetières. Ici l’inconnu est aveuglant. Comme si l’opacité battue par le soleil devenait aérée, lucide. Cette légèreté qui reste de nos secrets – ferments qui bougent au-dedans de la pesanteur, images brûlées dont la lumière est d’eau et de cailloux - , de ces paroles dans le vent quand s’use le contour d’une chose.
Lorand Gaspar : Feuilles d’observation. Editions Gallimard. P. 159

8 commentaires:

giulio a dit…

Merci Jalel, d'avoir pris la peine de rechercher ce texte dans ta bibliothèque et de nous l'offrir à tous, dont la majorité l'eût sans doute ignoré à jamais.

jdidielhedi a dit…

merci pour l'article

Blue a dit…

Quel beau texte !
Merci Jalel.
Amitiés.
Hélèna

Jalel El Gharbi a dit…

@ Giulio : Merci à toi cher ami.
@ Si Jdidi : C'est moi qui vous remercie. Je vous ai envoyé un mail.
@ Helenablue : Heureux de vous retrouver.

amel a dit…

J'ai rencontré Lorand Gaspar il y a... 27 ans. Je me souviens de ce regard ouvert et pénétrant, de son phrasé lent et ponctué de silences, de cette façon précise et quasi chirurgicale de réfléchir. Ce grand chirurgien a parcouru le monde et a soigné bien des populations... A l'époque, il animait un atelier d'écriture dans sa maison à flanc de falaise à Sidi Bou Saïd. Je ne l'ai pas revu.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Amel : Bonjour. La dernière fois que je l'ai vu c'était en 2003. J'avais été à l'origine de la journée que la faculté de la Manouba lui a consacré.
Je crois qu'il est moins actif qu'auparavant étant né en 1925.
Merci d'être passée.

amel a dit…

Auriez-vous, cher Jalel, des notes de ce colloque que vous avez conduit? Je me suis souvent immergée dans les poèmes de Lorand comme dans des espaces,infiniment ouverts, où la pensée peut néanmoins prendre appui solidement. Poésie des espaces qui nous habitent et que nous habitons... fussent-ils de sable, de pierre,...; où le minéral est. Fulgurance aussi des images comme la foudre héraclitéenne.
Merci à vous et très bonne journée.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Amel, Chère Amel, les notes du 11, 12et 13 avril constituent le texte de la communication que j'ai présenté devant LG. A la fin de la communication, je l'ai vu enfreindre les us universitaires et venir me parler à la tribune. Ce fut un moment de bonheur
Merci d'être passée.
Bien à vous