jeudi 31 mai 2012

تميم البرغوثي - في القدس


Voulant me rendre auprès de mon amour, j’en fus dissuadé
Par les lois des ennemis et par leur mur
Alors je me suis dit c’est peut-être une bénédiction
Car que peut-on voir à Jérusalem
Quand du sentier on en aperçoit les maisons
On ne voit que l’insoutenable
Et il n’est pas dit que rencontrer son amour
Soit toujours un bonheur ni que toute distance soit néfaste
Si l’on est heureux de retrouver son amour alors qu’on doit se dire adieu
C’est son bonheur même qu’on devrait redouter
Quand on a vu l’antique Jérusalem une seule fois
Où que l’on regarde, c’est elle qu’on aperçoit

Il y a à Jérusalem un marchand de légumes de Géorgie
Las de son épouse, il pense à ses vacances ou à repeindre la maison
Il y a à Jérusalem un homme de Manhattan Uptown
Qui enseigne à de jeunes Polonais les préceptes de la Torah
Il y a à Jérusalem un policier éthiopien interdisant l’accès au souk
Une mitrailleuse sur l’épaule d’un colon de moins de vingt ans
Un chapeau qui s’incline devant le mur des lamentations
Des touristes français blonds qui ne voient absolument rien de Jérusalem
Se contentant de se prendre en photo avec une femme qui toute la journée vend des radis sur la place
A Jérusalem les soldats marchent avec leurs bottes sur les nuages
A Jérusalem nous avons prié à même l’asphalte
A Jérusalem, il y a tout le monde excepté Toi... (Traduction Jalel El Gharbi)

9 commentaires:

olfa a dit…

très beau poème , il ya de tout à Jérusalem,sauf ces vrais habitants!

Halagu a dit…

Beau poème, en effet. Mais j'admire particulièrement la traduction remarquable de Jalel. C'est un vrai travail d'orfèvre. Les traductions de Jalel me confortent dans l'idée que la poésie ne peut être traduite que par un poète. Il crée la rencontre entre deux langues, mais surtout, il transmet la sensibilité et l'esthétique de l’œuvre traduite... Et pour transmettre, il faut d'abord porter l’œuvre, la ressentir.
On cite souvent la phrase culte de David Bellos :« Traduire, ce n'est pas fabriquer un clone. La traduction doit ressembler à l'original comme un fils ­ressemble à son père, voilà tout. » Les traductions de jalel sont dans cette logique.

giulio a dit…

Ce poème - je veux dire cette traduction, car comme jugerais-je de l'original - est tellement prenant, qu'on y pénètre de plain pied et de tout son être en buvant la tristesse résignée du poète. Bravo Jalel !

Jalel El Gharbi a dit…

Merci Olfa, Halagu et Giulio
Amitiés

Djawhar a dit…

Oui, "A Jérusalem, il y a tout le monde excepté Toi..."

Excellente traduction surtout, et merci Halagu et Giulio de vous en rendre compte, vous qui n’êtes pas arabophones. Je vous dis cela parce que, moi qui le suis, qui a fait des études approfondies en littérature arabe, je mesure à quel point cette traduction est juste et à quel degré elle est limpide. Je pense qu’il faut être Jalel El Gharbi pour dire exemplairement, dans d’autres langues, la littérature arabe.

Anonyme a dit…

أوووووووووووووووووووف!!! ليس لدي ما
أقوله
أكثر من رائع

Hédi Dhoukar a dit…

Merci pour ce poème somptueux. Dommage que sa traduction soit incomplète — elle est tellement ardue, il est vrai—, mais sa chute mérite d'être résumée. Je m'y risque pour les non arabophones :

Tournant le dos à Jérusalem à bord d'un taxi jaune, pendant qu' un coucher du soleil pétrit la ville de ses couleurs, des larmes coulent des yeux du poète quand un sourire vint s'y mêler et lui dit : "Es-tu bête, ne pleure pas. Ne pleure pas toi l'exilé du livre, ô Arabe, … Il y a à Jérusalem tout ce qu'il y a, mais moi, je ne vois que toi.

Jalel El Gharbi a dit…

Merci Si Hédi.
Amicalement

Anonyme a dit…

beau et poignant, pour une non initiée aussi !
as