mardi 22 décembre 2009

مظفر النواب:Mothafer Al Nawab (Irak)




Départ
Oh solitude lugubre des chemins
Pas une bonne nouvelle ne vient d’Irak
Pas un commensal pour enivrer la longue nuit
Les années sont passées sans signification aucune
Oh ma perte
Il tempête dans le désert et le guide s’est perdu
Il ne me reste plus pour compagnon de caravane que mon ombre
Et j’ai peur qu’elle ne me quitte.
Même s’il n’en reste que très peu
Etait-il juste que se prolonge ainsi mon voyage matinal
Et que tu t’éloignes oh pays envolé
Comme si l’impossible était ma destination
La peine m’a insufflé tous ses poisons
J’ai alors levé les yeux vers le ciel avec vigueur
Et malgré le poison je lui ai peint
Avec mon tronc une ombre bienfaisante
Le temps essaie de redoubler la dose
Du désespoir que j’ai pu ingérer
Et en faire de l’espoir
Je redouble de patience
Je vois déjà la victoire des gens
Bien que la visibilité soit pénible
Et fatigué et sans espoir
J’entends mes cris
Dans les rues surtout place de la libération
A ta santé Irak (Traduction Jalel El Gharbi)


رحيل


يا وحشـةَ الطرقات

لا خبر يجيء من العراق

ولا نديم يُسكر الليل الطويل

مضـت السنين بدون معنى

يا ضياعي

تعصف الصحراء وقد ضل الدليل

لم يبق لي من صحب قافلتي سوى ظلي

وأخشى أن يفارقني

وإن بقي القليل

هل كان عدلٌ أن يطول بي السُّرى

وتظلُّ تنأى أيها الوطن الرحيل كأن قصدي المستحيل

نفثت بي الأحزان كل سمومها

فرفعت رأسي للسماء صلابة

ورسمت رغم السم

من عودي لها ظلاً ظليل

وتحاول الأيام مما جرعتني اليأس

ثم هضمته أملا

ًتضاعف جرعتي

فأضاعف الصبر الجميل

إني أرى يوم انتصار الناس

رغم صعوبة الرؤيا

وأسمع من هتافي في الشوارع

سيما في ساحة التحرير

نخبك يا عراق

كليل و ليس ذي أمل

12 commentaires:

giulio a dit…

Splendide et poignant comme le sort du poète dont la seule destination possible est, justement, l'impossible.

Oui,

Pleure ô poète ton pays bien-aimé!

Ah, sur combien de pays,
Sur combien de peuples,
Sur combien de poètes sans pays
Et de pays privés de poètes
Ne faudrait-il pas pleurer?
.

Jalel El Gharbi a dit…

Oui, cher Giulio, tu le dis très bien. Il y a surtout des raisons pour pleurer.
Amicalement

christiane a dit…

Ce désir tendu vers l'impossible... la guerre, bien sûr, tant de massacres dont le mimétisme rythme avec absurdité. Mais l'écart se joue plus intimement entre le soi et l'ombre, entre ce monde rêvé et sa trahison que l'on dit réalité. Où chercher l'offrande de la lumière si ce n'est dans le noir de l'encre ? là, plus rien ne nous sépare de notre âme. Ecouter notre propre origine et ses pays de neige bienfaisante. Silence, source d'eau vive, effleurer toute chose loin du chaos des hommes. C'est un temps de rois mages, ceux du poème d'Eliot, autre caravane... à l'étoile... chemin de solitude...
J'aime le chant secret de cette plainte de Mothafer Al Nawab.
Alors, pour laisser toute chose inachevée, un pétale d'un poème que vous aimez, Jalel, de votre poète d'ombre amie :
"Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais...."

Jalel El Gharbi a dit…

@ Christiane ; "rois mages", "caravane", Eliot, la passante : vous êtes bien dans la sphère du poète; une sphère faite de cheminement, de distance, d'exil et de lumière dans "le noir de l'encre".
Joyeux Noël

christiane a dit…

Joyeux.... disons rayonnant et numide Noël à vous et à tous nos amis...

giulio a dit…

Tiens, tiens, chère Christiane, fallait-y penser, à celle là... Jeu de mots sympa que ce Noël qui chez nous se contentera d'être humide.

Dire que selon l'archéobotanique, la Numidie (pratiquement tout le Maghreb excepté îlots/comptoirs/cités puniques) était au temps de la "grande" Carthage, à cette époque de l'année, bien plus humide que nos jours.

Je thésaurise vos mots: "... entre le soi et l'ombre, entre ce monde rêvé et sa trahison que l'on dit réalité, où chercher l'offrande de la lumière si ce n'est dans le noir de l'encre ?"

Bonnes fêtes à vous, à Jalel et à tous les amis de son "jardin"

christiane a dit…

Giulio,
vous êtes le Champollion de mes hiéroglyphes ! Cette nuit-là est étrangeté, spectacle du ciel visible...

Jalel El Gharbi a dit…

Chers amis, pour l'instant je suis en humidie.
Amicalement

giulio a dit…

@ Christiane:

grâce à vous qui êtes
ma pierre de Rosette
et aux amis qui, tels Jalel,
me comblent et comblent quels-unes de mes abyssales lacunes

La petite librairie des champs a dit…

Pour vous Jalel et tous les amis en poésie, ce petit texte écrit en pensant à notre fragilité et à notre force aussi:

...et le coq chante...
...le camp gitan s'éveille...
...les talons claquent dans la clinique...
...et chantent le coq et espérance violente...
Qui finira ce poème
quels mots
quelle joie
quelle peine?

Jalel El Gharbi a dit…

Merci chère Sylvie. Puisse votre poème demeurer inachevé i.e à compléter indéfiniment
Joyeuse fête

christiane a dit…

Comme c'est étrange l'empreinte des mots de Sylvie, comme des pas sur la neige dont on ne sait où ils conduisaient...
mais ils n'ont pas été laissés au hasard du calendrier. Nuit de Noël. Campement gitan. Hôpital. Coqs de l'aube.
Alors je pense à la naissance d'un petit être fragile, un venu, dont ne sait où, apporter de la tendresse et de la lumière au milieu d'une nuit des sans domiciles fixes. J'entends de la joie, des chants, une guitare. J'entends des talons qui claquent et des mains qui frappent aux étoiles. J'entends la paille froissée par les sabots des bonnes bêtes. J'entends la vie plus forte que toutes les nuits.
Racontez-nous, Sylvie, ce songe de lumière de neige que hèlent les coqs de l'aube.
Joyeux Noël à tous