His face, a blank mask
one you know from the street
leaning over a fat garbage bag
its black throat tightly tied.
Pushing your cart among the plastic bottles
at the supermarket, you see yourself
loosening the bag, quietly and quickly
untying yourself from your life.
..............................
Le Sans-Abri
Son visage, un masque vide
de ceux que tu vois dans la rue
penché sur un sac poubelle gras
le col noir étroitement serré
En poussant ton chariot au supermarché
parmi les bouteilles en plastique, tu te vois
desserrant le sac, tranquillement et rapidement
te détacher de ta vie.
2012. Traduction, Françoise Parouty
5 commentaires:
"Habitué à vivre sans clés, je passe la nouvelle année. De quoi d'autre dois-je encore me dessaisir ?"
Anonyme japonais
Le hasard des lectures est curieux, je viens de lire un article qui s’étale sur deux page entières du ''Matin de Genève'' de ce Dimanche, consacré au ''problème'' des mendiants en Suisse. Le titre annonce la couleur :'' les gains de la mendicité suscitent la polémique en suisse romande''. Les suisses trouvent, en effet, insupportable le fait que les mendiants s'assurent un gain très élevé. ''Ils gagnent facilement, précise l'article, entre 10 et 20 francs par jour ! Et ce n'est pas tout, on dénombre actuellement environ 50 mendiants à Lausanne et 80 à Genève !''... C'est une véritable invasion, on peut imaginer aisément le désordre que peut causer un quart de mendiant par rue. Quelle horreur !
Dois-je rappeler qu'une baguette de pain de 250g, coûte au minimum 2,50F, que le PIB suisse par habitant est supérieur à 73.000 dollars US ( Tunisie : environ 8000) , que le salaire minimum est supérieur à 3600F et que le taux de chômage avoisine les 3%.
''Ils'' sont ''Habitués à vivre sans clés'' (jolie formule) et ignorés au point qu'un ministre de la santé français recommandait, au cours de l'hiver dernier, aux sans abris « de ne pas sortir de chez eux » !
Le poète pénètre par effraction notre carapace et appuie là ou ça fait mal.
Je reconnais, à travers la simplicité des mots de Sanford Fraser, la profondeur inouïe des images qu’aucune traduction ne sait aplatir. Ce poème me met en face de mon visage dans le miroir de moi-même.
J’aime la traduction de Françoise Parouty, mais je garde plutôt la marque du pluriel dans le titre car nous sommes tous, quelque part, des "homeless men". Je pense que tout le sens est dans le sens de "men". Fraser ne voudrait-il pas , en dépassant le stade de la sensibilisation, que nous nous revêtions, le temps de méditer notre malheureuse condition d’Homme, de ces / nos "masques vides" pour que, peut-être, nous (nous) échappions un jour au supplice de les voir devenir nos propres visages ?
A méditer…
En janvier 2010, le nombre de SDF a atteint à New York 39 256 ; en octobre 2011, le total des enfants recensés sans - abris s'élève à 17 000, dans une ville considérée comme le troisième Etat le plus riche des USA et la 20e puissance économique mondiale, au même rang que la Suisse.
A Moscou, à peu près 30 000 recensés en 2011.
"Les sans-abris sont de plus en plus nombreux à habiter les rues de Grèce. Ils seraient 20 000 en tout : 25 % de plus qu'il y a deux ans. ", sous-titre "JOL PRESS" du 29/11/2011.
A Bombay , ils dépassent aujourd’hui les 8 millions, plus de la moitié de la population de cette mégapole.
Dans le monde arabe, personne ne veut les compter ni les leurs, ni les autres parce qu’on ne veut pas s’en occuper. On n'en fait même pas un problème , et pour leurs Etats, ils sont invisibles.
En Egypte,par exemple, ils habitent les égouts, les cimetières, sous les ponts… et la majorité sont des enfants.
Je rectifie: " Et la majorité d'entre eux sont des enfants".
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