mardi 15 juin 2010

Exil



Exil : Oeuvre de Victor Hugo.

Cela fait longtemps qu'il écrit. Il n'a jamais cherché à publier. Il vient de rompre ce silence à quoi il s'est toujours astreint. Il s'agit de Mokhtar El Amraoui.

Merci de vos commentaires

Exil

Dans tes yeux
Mon enfant
J’ai lu l’exil
Toi qui es né
Loin du pays
Tes cheveux ont la couleur de l’olive
A laquelle nous n’avons plus
Le droit de toucher
Dans l’éclat de tes dents serrées
Mon enfant
Je regarde
Des milliers d’étoiles calcinées
Nos terres volées
Nos maisons bombardées
Des bouquets de poings
Tombant sous les orangers
Dans le mercure de tes larmes
Mon enfant
J’ai lu l’exil
L’exil d’un peuple
Mokhtar El Amraoui

15 commentaires:

Feuilly a dit…

L'exil, la terre volée, la terre bombardée, ensanglantée. Voilà des thèmes chers à Darwich, qui aurait pu avoir écrit ces vers.
Ici, l'exil se lit dans les yeux d'un enfant. Quel sera son avenir s'il a perdu sa terre? De quelle terre sera-t-il s'il n'a jamais vécu dans celle de ses ancêtres? Voilà le véritable exil: être de nulle part. N'être pas, en quelque sorte. Voilà ce que le poète lit dans les yeux de l'enfant, supposé incarner l'avenir.

christiane a dit…

Un enfant... Souvent tout miser sur un enfant, et la vie et la mort, et peser dans ses pleurs l'absurdité des guerres.
Ce qui me fait rugir de colère : mettre es armes dans les mains des enfants, en faire des enfants-soldats ou transformer les tendres mères en ceintures d'explosifs.
Un enfant devrait, dans toutes les terres de ce monde s'éblouir du vol d'un papillon, goûter la saveur des olives et des fruits mûrs, se lover sur le sein de sa mère en écoutant des berceuses et ne connaître des murs que ceux qui tiennent les toits des maisons ou les murettes des jardins.
Rien ne ressemble plus à un enfant qu'un autre enfant, une mère qu'une autre mère et un guerrier à ... un autre guerrier...

giulio a dit…

Poésie bouleversante, cher Jalel, poésie d'exil! Mais l'exil n'est-il pas en soi père et mère d'une poésie sans fin?

À part ça, qui est Mokhtar El Amraoui? Il n’y a rien sur le net. Est-il palestinien ? Est-il kurde comme les deux Al Hamdani ? Salah, à qui l’apparente

«L’exilé se couche seul
entre les lignes de l’histoire ...»

ou bien Abu Firas, à qui l’apparente

«… Je te souhaite, ô ma petite fille,
Beaucoup de patience face aux grands drames…»

Ou bien palestinien comme Mahmoud Darwich, à qui l’apparente

«- Qui habitera notre maison après nous, père ?
- Elle restera telle que nous l’avons laissée mon enfant.»

Sans doute pas italien comme Ugo Foscolo, à qui l’apparente

«... Tu non altro che il canto avrai del figlio,
o materna mia terra; a noi prescrisse
il fato illacrimata sepoltura.»

Quand tu auras achevé ton anthologie de la poésie carcérale, tu pourras toujours commencer celle, encore plus vaste de la poésie d’exil.
.

Anonyme a dit…

@ Christiane : oui, chère Christiane mais à ceci près qu'il y a loin entre un guerrier armé jusqu'aux dents et un autre qui n'a que ses bras.
Votre passage m'a fait plaisir. Merci
@ Oui, cher Giulio. L'exil est toujours émouvant parce que , métaphoriquement, il nous implique tous, même si nous n'avons pas connu l'exil. L'exil est figuration de la distance qui nous sépare de nous-même, de nos racines, de nos aspirations.
Pour ce qui est de Mokhtar El Amraoui, il est Tunisien, il est professeur de français à Bizerte. Il a beaucoup écrit et presque jamais publié.
Amicalement
Jalel El Gharbi

Anonyme a dit…

Cher Feuilly ;bien vu, ce texte est influencé par Darwich. Je crois que Giulio l'a perçu également.
Amicalement
Jalel El Gharbi

amel a dit…

Oui, certains qui ont connu l'exil ou connaissent l'exil ont fait de la poésie leur seule unique patrie, "dans le mercure des larmes". Très beau poème et comme Giulio, je n'ai rien trouvé sur la toile.
Amitiés à toutes et à tous.

christiane a dit…

Je pensais, cher Jalel, à certains pays d'Afrique subsaharienne et aux enfants-soldats, qui, là-bas ont perdu leur enfance à jamais. Je pensais à tous ceux, si nombreux, qui tremblent dans la zone d'attente de Roissy, rêvant d'une terre d'accueil pour consoler leur enfance brisée par la guerre et la violence.
Je pensais à ce chant bouleversant : "la chacone" écrit par l'homme qui sait qu'il ne reviendra pas au pays, près de la femme tendrement aimée et de l'enfant qu'il ne verra pas grandir... "Adieu ma mie, adieu mon coeur, adieu mon espérance...".
L'exil évoqué ici est cette peau de chagrin entre présent et souvenir. C'est infiniment beau et pudique et les amis qui se sont exprimés ici, l'ont fait avec les mots justes... Merci d'être vous, poète et solidaire.

Anonyme a dit…

@ Amel : peut-être que si l'exil n'était pas habitable, les choses seraient plus supportables.
@ Christiane : Je comprends ma chère amie.
Jalel El Gharbi

mohamed ali a dit…

Pas à pas, je marche vers toi.
Pas à pas, tu t’éloignes de moi.
Pas à pas, nous avançons, toi et moi,
Comme deux lignes parallèles,
Comme Lady Liberty et la Tour Eiffel,
Comme la terre et le ciel.

Anonyme a dit…

@ Mohamed-Ali; Merci Si Mohamed.

mohamed ali a dit…

"@ Mohamed-Ali; Merci Si Mohamed."

C'est mon grand plaisir. Très bonne soirée.

Anonyme a dit…

Je vous remercie tous pour ce que vous avez dit à propos de mon poème "Exil"qui a été généreusement hébergé par ce grand coeur qu'est le poète Jalel El Gharbi ,puisque je suis encore SBF(Sans Blog Fixe).Par une extraordinaire magie poétique, j'ai l'impression de vous avoir tous toujours connus.Comme la poésie rapproche les êtres!Pour vous manifester ma gratitude, j'ai "concocté"ce petit poème:

Nous relierons
Patiemment nos veines
Et de nos sangs mélangés,
Sortiront des couleurs
Jusque-là inconnues
Et tous unis,
Nous leur donnerons
De nouveaux noms
Sur les rythmes des battements
D’un même cœur.
Mokhtar El Amraoui

giulio a dit…

Voilà un poème, cher Mokhtar, des vers, des mots, qui font chaud au coeur et qui, à défaut de pouvoir encore donner un sens à l'hymne européen déjà pris par l'ode à la joie de Schiller, devraient constituer la base de l'hymne fraternel méditerranéen!

Utopique? Bien sûr.

Et quelle avancée humaine notable ne fut-elle pas un jour utopie?
.

Anonyme a dit…

Très cher Giulio, j'adhère entièrement à cette essentielle et nécessaire utopie et je baptise le projet MEDUTOPIA.En voici un autre hymne que je viens d'écrire.
Quand verrai-je luire
Dans ces yeux blêmes
Les feux de la vie ?
Quand verrai-je sortir
De la nuit noire
Un chant pacifique de victoire ?
Quand verrai-je
Se pointer à l’horizon
Les poings du futur
Et l’espoir noyer les haines et les mépris?
Quand verrai-je passer
Le défilé
Beau
Gai
Et puissant de la liberté
En Méditerranée ?
Quand écouterai-je
La musique de la fraternité
Vibrer sur les cordes chaudes du soleil
Sous les petits doigts
Aux couleurs de l’arc-en-ciel
Des enfants ?

Vraiment, vous êtes tous superbes
et je me sens moins seul qu'avant.
Je remercierai toujours M.Jalel El Gharbi grâce auquel je vous ai connus.

Mokhtar El Amraoui

Mokhtar El Amraoui a dit…

J'aime toujours retourner à cette page car elle signe ma première rentrée sur la toile. Merci,cher poète Jalel de m'y avoir invité.