Françoise Lalande
Van Gogh : 1853-1890. Rimbaud : 1854-1891. Un poème que voici :
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Van Gogh : 1853-1890. Rimbaud : 1854-1891. Un poème que voici :
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure !
-Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
De ce poème se dégage une impression de bonheur diffus. Et le poème se permet des enjambements audacieux. C’est dans cette taverne de Charleroi que Françoise Lalande, corrigeant une erreur de la vie, fait se rencontrer Van Gogh et Rimbaud. Ils avaient tout pour fraterniser. Tout les rapprochait sauf la vie. Ils avaient les mêmes yeux bleus et la même barbe rousse et les mêmes soifs de soleil et d’images. Tous deux avaient le cœur gros.
Ils sont nés et sont morts à une année d’écart.
Un lien invisible semble relier les deux destinées. Les parentés du génie et du Nord appelé par le Sud.
Les deux hommes parlaient français avec accent, ils rêvaient de Paris, tous deux moururent mutilés. A Londres, ils sont dans le même quartier mais ils ne se rencontreront pas. A leur mort, ils avaient chacun 37 ans et les stigmates de l’incompréhension.
Toujours au Nord. Une poétesse, Françoise Lalande, née quasiment à la lisière des Ardennes. Elle écrit dans le pays de Van Gogh au village de Waterlandkerkje (petite église du pays de l’eau). Comme Rimbaud et comme Van Gogh elle est requise par les images. Elle aussi, elle vient du Nord
Evoquant les deux hommes, Françoise Lalande se portraiture un peu dans ce beau livre ou tout au moins elle ne parle pas d’étrangers. Voici un extrait de ce livre consacré aux deux génies du Nord :
Le bonheur aussi
Mystérieux lorsqu’il déboule sur l’artiste comme une soudaine avalanche, quand le poète trouve la musique étonnante, et se relit, un instant émerveillé par lui-même, le bonheur, bref comme un spasme, avant de renouer pour longtemps avec l’inquiétude, le doute, et même le dégoût, le bonheur aussi, quand le peintre a lardé la toile de coups de couleurs, comme s’il l’avait lardée de couteau ou de baisers furieux, et qu’il recule pour embrasser d’un seul regard ce qu’il vient de créer, avant de retrouver les voix méchantes et les critiques aveugles.
Françoise Lalande : « Ils venaient du Nord » ouvrage traduit en arabe par Jalel El Hakmaoui. Editions Marsam( Maroc)
De ce poème se dégage une impression de bonheur diffus. Et le poème se permet des enjambements audacieux. C’est dans cette taverne de Charleroi que Françoise Lalande, corrigeant une erreur de la vie, fait se rencontrer Van Gogh et Rimbaud. Ils avaient tout pour fraterniser. Tout les rapprochait sauf la vie. Ils avaient les mêmes yeux bleus et la même barbe rousse et les mêmes soifs de soleil et d’images. Tous deux avaient le cœur gros.
Ils sont nés et sont morts à une année d’écart.
Un lien invisible semble relier les deux destinées. Les parentés du génie et du Nord appelé par le Sud.
Les deux hommes parlaient français avec accent, ils rêvaient de Paris, tous deux moururent mutilés. A Londres, ils sont dans le même quartier mais ils ne se rencontreront pas. A leur mort, ils avaient chacun 37 ans et les stigmates de l’incompréhension.
Toujours au Nord. Une poétesse, Françoise Lalande, née quasiment à la lisière des Ardennes. Elle écrit dans le pays de Van Gogh au village de Waterlandkerkje (petite église du pays de l’eau). Comme Rimbaud et comme Van Gogh elle est requise par les images. Elle aussi, elle vient du Nord
Evoquant les deux hommes, Françoise Lalande se portraiture un peu dans ce beau livre ou tout au moins elle ne parle pas d’étrangers. Voici un extrait de ce livre consacré aux deux génies du Nord :
Le bonheur aussi
Mystérieux lorsqu’il déboule sur l’artiste comme une soudaine avalanche, quand le poète trouve la musique étonnante, et se relit, un instant émerveillé par lui-même, le bonheur, bref comme un spasme, avant de renouer pour longtemps avec l’inquiétude, le doute, et même le dégoût, le bonheur aussi, quand le peintre a lardé la toile de coups de couleurs, comme s’il l’avait lardée de couteau ou de baisers furieux, et qu’il recule pour embrasser d’un seul regard ce qu’il vient de créer, avant de retrouver les voix méchantes et les critiques aveugles.
Françoise Lalande : « Ils venaient du Nord » ouvrage traduit en arabe par Jalel El Hakmaoui. Editions Marsam( Maroc)