mercredi 30 avril 2014

A propos d' Al Ghriba

Photo Radio Mosaïque fm
Le nom de la plus illustre des synagogues Al Ghriba de Djerba, dont le pèlerinage coincide avec la fête du  ל"ג בעומר n'est pas à traduire par "solitaire", ni par "étrange" et encore moins par "étrangère". En arabe, le mot Gharib est d'une étonnante polysémie. La racine du mot غ ر ب, GRB signifie également "inouïe", "extraordinaire", "dont on n'a jamais entendu parler", c'est-à-dire un autre nom du sublime, du merveilleux.
Mais à la réflexion, ces traductions ne s'excluent qu'en apparence, puisque le propre du beau est d'être inouï, de comporter une part d'étrangeté, d'extranéité.  



4 commentaires:

Jawhar a dit…

En arabe غ ر ب c’est aussi "l’or" et "l’argent", le contenu et le contenant de ce qui enivre , "le vin" et sa "tasse"

Le texte, "Le lotos" de Kateb Yacine raconte l’histoire impressionnante de cette Ghriba qu’il assimile à son Nedjma , certainement pour son étrangeté et son origine inconnue. Voici ce qu’il en écrit : "La Synagogue a deux mille ans. C’était à l’origine un boudoir de païenne ; les rabbins encyclopédiques ayant tout recueilli, depuis les tables de la Loi jusqu’aux textes obscurs qu’ils réimpriment eux-mêmes pour des disciples triés sur le volet, composent un chœur sagace et catégorique (…) C’était une jeune fille sans foi ni loi réfugiée dans l’île avant l’ère chrétienne. Au temps de la captivité de Babylone, proscrits et pourchassés, les Juifs de l’ile, légèrement déviationnistes, l’avaient trouvée dans une hutte de branchages, dit-on, tout près de leur campement, la Hara d’aujourd’hui. La jeune fille mourut dans sa hutte et dans son mystère, sans jamais révéler sa religion ni ses origines ; les fugitifs de Babylone, dit-on, émus du sort de cette étrangère (ils ne l’appelaient plus qu’ainsi) l’honorèrent d’un temple, marquant l’emplacement de la future synagogue, celle où nous nous trouvions réunis, et ces oiseaux, dit-on, colombes et hirondelles, ont toujours niché au sommet du temple et, peut-être en leurs mémoires aériennes, ont-ils gardé le culte –oiseaux et rabbins- du tombeau fleuri des temps originels et chaque année, le trente-troisième jour après la fête de Pâques, les Juifs d’Afrique du Nord, du Proche-Orient et même de plus loin, venaient ici en pèlerinage…"
Kateb a aussi écrit : "Djerba, l’île de l’étrangère".

Halagu a dit…

Nouvelle révoltante:
"L'Institut supérieur des Beaux Arts de Tunis a été la cible d'une opération de vandalisme dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2014.
Des statues et des représentations artistiques qui ornaient l'institut ont été aspergées de goudron et défigurées.''

giulio a dit…

Apprentis Talibans ?

Et dire que c'est à ce genre de sauvages iconoclastes que Nahda doit sa majorité (relative) à l'ANC !

À moins que ce ne soit l'acte d'un cinglé isolé... c'est déjà arrivé ailleurs et... on peut toujours rêver.

Jalel El Gharbi a dit…

chers amis, je pense que c'est l'oeuvre d'un de ces délinquants qui sont venus grossir les rangs des salafistes. Les travaux des étudiants n'ont pas été très abîmés et la police ne manquera pas de mettre la main sur ces débiles