samedi 12 mai 2012

Arab song _ ‎ صباح فخري - قل للمليحة في الخمار الأسود


Rien ne vous sauvera du désir ai-je pensé en écoutant cette chanson où l'on voit que trop de foi tue la foi.
Le dernier vers est censuré dans toutes les versions que j'ai pu consulter. Rien ne vous sauvera de l'oecuménisme !

Demandez à la belle drapée dans son voile noir
Ce qu’elle a  fait d’un ascète tout à sa piété
Il avait retroussé ses manches pour prier
Lorsqu’elle lui est apparue devant la porte de la mosquée
Lorsqu’elle a fait  apparition du côté de la porte du Couchant
Gloire à Dieu, gloire à Dieu
O vous qui vous prosternez devant Dieu
Implorant et suppliant le Sauveur
Vous qui priez pour que dans l’au-delà il intercède en votre faveur
Demandez à la belle drapée dans son voile noir
Ce qu’elle a fait d’un ascète tout à ses prières
Elle l’a soustrait à ses certitudes et à sa foi 
Et elle l’a abandonné à son inquiétude
Tout à son égarement
Rendez-lui ses prières et son jeûne 
Ne le tuez pas par le prophète Mohamed
Rendez-lui ses prières et à son jeûne
Ne le tuez pas par Jésus et par Mahomet

Traduction de Jalel El Gharbi

8 commentaires:

Halagu a dit…

Encore une qui porte en elle le péché originel. Décidément ça nous poursuit...!
Très beau texte. Qui en est l'auteur?
Merci Jalel

Jalel El Gharbi a dit…

Halagu, c'est un poème de Rabiaa Ibn Ameur dit Meskine Adrami, ascète et poète. Il l'a écrit pour un marchand de voiles qui se plaignait d'une grande mévente.
Toutes les femmes qui entendirent ce poème s'achetèrent un voile

Djawhar a dit…

Eblouissant!
Le texte déjà de l’ascète est d’une douceur bouleversante. Sabah Fakhri avec sa voix éclatante l’a sublimé. Je ne pense pas que quelqu’un l’a chanté ou le chantera mieux que lui.
Merci, cher ami, et pour l’élégance dans vos choix de textes et pour votre traduction dont j’ai l’impression que c’est elle que Sabah Fakhri chante . Je n’arrive pas à démêler le texte arabe du texte français. Magnifique !

giulio a dit…

Libération originelle en fait !

Mais épée à double tranchant, chers amis.

Halagu a dit…

La précision concernant l'auteur et les circonstances de l'écriture de ce poème est passionnante... ''Toutes les femmes qui entendirent ce poème s'achetèrent un voile''. Ce dernier a été, donc, perçu comme un moyen efficace de séduction des hommes pieux. Cela me fait penser aux sirènes de Kafka qui sont devenues plus redoutables en étouffant leur chant. Il disait: ''les Sirènes possèdent une arme plus terrible encore que leur chant, et c'est leur silence. Il est peut-être concevable, quoique cela ne soit pas arrivé, que quelqu'un ait pu échapper à leur chant, mais sûrement pas à leur silence.''(Le silence des sirènes, 1918)...Est-ce kafkaïen?
Y a-t-il une analogie possible avec une situation contemporaine?

Jalel El Gharbi a dit…

Halagu, c'est plutôt un pied de nez à l'actualité. Une façon de dire à ces puritains que rien ne les sauvera de la séduction/
Amitiés

Anonyme a dit…

(Alexandra-S ) :

La Belle drapée dans son voile noir est l'équivalent de la Vierge Noire honorée jusqu'en Occident. Ses sanctuaires (églises) sont le plus souvent bâtis sur d'anciens temples voués à Vénus... Ainsi, rien ne sauvera les puritains de la séduction.

Jalel El Gharbi a dit…

Oui, chère Alexandra, rien ne les sauvera de la séduction. Il y va du salut de tous.
Vous avez raison de penser à la Vierge Noire, la référence à Jésus à la fin du texte le corrobore
Amitiés