samedi 22 janvier 2011

Jamais révolution n'aura autant pensé à un poète أبو القاسم الشابي

يا ابــــــــن أمــــــــــــي

خلقت طليقا كطيف النّسيم وحرّاكنورالضّحى في سماه
تغرّد كالطيرأين اندفعت وتشدوبما شاء وحي الإلــه
وتمرح بين ورود الصباح وتنعم بالنور أنّـــــى تــــــراه
وتمشي كما شئت بين المروج وتقطف وردالربى في ربـــاه
كذلك صاغك الله ياابن الوجود وألقتك في الكون هذي الحياة
فمالك ترضى بذلّ القيود وتحنـــــــي لمن كبلوك الجبـــاه
وتسكت في النفس صوت الحياة القوي إذاماتغنى صـــــــداه
وتطبق أجفانك النيّرات عن الفجر والفجرعذب ضيــــــــــاه
وتقنع بالعيش بين الكهوف فأين النشيد وأين الايـــــــــــاه
أتخشى نشيد السماء الجميل أترهب نورالفضا في ضحــاه
ألا انهض وسرفي سبيل الحياة فمن نام لم تنتظره الحياة
ولاتخش مما وراء التلاع فما ثمّ إلا الضحى في صبــــاه
وإلا ربيع الوجود الغرير يطــــرّز بالورد ضافــــي رداه
وإلا أريج الزهور الصباح ورقص الأشعّة بين الميــاه
وإلا حمام المروج الأنيق يغرّد منطلقا في غنــــــــاه
إلى النّور، فالنورعذب جميل إلى النور،فالنورظل الإله

Mon semblable


Chebbi (1909- 1934) Traduction Jalel El Gharbi

Tu es né pour être libre comme l’ombre du zéphyr
Libre comme lumière céleste dans le jour
Pour fredonner comme un oiseau où que tu ailles
Pour déclamer ce que le Ciel t’a inspiré
Pour t’évader parmi les roses du matin
Pour jouir de la clarté où qu’elle soit
Pour marcher, comme tu l’entends, dans les prairies
Pour cueillir des fleurs sur les coteaux fleuris
Dieu t’a conçu ainsi ô cher enfant de l’existence
Ainsi la vie t’a-t-elle jeté dans l’univers
Pourquoi acceptes-tu les chaînes qui avilissent ?
Pourquoi plies-tu l’échine
Devant les tyrans qui enchaînent ?
Pourquoi étouffes-tu la puissance de ton cri
Quand l’écho en résonne ?
Pourquoi fermes-tu les paupières devant l’aube
Alors que sa lueur est douce ?
Pourquoi te contentes-tu de vivre dans les cavernes ?
Où sont tes chants, tes élans ?
Craindrais-tu le bel hymne du ciel ?
Redouterais-tu la lumière en plein jour ?
Allons lève-toi et marche vers demain
La vie n’attend jamais celui-là qui s’endort
Ne crains pas ce qu’il y a par delà des collines
Il n’y a rien d’autre que le jour grandissant
Et le jeune printemps
Brodant de fleurs son ample pèlerine
Rien que des senteurs florales
Des rayons miroitant à la surface de l’eau
Et les pigeons roucoulant des prairies
Dans l’élan de leur chant
À la lumière si douce et belle !
À la lumière, cette ombre du Ciel !






11 commentaires:

gmc a dit…

un brin opportuniste, mais très agréable, jalel.
y aurait-il un chebbi ou un darwish dans jalel el gharbi pour écrire les vers brûlants de la révolution du jasmin?

amichel a dit…

Embrasement du jasmin

La flamme du jasmin
a forgé
la houe de justice
pour arracher les mauvaises herbes
à jeter au vent mauvais
les fleurs de la vie
ont retrouvé leurs parfums
le cœur incendié du jasmin
a libéré un volcan de révolte
hommage à toi
homme de douleur
interdit de bonheur et d'espoir
hommage à toi
qui a initié
les noces de jasmin
de l'amour et la vie violentés
hommage à toi
phénix de la renaissance
force du jasmin piétinée
printemps des sources vivifiantes
hommage à toi
Mohamed Bouazizi

Halagu a dit…

Je me suis permis de citer quelques vers de ce poème, le 20 janvier en commentaire sur le site "Débatunisie"
c'était un plaisir d'évoquer ce merveilleux poème révolutionnaire et faire référence à votre travail de traduction.

Mahdia a dit…

Si la Tunisie m'était contée autrement que ne se la transmettent ici d'un seul souffle, d'un seul amour, d'une seule larme El Chebbi et El Gharbi, j'aurais démenti la version, j'aurais cassé les mots qui l'auraient défigurée, et j'aurais parié qu'elle ne peut être que ce que le poète -père et le poète-fils sauront un jour nous la dire, traduire et la semer merveilleusement, comme la vie qui revient à qui venait de perdre la vie, dans nos cœurs.
Mais, c'est la Tunisie qui enfanta tous ceux qui la disent avec gloire, et le poète comme ce qui fait chanter le poète est son fruit le plus excellent.
Pleurer aujourd'hui de bonheur la Tunisie, à travers ce chant heureux de la liberté, de l'insoumission et du rêve à portée de la main comme a su le cueillir ce peuple du poète -démiurge, est le moindre des bonheurs qu'on puisse lui offrir, pour oublier un moment, sans jamais réellement oublier, les souffrances qu'on lui a affligées.

Feuilly a dit…

Si je puis me permettre une mise en garde et me montrer moins optimiste que certains:

http://www.voltairenet.org/article168223.html

gmc a dit…

tenez, jalel, ça peut vous intéresser, une vision autre que ce que l'on entend à droite ou à gauche:

http://www.voltairenet.org/article168223.html

Philippe a dit…

Les fragrances de ce merveilleux poème sont venues jusqu'à mon vieux bureau. Elles portaient tous les espoirs d'une Tunisie Nouvelle que vous serez fier d'enseigner à votre belle jeunesse... Enfin libre!
amitiés

giulio a dit…

@ gmc : très bien trouvé. Je le cite dans un prochain article.

christiane a dit…

Dans un reportage ce soir (filmé à Tunis sur A.2), des librairies mettant en vitrine des livres hier interdits, des lycéens parlant avec leurs profs de cette liberté nouvelle. Il se passe en Tunisie des choses inouïes, hier inimaginables et, quelles que soient les menaces si bien ciblées dans les liens ci-dessus, ce sont des jours graves et inoubliables.

Mahdia a dit…

Abattez, détruisez les cages, libérez tous les oiseaux de la paix. Dieu vous le rendra grandement Monsieur El Gharbi!
Abou El Kacem El Chebbi, par la prédiction sise dans ses nom et prénom et par le symbole que nous nous devons de maintenir solidement ici et à travers cette poésie étonnamment moderne, a juré par la verdeur de cette jeunesse de redonner vie aux rêves fredonnés à travers ses vers par cette jeunesse.
Puisse Dieu protéger la jeunesse tunisienne et lui conférer la sagesse et la bravoure de ses aïeuls

giulio a dit…

Tenez bon, amis de Tunisie! Vous ne luttez plus seulement pour vous, mais vous êtes dès à présent le flambeau qui éclaire la Méditerranée du Maghreb au Machrek et même à l'Europe où les autocrates albanais se mettent à trembler.