samedi 12 septembre 2009

Prose pour le transmaghrébin 1

Mausolée de Dogga

Pays de Massinissa
Et il y a derrière les oliviers de Dougga, regardant la rivière venant du lointain Atlas, ce mausolée qui pense aux origines mésopotamiennes et à la mer lointaine. On dit que c’est le mausolée de Massinissa, l’illustre roi numide alors que c’est celui du chef Afeban. Le mausolée de Massinissa se trouve plutôt à Cirta, près de l’actuelle Constantine. Les deux monuments –celui de Cirta- ayant pu être reconstitué par ordinateur – se ressemblent.

Mausolée de Massinissa à Cirta.

Echo du passé et souvenir effilé des pyramides et d’une matinée romaine. La transcendance du site est ponctuation du silence. Elle est jonction. Il y a ici un silence qui s’épaissit dès qu’on y goûte. Un oiseau venu d’il ne sait plus où tente de se faire bémol du bleu. Et les nuages ne semblent pas tenir leur promesse. Et il y a sur ces coteaux des paysans qui pensent au lointain exil. Maures chassés de leur Andalousie, Arabes venus de très loin ou ce Français ayant opté pour une autre identité : ici on peut changer d’identité. Il suffit de pouvoir dire Salam et quelques mots d’amour. C’est peut-être pourquoi le site de Dougga est aujourd’hui le site romain le mieux conservé.

7 commentaires:

La petite librairie des champs a dit…

En route pour Douga et le sud en route pour Kerkenah, en route pour le bleu!
Merci!

giulio a dit…

À Cirta? Un monument romain, of course, puisque Massinissa était l'allié de Rome!
Mais qui a-t-il songé à dresser un monument à son petit-fils, Jughurta, qui refusa la loi des romains?
À moins qu'on se contente de la mythique mesa appelée "Table de Jugurtha". La nature nord-africaine aurait-elle voulu pallier anticipativement à l'indifférence de ses autochtones pour ses héros?

Jalel El Gharbi a dit…

@ En route vers les îles. Kerkenah me rappelle "kerkeni" (comme l'écrit Chateaubriant prenant le mot pour un pluriel italien !!!)
Merci de votre passage
@ Giulio : Une réconciliation avec l'histoire et la géographie est nécessaire au Maghreb. Salutaire même.
Je compte aller revoir la Table de Jugurtha dans quelques semaines.
Amicalement

Feuilly a dit…

"La transcendance du site est ponctuation du silence."

Ces sites où affleure l’histoire ont toujours en effet quelque chose de transcendant. Sans doute parce que c’est là que les dieux sont intervenus pour modifier le sens de nos destinées. Du moins le voyons-nous comme cela. Si telle bataille avait été perdue plutôt que gagnée, si tel partage territorial s’était fait autrement, au hasard des successions, et le cours du monde aurait été différent. C’est cela, je crois, que nous touchons du doigt en ces lieux qui réclament le silence.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Feuilly : ajoutez à cela l'infinité de lectures, d'interprétations qu'offrent les signes de ces lieux (où tout est signe). Nous sommes comme face au sens.
Amicalement

amel a dit…

Oui, cher Jalel, une unité du Maghreb est d'autant plus nécessaire quand on se retourne sur les vestiges que nous ont légués ces rois numides...
Nous vous suivons dans votre itinéraire.
Amitiés.
Je vous signale l'étude de Adnan Zmerli, mon oncle, sur "Hannibal, Massinissa, Jugurtha et les autres ...",aux éditions Déméter.

Jalel El Gharbi a dit…

@ Je connais le travail de votre oncle, chère Amel et je l'apprécie.
Amicalement